11/02/2016 – 05h00 Brest (Breizh-info.com) – Le conseil départemental du Finistère – à majorité PS – a récemment été au coeur d’une polémique sur l’accueil des mineurs isolés étrangers en Finistère. « L’humanisme » du Département aurait en effet transformé ce dernier en terre promise pour les réseaux d’immigration clandestine. Les conseillers départementaux de droite n’en décolèrent pas, et notamment Didier Guillon, maire d’Esquibien (29), qui avait été à l’époque traité de populiste et de démagogue par les membres du PS alors qu’il s’interrogeait sur cette politique d’immigration départementale.
Il répond à nos questions.
Breizh-info.com : Le conseil départemental du Finistère, dirigé par le Parti socialiste, a récemment dû reconnaître qu’il n’avait aucune visibilité sur le dossier des mineurs isolés étrangers. Que se passe-t-il au sein du Département à ce sujet ?
Didier Guillon : La répartition nationale des mineurs isolés étrangers, résulte d’un accord de solidarité entre les départements. Alors que le Finistère devait en accueillir 50 par an, nous sommes arrivés à 155 mineurs. Pour un coût de 3.4 millions d’euros en année pleine. Cette répartition pose question : la continuité territoriale coûte 10 millions d’euros par an au département du Finistère. Que je sache, aucun département de France ne s’est jamais proposé pour partager cette charge.
Breizh-info.com : Que fait la droite pour s’opposer aux décisions des conseillers départementaux PS ? Vous sentez-vous écoutés ?
Didier Guillon : L’opposition est méprisée et la majorité se charge régulièrement de lui rappeler qu’elle ne compte pas. Un exemple : une réunion des maires a eu lieu courant janvier pour les informer des mesures d’économies que le conseil départemental allait prendre, alors même que la séance plénière chargée de prendre ces décisions ne se réunissait que les 29 et 30 janvier !
Une façon de signifier à l’opposition que son avis n’a aucun intérêt.
A ma connaissance ce genre de pratiques n’a pas cours dans les autres départements bretons (ni ailleurs me semble-t-il), que la majorité soit de droite ou de gauche.
Ceci étant, nous participons à toutes les commissions et argumentons toujours nos positions. Nous travaillons nos dossiers en profondeur, afin de bien connaître les différentes missions du département afin d’être, le moment venu, en capacité, d’en assumer la gestion, à la faveur d’une prochaine élection.
Breizh-info.com : la question des budgets votés semble particulièrement sensible. Comment expliquez-vous aux contribuables du Finistère la baisse des subventions aux assistantes maternelles, ou aux travaux d’entretien de voirie, et dans le même temps, la hausse en faveur des mineurs isolés étrangers, ou la reconduction des aides aux associations dites « artistiques » ?
Didier Guillon : Il s’agit des choix de la majorité qui ne sont pas les nôtres.
Nous avons, lors de la dernière séance plénière, proposé de multiples sources d’économie, mais celles-ci ne semblent pas être du goût de la majorité qui a préféré augmenter les impôts de 6%, au lieu de faire des efforts sur de nombreuses dépenses pourtant non prioritaires, tout en sacrifiant une part de la nécessaire solidarité du département avec les communes, notamment mes plus petites et les plus fragiles d’entre elles.
Un exemple : pourquoi l’aide à la voirie communale a été supprimée, alors que dans le même temps, la subvention pour le funiculaire de Brest a été maintenue dans sa totalité ?
Breizh-info.com : Ces associations qui touchent des subventions de la part des collectivités rendent-elles des comptes sur leurs activités et sur la gestion de ces deniers publics ? N’est-ce pas anormal que la collectivité ne contrôle pas plus cela ?
Didier Guillon : Nous réclamons régulièrement les justificatifs de ces dépenses. On nous promet généralement de nous les faire suivre…
Breizh-info.com : A voir les liens qui unissent certains responsables associatifs brestois notamment avec les personnalités politiques du PS en Finistère, n’y aurait-t-il pas là quelques copinages ?
Didier Guillon : Je ne me permettrais pas d’affirmer cela, même si certaines subventions posent question…
Breizh-info.com : Pourquoi la presse régionale subventionnée ne s’en fait-elle pas, selon vous, l’écho, alors que ce système est connu, public, et accessible à tout journaliste qui souhaiterait enquêter là dessus ?
Didier Guillon : Sur ce point, également, je préfère garder pour moi ma position sur ce sujet.
Breizh-info.com : A force de ne pas se faire entendre, la droite ne risque-t-elle pas de subir de cuisants revers électoraux dans les années qui suivent ? Ne risque-t-elle pas d’être victime d’une sorte de langue de bois ou d’une omerta que d’autres formations politiques, le FN notamment, n’ont pas ?
Didier Guillon : Nous dénonçons fermement et régulièrement, ce qui ne nous semble pas aller dans le bon sens. Le fait que ces prises de position soient ou ne soient pas relayées, ne changent rien à notre engagement. Lors des campagnes électorales, nous affirmons clairement nos positions et expliquons aux électeurs nos divergences avec la majorité socialiste.
Nous continuerons à le faire.
Propos recueillis par Yann Vallerie
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