02/02/2016 – 05h00 Brest (Breizh-info.com) – Ce mardi 2 février à partir de 13h30, se tiendra le procès du couvoir St François au Tribunal correctionnel de Brest. Ce procès fait suite à la diffusion d’images choquantes par l’association L214 en novembre 2014. On y voyait des poussins broyés ou étouffés par centaines dans des sacs poubelle, dans les locaux de l’entreprise, à Saint-Hernin (à côté de Carhaix).
L’association L214 avait alors porté plainte pour cruauté envers les animaux et remis une pétition de plus de 120 000 signataires au ministre de l’Agriculture pour demander l’interdiction de la mise à mort des poussins dans les couvoirs. Cette revendication a été appuyée par 45 députés et sénateurs qui ont adressé des questions écrites au ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll.
Pour Sébastien Arsac, porte-parole de L214 : « Ce procès relève du débat d’intérêt général. Des millions de poussins sont broyés vivants chaque année au premier jour de leur vie et traités comme de simples déchets. Un tel mépris des animaux ne s’accorde pas avec la reconnaissance du caractère sensible des animaux. Nous espérons que la justice sera au rendez-vous ! »
Suite à l’enquête préliminaire, de nombreuses infractions et délits sont reprochés au couvoir par le procureur de la République (Destruction volontaire et sans nécessité d’animal domestique, mauvais traitement envers un animal, exploitation d’un établissement du secteur des sous-produits animaux non agréé, exploitation d’une installation classée pour la protection de l’environnement sans autorisation, non remise au service d’équarrissage de sous-produits animaux, traitement de cadavres d’animaux non autorisé, gestion irrégulière de déchets ).
L214 s’est constituée partie civile.
Les images diffusées par L214 ont été fournies par un employé qui a voulu témoigner. Ce témoignage est confirmé par les nombreuses auditions d’autres employés entendus dans le cadre de l’enquête préliminaire ainsi que par des documents obtenus lors d’une perquisition conduite dans les locaux du couvoir. Concernant l’étouffement des poussins dans des sacs poubelle, un procès verbal tiré du dossier pénal indique :
« sur l’ensemble des factures fournies par le couvoir Saint François pour l’année 2014, concernant la vente de poussins morts nous obtenons les informations suivantes :
103 sacs de 500 poussins morts, donc étouffés, ont été vendus soit 51 500 poussins.
Suivant les déclarations obtenues lors des auditions, il y a aurait également des sacs de poussins donnés. Nous ne pouvons les quantifier. »
Par ailleurs, très souvent, les poussins n’étaient pas directement broyés par un dispositif légal mais directement aspirés vivants par une vis sans fin. Ainsi un employé déclare : « théoriquement ça [les poussins] passe dans l’euthanasieur, mais là sur la vidéo ça passe directement dans la vis, comme la plupart du temps d’ailleurs. »
Un procès verbal indique : « en conclusion, il est établi que le broyeur ne répond pas aux exigences réglementaires en matière de protection animale. L’utilisation directe de cette machine, sans avoir tué les poussins au préalable, entraîne une souffrance animale certaine. »
Lorsque le « buzz » s’était déclenché, en 2014 les responsables de l’entreprise , H. C et D. G avaient dénoncé « de la calomnie » et une « manipulation » de l’association L214 : « Cette vidéo n’a pas été tournée en caméra cachée mais a répondu à une mise en scène précise, opérée à charge par des individus extérieurs ou non à l’entreprise. On voit par exemple une personne faire tournoyer un poussin avec sa main. Ce sont les acteurs de cette vidéo qui martyrisent les animaux. Ce ne sont pas des pratiques de l’entreprise qui est en conformité et qui répond normalement aux audits extérieurs indépendants menés notamment par les services vétérinaires. »
Poules pondeuses et poulets de chair actuels sont issus d’une sélection génétique de l’industrie visant soit le meilleur taux de ponte, soit la croissance musculaire la plus rapide. Aussi, les deux espèces sont très différenciées et les poussins mâles de race « pondeuse », non rentables, sont systématiquement tués – quel que soit le mode d’élevage, plein air et bio compris. En France, 7 couvoirs ont fait éclore 54 millions de poulettes en 2013. Environ autant de poussins mâles ont été tués le premier jour de leur vie.
Une partie des poussins « de chair » sont également triés selon leur sexe et tués dans les couvoirs suivant les demandes des élevages, tout comme les poussins jugés non conformes ou invendus.
Suite à la diffusion par L214 des images de mise à mort des poussins dans ce couvoir du Finistère, le ministère de l’agriculture annonçait une nouvelle stratégie visant à « faire évoluer les pratiques de « mise à mort des animaux en dehors des abattoirs » et « la question de la mise à mort des poussins dans les couvoirs, ainsi que ses alternatives” ».
En décembre 2015, l’association L214 a publié de nouvelles vidéos, concernant cette fois-ci le calvaire subi par les canards destinés à la production de foie-gras.
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