18/01/2016 – 06h30 Rennes (Breizh-info.com) – Après le coup de menton de Manuel Valls ( « la Corse n’est pas une zone de non droit ! L’État y est présent et je m’y engage, l’État ne reculera jamais ») Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, a éprouvé le besoin de calmer le jeu : « l’État doit incarner et faire respecter l’unité de la République, tout en prenant en compte la riche singularité de votre île » (Le Figaro, 31 décembre 2015).
Il paraît qu’à Paris, les propos de Manuel Valls n »ont pas fait l’unanimité, y compris dans l’entourage de François Hollande : « Pourquoi provoquer ? Les Corses ça se manie avec précaution. Il faut savoir leur parler, flatter leur histoire … » commentait un habitué de l’Elysée (Le Monde, 1er janvier 2016).
L’arrivée des nationalistes à la tête de la collectivité territoriale de Corse (CTC), avec Gilles Siméoni comme président du conseil exécutif, le gouvernement de l’île, et Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse, a fait couler beaucoup d’encre et de salive. De tous les articles consacrés à la question, celui publié par Le Figaro magazine (30 décembre 2015) semble un des plus intéressant grâce à sa projection de la future collectivité unique, prévue début 2018.
« Redoutable négociateur, Jean-Guy Talamoni, qui assume la présidence très tribunicienne de l’Assemblée de Corse, devrait continuer d’entonner régulièrement ses refrains revendicatifs. Mais il s’agit d’une répartition des rôles avec Gilles Simeoni, qui sera de facto, le vrai patron de l’île. Avec des défis consistants à relever. Car, s’il veut obtenir quelques mesures symboliques – notamment sur la langue – le président de l’exécutif doit d’abord faire ses preuves. A lui de montrer que les nationalistes peuvent piloter sans sectarisme une collectivité dotée d’un budget de 650 millions d’euros et de pouvoirs élargis, que ce soit sur les transports, l’économie, la culturel ou le nouveau plan d’aménagement du territoire, adopté en octobre. Dénonçant de longue date le clientélisme et le clanisme qui rongent l’île, M. Simeoni a promis, lors de son investiture, « de la transparence et de l’équité, dans tous les actes de la vie publique : accès à l’emploi public, marchés publics, subventions » . A voir !
De plus, il doit s’atteler à préparer la fusion programmée début 2018, de la Région et des départements de Corse-du-Sud et de Haute-Corse. Une expérience inédite en France et un chantier à hauts risques. Gilles Simeoni devra piloter ce dossier avec doigté. Il ne peut pas se mettre à dos en même temps les fonctionnaires territoriaux, les syndicats corses tout-puissants, les milieux économiques tournés vers le continent, les élus locaux, et le gouvernement. D’autant que l’Etat et la Région ont signé en novembre un contrat de plan pour la période 2015-2020 qui doit mobiliser à parité plus de 200 millions d’euros.
Réputé pragmatique, Simeoni devrait donc procéder par étapes. « L’indépendance de la Corse n’est pas à l’ordre du jour » a-t-il répété. Sa priorité : rassurer et gérer au mieux la période de transition jusqu’aux élections de la future collectivité territoriale unique, prévues début 2018. S’il en sort vainqueur avec une majorité plus large, il aura alors les coudées franches pour tenter de négocier avec l’Etat l’autonomie qu’il souhaite pour la Corse : compétences complémentaires, pouvoir législatif et fiscal, et inscription de la spécificité corse dans la Constitution.»
La fusion de la CTC avec les deux départements devrait donner des idées à Le Drian. Une collectivité unique (Région Bretagne, même à quatre départements) gagnerait en consistance et faciliterait les choses dans les futurs combats pour l’obtention de la réunification. Tant qu’il fait figure de ministre tout puissant, Le Drian peut obtenir de son copain Hollande des « faveurs » auxquelles il ne faudra plus songer après l’élection présidentielle de 2017. Avec une collectivité unique, les maires de Brest et de Rennes, par exemple, seraient mieux « encadrés ».
Difficile pour eux de continuer à jouer la carte de « l’ouest » avec le camarade Ayrault …
Bernard Morvan
Photo : DR
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Une réponse à “Collectivité unique de Corse. Et si Le Drian faisait avancer les choses en Bretagne ?”
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