12/01/2016 – 17h30 Nantes (Breizh-info.com) – Ce vendredi 8 janvier, un jeune homme retrouvé avec un portable volé et de la drogue passait en comparution immédiate. Officiellement SDF – il s’est bien gardé de donner une adresse, bien qu’en apparence, il ne couche pas dehors – et inconnu de la justice, même si son identité réelle semble difficile à vérifier, il était accusé d’avoir fait un vol par effraction à Nantes le 4 décembre et d’avoir détenu de la drogue – en l’occurrence une dosette de cocaïne emballée qu’il a jeté à l’approche des policiers.
Aymen B. déclare être né en Algérie. En France depuis 2014, il ne parle néanmoins pas un mot de français, et un traducteur est présent à ses côtés près du box où l’encadrent deux gendarmes. Sans situation ni travail connu, il passe ses journées à traîner place du Commerce, avec d’autres jeunes hommes en très grande majorité issus d’une immigration récente depuis le Maghreb, l’Afrique noire ou les pays de l’Est.
Son avocat plaide « l’agacement » du jeune homme, qui l’aurait conduit à voler. La partie civile lève les yeux au ciel, ainsi que plusieurs personnes dans l’assistance. D’une voix douce, persuasive, l’avocat d’Aymen B. continue à plaider une obligation de soins plutôt qu’une peine de prison : « la personnalité [du prévenu] dans ce dossier émerge au-dessus des actes (…) Vous avez devant vous quelqu’un qui exprime sa souffrance ». En volant et en détenant de la cocaïne.
Il n’y aura pas de peine de prison. Ni d’obligation de soins. Le tribunal le juge coupable et le condamne à six mois de sursis simple, sans suivi socio-judiciaire ni d’autres obligations. Il ressort donc libre de l’audience. Le prévenu se marre, puis lance en arabe aux juges, nullement impressionné, qu’il remercie le tribunal. Et sort, toujours en riant. Il y a de quoi : il est clandestin en France et une OQTF (obligation de quitter le territoire français) attend d’être exécutée à son encontre. Sous une autre identité – il en change au gré des contrôles de police à Commerce, modifiant là son âge, ici son nom.
Et comme le système français est bien fait – d’ailleurs le monde entier nous l’envie – la Préfecture ne sera pas avisée de son cas, afin qu’il soit enfin expulsé. « Il peut être interpellé en ville par la police et par la suite expulsé, alors qu’il est ressorti libre d’ici. C’est dingue », souffle un habitué du tribunal. « Et c’est encore plus dingue de reconnaître, que malgré le très fort maillage administratif français qui permet logiquement un suivi optimal de chacun, nous ne savons pas du tout qui il est. C’est un fantôme, et il est loin d’être le seul dans ce cas », conclut-il.
Photo : DR
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Une réponse à “Nantes. Sursis pour un clandestin en possesion de cocaïne et d’un PC volé”
une réforme de fond en comble de la justice s’impose d’urgence,