12/01/2016 – 08h30 Londres (Breizh-info.com) – Les amateurs de rock et de pop sont un peu orphelins depuis ce 11 janvier. En fait, tous les amateurs d’art. David Bowie, icône depuis des décennies, est mort des suites d’un cancer dans la nuit de dimanche à lundi, à New York où il vivait depuis plusieurs années… La mort de David Robert Jones – David Bowie n’étant qu’un nom de scène en hommage à Jim Bowie, trappeur américain connu pour son long couteau et pour se distinguer de Dave Jones le chanteur des Monkees – confirmée rapidement, les médias surtout français n’ont pu s’empêcher de sortir un nombre de poncifs tant artistiques que sexuels, bien entendu pour nous faire avaler leur soupe politiquement correcte.
Si effectivement David Bowie avait indiqué dans une interview dans les années 1970 être bisexuel, il avait précisé au début des années 2000 que ça ne concernait que lui et qu’en aucun cas il ne voulait être un porte-drapeau ou porte-parole d’une quelconque communauté sexuelle.
Ensuite, son ambiguïté et son androgynéité marquaient surtout une volonté somme toute artistocratique de se différencier du monde gris qu’était déjà la Grande-Bretagne des années 1960 et 1970. Idem pour les grands personnages que furent Ziggy Stardust et Aladin Sane (avec le jeu de mots « A lad insane » : un mec fou en référence à la schizophrénie de son frère) : cette explosion de couleurs et de vêtements où se mêlent les paillettes, le théâtre Nô et les formes graphiques proches du Bauhaus montrent une sorte d’effervescence baroque là encore contre la grisaille bourgeoise du capitalisme et de l’orthodoxie d’un certain rock n’roll. Ces codes marquent aussi l’avènement des étudiants en Arts plastiques au cœur du rock et de la pop d’outre-Manche. Et ces codes esthétiques empêchent nullement d’avoir une passion exclusive pour la gent féminine, indiquant au contraire une certaine continuité dans le raffinement civilisationnel…
Ensuite, si Bowie a consacré une partie de son œuvre au funk et à la soul, on ne peut le réduire comme nombre de « journalistes » à la musique noire américaine. Bowie dépassait même le rock et la pop pour les sublimer et ce dès les années 1970 par l’expressionnisme allemand, le cabaret allemand et la musique contemporaine, développant un art total où lui-même et ses différents avatars étaient le concept artistique, bien au-delà des chansons. Bowie restait pleinement européen même lorsqu’il alla à New York après la « mort » de Ziggy Stardust, à tel point qu’il produisit trois de ses chefs d’oeuvre lors de la fameuse période berlinoise de 1977 à 1979, s’imprégnant de l’ambiance crépusculaire d’un Berlin coupé en deux, symbole d’une Europe occupée par les deux blocs…
Mais surtout, à part en filigrane Libération, peu de médias sont revenus sur les déclarations d’un Bowie période Thin White Duke, complètement accro à la cocaïne et qui citait comme référence Alesteir Crowley, mage ô combien sulfureux. Ainsi en 1976, Bowie se permit d’affirmer : « Un jour, je ferai de la politique car je veux être Premier ministre. Je suis un partisan du fascisme : notre unique chance de nous sortir de ce libéralisme répugnant c’est l’extrême-droite, tyrannique et dictatoriale. Les rock stars sont fascistes, et Hitler était l’une des premières. Ce n’était pas un politicien, mais un grand artiste moderne. Il a utilisé la politique et le théâtre pour créer cette chose qui allait gouverner et contrôler le spectacle pendant ces années-là : il a mis en scène un pays » ou « Hitler était une meilleure rock star que Mick Jagger. » Déclarations, sorties en même temps que celles d’Eric Clapton peu amènes avec les immigrés et vantant Enoch Powell, qui choquèrent tellement les gauchistes britanniques qu’ils créèrent la structure Rock against fascism, sorte de modèle du Scalp et de Ras l’Front…
Ces déclarations sur Hitler marquent surtout une fascination pour le contrôle des masses et le scandale – Bowie ayant épousé au début des années 1990 la mannequin africain Iman – et choquent des « journalistes » croyant que le rock est obligatoirment comme eux. Ces derniers ne peuvent donc pas comprendre un Bryan Ferry de Roxy Music, quintessence de l’aristocrate anglais aux opinions très conservatrices… Bowie, bien que d’origine populaire, était lui aussi un aristocrate anglais, ce qui exlique qu’il n’avait pas de problème pour élever la musique populaire avec ses références avant-gardistes.
Si l’on doit garder des albums dans sa très riche discographie, les années 1970 de « Space Oddity » à « Scary Monsters » sont le meilleur résumé de son œuvre où Bowie a montré toute la palette de son génie et a tout dit…
Quant au dernier, « Blackstar », sorti vendredi dernier date de son soixante-neuvième anniversaire, il démontre que Bowie avait gardé tout son génie et voulait une fois de plus dérouter son public, avec des musiciens issus du jazz. Mais surtout c’est une œuvre testamentaire qui montre que Bowie ne voulait pas s’arrêter de créer malgré le cancer. Sorte d’allégorie de la permanence malgré et au-delà de la mort, ce qu’est le génie créatif européen et ce que nous souhaitons pour l’Europe. Bien loin de toute nostalgie incapacitante. En somme où le mot tradition prend tout son sens selon Dominique Venner : « La tradition ce n’est pas le passé, mais ce qui ne passe pas »
A retenir que Bowie fut un acteur tout aussi prolifique mais on ne pourra retenir que trois films : « L’homme qui venait d’ailleurs », « Furyo » et « Les Prédateurs »…
Arnaud Naudin
Photo : DR
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5 réponses à “David Bowie : un génie créatif européen a rejoint Mars”
Étant donné sa religion et ses mœurs, il doit être dans un endroit très chaud.
Non mais la foi… Et si l’Enfer était à -50 ?
Bowie est en tout cas le seul chanteur à avoir fait une prière chrétienne à Wembley durant le concert en hommage à Freddie Mercury (Farroukh Bulsara, le zoroastre, qui n’a jamais milité sur sa sexualité ou ses origines, se revendiquant d’ailleurs grand patriotee britannique, qui sait que son pays lui avait sauvé la vie).
Assez drôle d’ailleurs que le duo de ses deux artistes très, très cynique ait donné Under Pressure, chanson très humaniste (et monument pop). La rencontre de deux égocentrés donnant sans doute son contraire.
Bravo à Breizh Info de titrer sur Bowie. On passe des sujets les plus trash sur le migrants, les tracteurs à NDDL, aux articles de haut vol.
En Angleterre surtout, c’était une immense star, surement la plus respectée, dans le monde entier aussi. Il combinait culture de masse et création élitique, avant garde, chorégraphie, design … Un des artistes qu’on va retenir au 20ième siècle. Il fut fan de Jacques Brel qui a refusé de le rencontrer après un spectacle au motif « qu’il était PD ».
En France, les médias subventionnés éduquent avec Michel Drucker et Patrick Sébastien. Ouest France coupé du monde s’enfonce toujours plus; Le Monde suit le chemin. La dernière cérémonie avec Johnny et François Hollande fige l’état des lieux.
Trash des migrants ? Les tracteurs de NDDL ? Et Bowie de haut vol ? Quelle pose périmée, digne des années 80…
Je respecte énormément Bowie et aime beaucoup de ses chansons, mais de là à le voir à l’avant-garde ou élitiqe… C’est un immense artiste pop, qui sentait l’air du temps dans l’immédiat, ce qui n’est pas donné à tout le monde, mais pas en avance. Il s’est d’ailleurs fourvoyé avec la factory de Wharol, qui l’a récupéré. À l’époque où c’était la norme. Et puis ses looks, désolé, mais où est son influence ? À part pour les fans de kitsch (il troquera d’ailleurs pour le classicisme). Ses chorégraphies ? Son jeu d’acteur ? Je ne pense pas qu’il marquera quoi que ce soit.
Bowie a eu une grande vie mais il reste un chanteur de rock. Lui-même devait bien s’amuser d’être pris pour une idole, ayant lui-même ses propres idoles. Sa sortie sur Hitler et Jagger cité par l’article (qui fait bien de rappeler cet épisode effectivement passé sous silence) remet d’ailleurs les choses en place. Mais les tracteurs de NDDL ont bien plus de noblesse (différent de l’aristocratie) que le trash rock roll. Et les migrants changeront beaucoup plus le monde.
Bowie était un homme de milieu modeste, qui a séduit le monde (occidental) par sa culture, son travail, son audace, son ambition. Respect à lui. Paix à son âme.
Mais à un moment, il faut se calmer avec les idoles adolescentes.
Au mieux peut-on y voir la mort d’une génération, qui, à force de vouloir se laisser subjuguer par des idoles, ne laisse pas grand chose de plus que la nostalgie et a passé son temps à tétaniser les suivantes, estimant qu’elle avait tout fait, alors qu’elle ne se rendait pas compte qu’on lui donnait sa dose de soma.
Très beau papier !