09/01/2016 – 19h15 Nantes (Breizh-info.com) – Bien que la manifestation ait été avancée d’une semaine – elle était prévue le 16 janvier et a été décalée à ce samedi 9, les opposants à l’aéroport ont réussi leur mobilisation. Près de 20.000 personnes – 7200 « au moins » selon la police- , 450 tracteurs et 1000 vélos ont convergé vers la porte de Bouguenais du périphérique de Nantes, dans une ambiance très bon enfant. Près de 70 tracteurs bloquent toujours le pont de Cheviré côté sud-Loire en attendant que François Hollande prenne officiellement position sur le dossier de l’aéroport.
Les paysans sont venus en tracteur de tous les coins de la Loire-Atlantique, mais aussi du Morbihan, de l’Ille-et-Vilaine, du haut-Anjou, des Mauges et même de Vendée. Les manifestants venaient aussi pour la plupart de Nantes et la Loire-Atlantique, mais des Toulousains, Bordelais, Lyonnais battaient aussi le pavé. Dans le tramway 3 qui relie Commerce à Neustrie, les manifestants étaient très nombreux, avec bannières et drapeaux. « On a vaincu le projet de centrale nucléaire [du Carnet, près de Paimboeuf], on repoussera le projet d’aéroport », clamait, déterminée, une manifestante.
Jean-Luc, qui est venu en tracteur depuis Bourgneuf-en-Retz, à la limite avec la Vendée, se montrait lui aussi résolu : « on veut l’abandon immédiat des poursuites aux fins d’expulsion et du projet. S’ils insistent, s’ils continuent, on reviendra encore et encore ». Pour lui, le combat contre l’aéroport est « avant tout un combat paysan, mais tout n’est pas à jeter dans ce que proposent les zadistes : nous avons de la surface disponible, c’est une bonne façon de lutter contre le chômage et la précarité que de mettre dessus des gens qui veulent travailler la terre. Et cela préserve un maillage économique, écologique et paysan vital ».
Une quinzaine de tracteurs est venue du seul pays de Beaupréau – des communes aux portes de Bretagne. « l’asphyxie financière que Vinci essaie d’imposer pour pousser les paysans à partir, avec leurs assignations à 200 € d’amende par infraction et par jour, saisie des cheptels etc. est inadmissible. Mais nous sommes en France et nous, paysans, on ne se laissera pas faire. » Venu de Saint-Colomban , Michel estime que « cette manifestation est la preuve de notre capacité de mobilisation : en quelques heures, si besoin, on peut faire converger des centaines de tracteurs là où il y en aura besoin. C’est un test, à la fois pour le pouvoir et pour nous ». Il estime que le projet d’aéroport est une « aberration économique et écologique. On dit tout le temps que l’argent manque, eh bien d’accord. Trouve-t-on qu’il y a assez de professeurs dans les écoles, assez d’infirmières dans les hopitaux, que les routes sont assez entretenues, pour éprouver le besoin vital de dépenser tant d’argent dans un aéroport nouveau ? »
Jean-Pierre Ragot est, lui, venu de Congar (56), avec d’autres paysans morbihannais. Il n’est dans la lutte anti-aéroport que depuis 2014. « Je suis venu avant tout pour faire respecter l’esprit de la COP 21; Ils ont fait tout un tintouin et finalement c’est du pipeau, alors ça va comme ça. Il y a bien assez d’aéroports en Bretagne pour devoir encore en rajouter un autre. » Un de ses camarades, Mathieu, venu de Monteneuf, ajoute : « je défends la terre, source de la vie. Vinci, avec ses réclamations, perd complètement la raison. Je reviendrai jusqu’à ce que le projet soit abandonné et que Notre-Dame des Landes devienne, pour l’avenir, un laboratoire de résistance à un monde qui se place de plus en plus en dehors de l’Humanité ».
Au pied de l’échangeur de la porte de Bouguenais, un orateur de l’ACIPA clame vers 13 h 20 « nous nous sommes habitués à vivre sereinement depuis des années cette situation instable, à tenir nos fermes et nos maisons comme si le projet d’aéroport n’existait pas ». Il estime que le pouvoir cherche à diviser la lutte : « expulser les occupants historiques permet de communiquer habilement sur la longueur des délais qu’ils ont eu, faire le buzz sur l’argent qu’ils vont toucher. Ces gens là ne seraient pas maltraités. C’est un coup de génie même : nous nous attendions à des CRS qui mettraient nos vaches dehors, et ils voudraient que les historiques partent d’eux mêmes à cause de la pression des exigences financières de Vinci ». Et pourtant, « l’utilité publique du projet est bien entamée » et « les porteurs du projet savent leur cause perdue sur le fond du dossier », affirme l’orateur, qu’écoutent des milliers de manifestants massés sur l’échangeur et jusque sur le pont de Cheviré, couvert de tracteurs et noir de monde.
L’ACIPA expose ses exigences : « nous ferons tout pour que le projet d’aéroport ne puisse se faire. Nous demandons l’arrêt de toutes les procédures d’expulsion tant que tous les recours ne seront pas épuisés. ». dans son communiqué, l’association paysanne ajoute » Nous avons fait la démonstration de notre force collective, capable de définir et de tenir ensemble des formes de lutte innovantes, dans une ambiance conviviale et militante : une tracto-vélo-piétons sur le périphérique nantais. Nous avons affirmé la cohésion d’un mouvement riche de sa diversité, déterminé à ne rien lâcher pour sauver les terres de la Zad et tous ceux qui les font vivre ».
Cet après-midi, vers 15h30, les manifestants commencent à se disperser. Pas tous : près de 80 tracteurs restent sur place. Il s’agit d’une initiative du collectif paysan COPAIN. Dans son communiqué, celui-ci précise : « Nous sommes tous ici aujourd’hui sur le périphérique nantais pour demander à François hollande de faire arrêter impérativement la procédure de référé d’expulsion des habitants et paysans historiques. Nous exigeons un engagement ferme. Nous restons donc sur le pont de cheviré. M.Hollande, nous vous attendons ». A 18 heures, ils n’avaient pas encore obtenu de réponse à leur appel.
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