Tandis que les Turcs assiégeaient Constantinople, les dignitaires du christianisme débattaient du sexe des anges. Après tout, la défense des principes éternels importe plus que les vicissitudes du moment. Même pas peur ! Cela dit, le débat s’est éteint avec le massacre de ses protagonistes quand les Ottomans ont pris la ville ; ils l’occupent depuis près de 563 ans.
Les dignitaires du socialisme débattent aujourd’hui de déchéance de nationalité pour les terroristes définitivement condamnés. Mais c’est comme si l’on voulait couper les couilles aux anges avant d’avoir déterminé qu’ils en ont. Pour déchoir les terroristes de quoi que ce soit, il faudrait déjà qu’ils n’aient pas été déchiquetés par leurs ceintures d’explosifs ou par les balles du RAID. Les Kouachi, Coulibaly et autres Merah n’en ont plus rien à faire de leur nationalité. D’ailleurs, qu’importe leur nationalité pour des gens qui aspirent à mourir au nom d’Allah ? Il n’y a pas de passeport au royaume des cieux !
Le législateur n’entend sans doute pas entrer dans un débat théologique. Mais sur le plan pratique, quelle serait l’exemplarité de la peine ? Quand on repère un islamiste potentiel de nationalité française, on lui interdit de quitter le territoire pour l’empêcher d’aller faire le djihad. Et d’un seul coup, virage à 180°, on l’obligerait à partir djihader ailleurs ? Et puis, nos terroristes ont bien intégré la logique sans frontière de l’espace Schengen. Qu’ils soient Belges ou porteurs de faux passeports syriens ne les empêche pas de commettre des attentats en France.
La logique des adversaires de la déchéance de nationalité ne paraît pas moins étrange. La plupart d’entre eux se diraient internationalistes – sûrement pas nationalistes, en tout cas. Une nationalité n’est à leurs yeux qu’une commodité. On peut en avoir deux à la fois, obtenir celle de l’endroit où l’on se trouve en naissant, en changer plusieurs fois au cours de sa vie. En revanche, ils s’indignent qu’un Corse parle de nation corse, parce que là, nation signifie quelque chose, le mot parle de sang, d’histoire et de territoire. Un passeport n’est pour eux qu’un chiffon de papier et ils s’indigneraient qu’on en fasse des confettis ?
Certains évoquent à présent un possible aménagement, une sorte de motion nègre-blanc autour d’une peine d’indignité nationale applicable à tous. Ce débat devient franchement minable, on passe du sexe des anges à l’enculage des mouches. (À moins que l’enjeu véritable soit ailleurs. L’offensive menée par Martine Aubry et Jean-Marc Ayrault tous deux laminés par des élections régionales qui se sont jouées sans eux, l’une naufrageuse d’un PS éliminé de son conseil régional, l’autre privé de « perchoir » à l’Assemblée nationale, fait songer à une coalition d’aigris qui aurait décidé de déverser sa bile sur François Hollande sous un prétexte moral. On serait plutôt dans la déchéance de majorité.)
Puisqu’on veut en finir avec les terroristes sans vouloir leur retirer leur passeport, il y aurait bien une solution pour mettre tout le monde d’accord : rétablir la peine de mort pour les terroristes. Afin de trancher le débat, qu’on leur coupe la tête : c’est là qu’est le mal.
Erwan Floc’h
Photo : DR
Breizh-info.com, 2016, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.
Une réponse à “Déchéance de rationalité : terrorisme et sexe des anges [tribune libre]”
La phrase de conclusion de cette tribune libre est claire , nette et limpide.