Jean-Guy Talamoni, Gilles Simeoni, Christian Troadec ont beau clamer sur tous les toits qu’ils sont Corses ou Bretons avant tout, ils n’en demeurent pas moins de parfaits élèves du système républicain français. À l’occasion des élections régionales, on avait vu en Bretagne, un maire de Carhaix obsédé par le Front national et l’extrême droite, ennemi public numéro un selon lui.
Son alliance électorale avec la très gauchiste UDB, Union démocratique bretonne, lui a fait totalement perdre de vue qu’à la base, le succès des Bonnets rouges et de la « révolte régionaliste » en Bretagne, venait plutôt de sa droite… « La Bretagne est une terre d’accueil, une terre de mélange, une terre d’humanisme, une terre ouverte », voilà la rhétorique habituelle entendue chez les autonomistes, qui paraissent parfois vouloir être plus « républicains que les républicains », comme pour donner des gages au pouvoir en place : « Nous sommes autonomistes, mais dans le fond, nous pensons comme vous sur tout sauf sur la carte géographique et administrative » pourrait très bien dire le maire de Carhaix à n’importe quel responsable du PS. Il en est de même en Corse.
Quelques semaines après l’élection territoriale de Corse, quelques jours après la révolte populaire suite à l’agression de pompiers à Ajaccio, l’attitude des deux principaux dirigeants nationalistes à la tête de la Corse, Jean-Guy Talamoni, et Gilles Simeoni, en dit long sur leur parfaite assimilation au sein de la « patrie des droits de l’homme ».
Ainsi M. Talamoni s’est-il répandu sur les plateaux télévisions et radios, pour expliquer à qui voulait l’entendre, que les gens qui avaient manifesté à Ajaccio contre les exactions d’un groupe de racailles, étaient en réalité des électeurs du Front national, que le nationalisme corse n’avait rien à voir avec les « arabi fora » (« arabes dehors ») et autres slogans entendus durant le week-end (tout en précisant que les « i francisi fora, les Français dehors, n’étaient pas faits dans le même contexte politique à l’époque comme si certaines causes permettaient tout et pas d’autres…).
Le leader nationaliste de Corsica Libera ira même jusqu’à parler de “profanation de la langue corse”, comme si une langue était forcément antiraciste et humaniste…
Invité en duplex lors de l’émission de Jean-Jacques Bourdin, Jean-Guy Talamoni s’est glissé dans la peau d’un personnage, sorte de fusion entre la traditionnelle “vive émotion” de Dalil Boubakeur [CFCM] et l’indignation sélective et républicaine du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve. Le président de l’assemblée de Corse s’est ainsi livré à un numéro de “super résistant”, parlant de “la tradition d’accueil de l’île de beauté” et notamment de celui des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale — un sujet il est vrai prioritairement d’actualité.
Jean-Guy Talamoni, différencie ensuite les “vrais Corses” c’est-à-dire les antiracistes, des faux Corses, c’est-à-dire ceux qui ont manifesté durant plusieurs journées contre l’insécurité et les exactions à Ajaccio et qu’il accuse – d’être simplement des gens de passage ou des électeurs du FN, c’est à dire à ses yeux presque des citoyens de seconde zone. “Ces gens là ne peuvent pas se revendiquer de la Corse”, explique-t-il le plus sérieusement du monde. Il y a quelques semaines encore, d’autres personnalités politiques en Bretagne expliquaient que les opposants à l’immigration de Pontivy ne “pouvaient pas se revendiquer de la Bretagne”.
Le nationaliste “humaniste” Talamoni s’est transformé ainsi en redresseur de torts distributeur de bons points de corsitude [en attendant de distribuer les passeports] parlant du rejet de l’immigration comme d’une “idéologie importée en contradiction formelle avec la culture et la société corse”.
Gilles Simeoni lui s’est mis également à plat ventre devant les journalistes, ressortant les éternels refrains bien appris au sein de l’école de la République, transposant simplement de la France à la Corse les idées : “la conception du peuple corse est une conception ouverte, généreuse [et] accueillante”. “Le nationalisme corse est aux antipodes, totalement aux antipodes de tous les phénomènes de racisme, de xénophobie ou d’exclusion”, a-t-il expliqué alors qu’il ne lui manquait plus que la larme à l’œil pour le transformer en parfait militant de SOS Racisme.
Et les deux figures d’accueillir symboliquement pour conclure cette folle semaine, à l’assemblée territoriale, les responsables du culte musulman de Corse.
Ce que n’ont pas expliqué les deux responsables nationalistes aux journalistes français, c’est que pour une majorité de nationalistes corses la notion de citoyenneté corse diffère tout de même très fortement de la citoyenneté française : “est corse toute personne pouvant justifier de 10 années de résidence sur l’île et d’un niveau de langue corse suffisant [Certificatu di lingua corsa, niveau B2]” peut-on ainsi lire émanant de la GHJUVENTU INDIPENDENTISTA, la jeunesse indépendantiste sur corsicainfurmazione à propos de la “communauté de destin”, chère au FLNC canal historique ;
“Le néo-arrivant doit, en premier lieu, reconnaître que le Peuple corse est la seule communauté ayant historiquement et légitimement le droit de vivre et de décider de sa destinée sur sa propre terre. Il doit donc reconnaître que sur cette terre une communauté historique vit, avec des traditions et des valeurs qu’il se doit d’assimiler et qu’il s’engage à défendre s’il désire en faire partie. Il doit faire sienne la langue corse, ou tout du moins faire de réels efforts pour l’apprendre. Il doit comprendre qu’il arrive sur une terre dont la culture a été traditionnellement influencée par des fondements judéo-chrétiens qui, aujourd’hui encore, rythment sa vie. Il n’est pas du tout question d’imposer une quelconque conversion au catholicisme ni de réclamer un reniement de sa culture d’origine, simplement une acceptation de ces principes.”.
On est donc très loin de la Corse terre d’accueil pour tous et sans conditions…
Les jeunes issus des Jardins de l’Empereur ayant lancé en français “Sales Corses” lors de l’agression des pompiers à Ajaccio sont-ils — pour MM. Talamoni et Simeoni — des Corses ? Le sont-ils plus que ceux qui exigent chez eux, à Ajaccio, plus de sécurité, moins d’immigration, plus de respect de l’identité d’un peuple ?
Ces contradictions, propres aux nationalistes et aux autonomistes voulant à la fois en finir avec un système [la France Républicaine] tout en voulant en garder les fondements [les droits de l’homme, le vivre ensemble, l’antiracisme, l’ouverture…] paraissent insolubles, tant que ses revendications seront portées par des individus profondément marqués par la vie politique française et par l’histoire du 20e siècle.
Julien Dir
Photo : DR
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9 réponses à “Talamoni, Simeoni, Troadec, des leaders politiques inféodés à la France républicaine”
Troadec est une prostituée de l’état !!
C’est un monde de bisounours et de caméléons ! La carrière politique prévaut sur la vérité!
Décidément, il n’y a rien à espérer des mouvements régionalistes, autonomistes et indépendantistes d’Europe occidentale (à l’exception de ceux de Flandre) qui sont tous plus conformes les uns que les autres à la doxa libérale-libertaire. De l’Ecosse à la Catalogne, en passant par le Pays de Galles, l’Irlande du nord, la Bretagne, le Pays Basque et la Corse, le discours de ces mouvements est le même : inculte, insipide, contradictoire et résolument conforme. Ne perdons pas notre temps avec ces neuneus; utilisons notre énergie pour faire face aux réels et inquiétants défis auxquels nous sommes confrontés !
En plein dans le mille. S’ils continuent comme cela, Siméoni et Talamoni seront débarqués par les vrais Corses. Surtout si leurs soutiens dans la pègre insulaire les lâchent.
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C’est une stratégie politique. Ils sont obligés de tenir le discours bisounours pour éviter d’être plus ostracisés qu’ils ne le sont déjà et de perdre des voix face au FN.
Ils partent de très loin, ils vont évoluerou mourir. Ils ont la sagesse des vainqueurs. Les impatients qui les rejettent ne sont que des enfants.
et on devrait même imposer une conversion au catholicisme comme préalable à toute intégration réussie. Surtout en Corse, dont l’hymne est le très pieux Dio vi salva Regina.
Il y a d’autres pays en Europe qui sont multiculturalistes et/ou hérétiques, qui peuvent accueillir ceux qui refusent de rejoindre la vrai Foi.
Les chiens sont les préfets français..équivalent aux gouverneurs coloniaux d’autrefois en mission pour diriger les indigènes , suivant les ordres de Paris !…pas de pitié pour les impérialistes et ethnocideurs !!
YA. Breizh ha pobloù dieub..dre ar Bed !
Article intéressant, mais la conclusion est un peu surprenante. Le fait que vous placer les Droits de l’Homme dans les fondements de la République montre que vous aussi souffrez de la même problématique que celle que vous reprochez à ces 3 personnes. Les Droits de l’Homme ne sont en rien une caractéristique de la République comme elle le prétend mais des notions de vivre ensemble universels établies par les Nations-Unies. D’autant que la République se permet sa propre définition de ces droits et se gène nullement pour écarter les textes qui ne vont pas dans son intérêt particulier, notamment tous textes pouvant mettre en danger sa prétention de créer une Nation à partir d’un Etat hyper centralisé, alors que le statut de Nation s’obtient à partir des peuples et de sa reconnaissance par les autres peuples.
Mais là ou vous avez mille fois raison, c’est cette manière toute française, totalement totalitaire et justement contraire aux Droits de l’Homme, de prétendre qu’il y aurait des « Vrais » et des « Faux » Corses, Bretons, ou Français, etc….
Il y a des Corses, des Bretons et des Français et parmi eux, il y a des personnes qui agissent bien ou mal au regard du droit coutumier et/ou des lois en vigueur. Il s’agit donc d’un problème comportemental de vie en société et non d’un problème de nationalité…
D’où la question, pourquoi vouloir faire passer une notion pour une autre totalement différente et sans aucun lien…?
La réponse est peut être tout simplement dans le fait que la notion de nation et de nationalité tel que défini par la République ne dispose d’aucune légitimité provenant des peuples du fait de l’amalgame avec la notion de citoyenneté. En effet, il est possible d’être un « bon » ou un « mauvais » citoyen en fonction du respect où non des règles établies pour le vivre ensemble, mais on ne peut en aucun cas être un « Bon » ou un « Mauvais » Corse, Breton, Occitans, Français, Japonais ou Ecossais car il n’existe pas de bonne ou de mauvaise nation, il existe seulement des nations avec au sein de chacune de ces nations des gens qui se comportent bien et d’autres moins bien….!
Conclusion : sur ce sujet, pour ne pas être un « produit du système Républicain », c’est certainement et avant tout de connaître la différence qui existe entre les notions de citoyenneté et de nationalité!