30/12/2015 ‑08H00 Nantes (Breizh-info.com) ‑ Évincé de l’hôtel Matignon voici vingt mois, Jean-Marc Ayrault peine toujours à trouver un nouveau souffle. À l’automne 2014, il avait paru viser une carrière européenne en soutenant la candidature de Martin Schulz à la présidence de la Commission européenne. Schulz avait été battu.
En décembre 2014, l’hypothèse d’une nomination au Conseil constitutionnel avait été agitée. L’hypothèse paraissait peu sérieuse, mais le siège autrefois occupé par Jacques Barrot se trouvait bel et bien vacant. Il avait été attribué en définitive à Lionel Jospin, lui aussi ancien Premier ministre. Renouvelable en 2016, le siège de président devrait aussi échapper à Jean-Marc Ayrault. Celui-ci semble avoir définitivement ruiné cette dernière chance avec son amendement au projet de loi de finances pour 2016 visant à rendre progressive la contribution sociale généralisée (CSG) : le Conseil a déclaré ce texte inconstitutionnel hier.
Cependant, cet amendement s’inscrivait dans une tentative toute différente. L’été dernier, l’ancien maire de Nantes était sorti du bois en cosignant avec un autre député P.S., Pierre-Alain Muet, une mince brochure intitulée Pour un impôt juste publié à la source (1), avant de présenter son amendement en novembre. Il cherchait apparemment à acquérir une image de législateur en vue cette fois d’accéder à la présidence de l’Assemblée nationale, que Claude Bartolone s’apprêtait à quitter une fois qu’il aurait été élu président de la région Ile-de-France.
Le gouvernement était contre cet amendement, dont la constitutionnalité était tout de suite apparue douteuse ? Qu’importe : il avait été adopté par 190 députés socialistes et écologistes. Jean-Marc Ayrault avait ainsi démontré qu’il savait encore diriger le vote P.S. Cette compétence acquise pendant les quinze années où il a présidé le groupe socialiste à l’Assemblée nationale lui conférait un pouvoir de nuisance : le gouvernement avait donc intérêt à l’avoir avec lui plutôt que contre lui. Son accession au « perchoir » de l’Assemblée nationale aurait scellé le pacte.
On connaît la suite. Claude Bartolone, dont en novembre encore personne ne prévoyait la défaite, a été retoqué par les électeurs à la suite d’une campagne calamiteuse, marquée par son attaque contre Valérie Pécresse, candidate de « Versailles, Neuilly et la race blanche ». Il reste donc président de l’Assemblée nationale. Désormais lesté d’une image de perdant, Jean-Marc Ayrault va devoir se trouver un nouveau destin. À moins que, à presque 66 ans, il ne se résigne à une semi-retraite comme député de base. Plutôt parmi les témoins de la « gauche archaïque », comme l’indique sa prise de position aigre-douce sur la déchéance de nationalité des terroristes.
(1) Fondation Jean Jaurès, 68 p., 6 € (téléchargement gratuit).
Crédit photo : [cc] Journée des Droits de l’Enfant en compagnie de Dominique Versini, défenseure des Enfants, 2010 via Flickr (photo recadrée)
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