24/12/2015 – 08H00 Nantes (Breizh-info.com) – Daniel Keller, grand maître du Grand Orient de France, était à Nantes le 17 décembre pour une conférence publique sur le thème « Redonnons du sens à la République ». Il répondait à l’invitation des quinze loges de la région nantaise. Les frères avaient vu (trop) grand, la salle festive de Nantes-Nord était vide aux quatre cinquièmes à l’heure du rendez-vous. La soixantaine de présents, sexagénaires pour la plupart, s’impatientait, le grand maître était en retard. Certains s’inquiétaient du peu de participants : « les loges n’ont pas mobilisé », et tentaient d’expliquer ce fiasco : une salle excentrée, le plan de circulation, la préparation « des fêtes de fin d’année ». On s’enquerrait parmi les présents de l’absence d’untel : « a-t-il eu sa légion d’honneur ?». Bref, l’ambiance n’était pas à la fête.
Enfin l’orateur arrive, il va s’exprimer devant un grand buste d’une Marianne maçonnique ceinte d’une écharpe tricolore. D’emblée Daniel Keller dresse un tableau pessimiste de la situation : la République est en danger, il faut « lui redonner du sens, car elle en a bien besoin ». Cela se manifeste par l’abstention toujours plus grande aux différents scrutins et la montée du vote protestataire « aux extrêmes ». Il va développer son exposé autour de trois thèmes qui sont pour lui le fondement de la république.
L’intérêt général
C’est, selon Daniel Keller, la capacité à se rassembler autour d’un contenu comme la défense des droits de l’homme et du citoyen. Or aujourd’hui, constate-t-il,« ça ne marche plus ». L’individualisme, la décomposition des liens sociaux ont amené « le désenchantement de la société ». La République s’était identifiée aux conquêtes sociales, or elles sont totalement oubliées aujourd’hui. « Les idéologies libérales venant des USA sapent tout et dominent la pensée économique et sociale ». L’Europe, la mondialisation font que la nation n’est plus le bon périmètre des décisions à prendre. La conférence climat COP 21 montre que raisonner à l’échelle nationale n’a plus de sens. Daniel Keller fait alors quelques intéressantes digressions sur « le défi démographique», l’Europe doit faire face à « l’Afrique dont la population double en quelques décennies » et au problème des « migrants économiques et des réfugiés politiques ». Mais ajoute-t-il « tout cela ne condamne pas la république et il faut garder une vision universaliste ».
La communauté citoyenne
Selon l’orateur, cette notion de « communauté citoyenne » vient de la république qui, en remplaçant une monarchie théocratique, a instauré un nouveau lien politique. La communauté citoyenne s’est construite autour du pacte républicain, mais là encore « aujourd’hui ça ne marche plus !». Les appartenances deviennent « centrifuges, communautaires ou communautaristes ». Quand « l’Église était réactionnaire » le combat laïque avait du sens. Aujourd’hui le rôle de la laïcité est devenu « une notion mal comprise et contestée ». Rappelant qu’il y a « 6 millions de musulmans en France » et qu’ils sont « dans une perspective non sécularisée », Daniel Keller pose la question : « comment aider ces communautés ? … Comment dans 10, 20 ou 30 ans les intégrer à la société française ? » . Mais il n’apporte aucune réponse.
Le partage de l’idéal républicain
Constatant que « la république se réduit à des participations électorales occasionnelles » le grand maître ne semble pas, là encore, faire preuve de beaucoup d’optimisme. Pour lui, Il faut revaloriser les institutions qui la fondent. Le non cumul des mandats fait partie de l’éthique républicaine et il cite l’exemple récent de Xavier Bertrand…
« Haine de soi, identité malheureuse [ titre d’un essai d’Alain Finkielkraut, NDLR], on ne peut pas construire là-dessus » s’écrie-t-il pour condamner ensuite « la multiplication des lois mémorielles ». Si on a bien fait d’ouvrir le débat historique sur la tragédie de l’esclavage, reconnait Daniel Keller, cela ne doit pas amener « à une mauvaise conscience permanente ».
Affirmant que « 2015 a clos le cycle de 1968 », le conférencier va regretter tout de go la suppression du service militaire, prôner le port de la blouse à l’école pour « gommer les différences sociales » [s’inspirerait-il d’une proposition de Robert Ménard maire de Béziers ? NDLR], se féliciter du retour de la Marseillaise. Sur l’école il tient des propos peu conformistes : « on a mis l’élève au centre du projet éducatif. Non ! Il est là pour apprendre », ajoutant qu’«une école totalement ouverte sur le monde est un danger». Il précise toutefois qu’il faut « faire attention à ne pas tomber dans le discours du Front National qui a fait un hold-up sur certaines valeurs républicaines »…
En conclusion Daniel Keller continue à faire preuve de beaucoup de pessimisme : « On vit un moment où les individus pensent qu’aucun changement n’est possible où la société apparait comme une prison sans barreaux ». Il poursuit en appelant à se garder « de copier le modèle américain de l’ultralibéralisme ». Si comme il le proclame : « la république est en danger » on peut douter que ses derniers mots – « il faut de l’utopie » – soient à l’origine de nombreuses vocations parmi les « profanes ».
Comme toute la gauche, la principale et la plus influente obédience de la franc-maçonnerie qui a longtemps été son « logiciel » apparait aujourd’hui en plein désarroi. On ne voit vraiment pas ce qui pourrait l’en faire sortir, même si certains propos de Daniel Keller pouvaient apparaître frappés au coin du bon sens…
Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.
6 réponses à “Nantes. Le désarroi du Grand Orient de France”
@ta_malou qu’ils se cassent sur un ile déserte!
On dirait un croisement avec Baroin
Avalanche d’âneries et de mensonges proprement consternante.
Point par point
« La République s’était identifiée aux conquêtes sociales ». Aucune n’est due a la république à part les lois Neuwirth et Weil.
« Aider ces communautés » … Quelle blague!…La France n’est faite en réalité que de terroirs et selon Saint Just, 1789, « La République c’est l’éradication de tout ce qui s’y oppose »…Mais ces communautés ont en commun bien des liens et celle dont il est question ici aucun.
Que du blabla creux!…
Si le G.O. ne sait plus quoi faire, il peut : mourir dans la dignité ou se faire avorter, ou encore s’euthanasier pour montrer l’exemple. Quand on a tout démoli, il reste l’auto destruction, maintenant que toute la société est arrivée au bonheur maçonnique qui a bien préparé le terrain pour l’islam, il n’y a plus qu’à rendre le tablier. Il est plus facile de détruire que de construire dans le respect de la loi naturelle divine, pour le véritable bien commun du pays.
Ne rien attendre de la franc maçonnerie ce sont des grandes gueules les maçons américains ont pas fait grand chose pour les amérindiens!
Ils ont presque détruit la France, le monde et nos valeurs… et voilà qu’ils pleurnichent
Les pauvres
Imagine quand le peuple, qui se réveille enfin, va leur botter le cul comme ils le méritent
Les pauvres