18/12/2015 – 08H00 Quimper (Breizh-info.com) – L’irruption du FN au centre de la vie politique française, que les élections régionales viennent encore de confirmer, interpelle la gauche. Député du Finistère et fidèle soutien du gouvernement, Jean-Jacques Urvoas réagit sur son blog. Tout comme le député du Morbihan Philippe Noguès, qui a quitté récemment le PS. Deux voix différentes qui, chacune à leur manière, traduisent le profond désarroi qui règne au sein d’une gauche à bout de souffle, incapable semble-t-il de répondre aux défis du siècle.
« Une fois la satisfaction d’avoir apporté à la victoire de Jean-Yves Le Drian (51,4 %) la force du très haut score quimpérois (58,13 %) et le soulagement de constater qu’aucune région ne serait gouvernée par le FN passés, il reste, en ce lundi, dans la bouche un puissant goût d’amertume », écrit Jean-Jacques Urvoas dans un article au titre évocateur, « Le tocsin mais pas le glas».
Pour l’élu de Quimper, le vote FN est le « fils de la mutation en cours, fils de la peur, fils du rejet de l’autre. (…) Dans une France submergée par le scepticisme et le ressentiment, dimanche dernier, les électeurs ont sonné le tocsin. Heureusement, hier ils n’ont pas sonné le glas ».
« En France, réformer est devenu un purgatoire, voire un enfer pour ses auteurs »
Mais, nous dit-il, il ne s’agit que d’un « sursis ». Alors quelle ligne tenir ? Certainement pas celle prônée par la « gauche de la gauche » – des « voix plus blanquistes que jauressiennes » – qui ne voit pas « que chaque échéance ressemble [pour elle] à une station de plus sur un chemin de croix ? ». Selon lui, seule vaut la voie de la réforme soutenue par la gauche de gouvernement. La tâche n’est pas facile – « En France, réformer est devenu un purgatoire, voire un enfer pour ses auteurs », confesse-t-il – mais il faut persévérer « car le prix du renoncement est plus cher à payer que le prix du courage. ».
Autre son de cloche chez Philippe Noguès. Saluant lui aussi comme il se doit « le sursaut républicain qui s’est traduit par une baisse significative de l’abstention et un vote défensif qui a permis de faire barrage à un parti xénophobe et sans véritable solutions aux problèmes des Français », l’élu morbihannais en rupture de PS estime cependant qu’il n’y a pas de quoi se réjouir : « Les raisons du vote FN sont toujours là et les difficultés des Français se chargeront rapidement d’inviter à redescendre sur terre ceux qui se seraient pris à rêver. »
« Nous sommes tous sur un volcan qui menace d’exploser ! »
Il constate en effet que la droite « n’a visiblement plus d’idées en dehors des débats qui l’agite dans l’optique des présidentielles » et que la gauche de gouvernement « s’est engagée dans une voie sans issue, qu’elle-même condamnait quand elle était dans l’opposition, et qui va reproduire dans les mois à venir les mêmes échecs que nous avons constaté dans un passé récent. »
Ne pas changer de politique serait, pense-t-il, suicidaire pour la gauche, car « quand des électeurs de gauche doivent se résoudre à voter contre leurs convictions pour éviter le pire, quand des citoyens se tournent vers des partis qui se contentent de surfer sur les mécontentements et de souffler sur les braises, nous sommes tous sur un volcan qui menace d’exploser ! »
Lucide, Noguès constate que « notre république et nos pratiques démocratiques sont à bout de souffle.». Mais alors que faire ? « Il nous appartient de reprendre le combat trop longtemps abandonné des idées et des valeurs pour que chacun demain puisse se déterminer non pas contre un parti ou une organisation, mais pour une orientation politique choisie.».
Comment ? « L’Appel Voix de Gauche que nous lançons en Bretagne, marque cette volonté collective d’initier une ambition citoyenne pour que la gauche redevienne cette formidable promesse de justice et d’égalité qu’elle a su être dans son histoire. Se rassembler, se retrouver, construire ensemble. L’urgence est là ! ». Cet appel sera-t-il entendu ? On peut en douter. « Aujourd’hui, les moulins à prière sont devenus impuissants pour « faire barrage » au flot qui monte. » (Alain de Benoist). De quoi désespérer M. Noguès.
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3 réponses à “Après les régionales, deux députés bretons de gauche s’interrogent”
La montée du Front national n’est pas le fruit de hasard : pourquoi rejeter une classe politique si tout allait bien dans le meilleur des mondes?
Les solutions ils les connaissent par coeur, il suffirait en partie d’appliquer ce que préconise la cour des comptes depuis … tant d’années.
L’une des mesures serait qu’ils se virent eux-même. Au moins la moitié. Alors ils continueront jusqu’au bout.
quand on est, comme moi je 1°, élu sur un programme et des promesses, et qu’on fait exactement l’inverse, il ne faut pas s’étonner après de se prendre une grande baffe dans la tronche, pour paraphraser, je dirais même que je suis étonné qu’il s’étonne