17/12/2015 – 05h00 Nantes (Breizh-info.com) – L’audience de comparution immédiate du 10 décembre dernier avait à juger une prévenue dont le profil était assez particulier. Elle passait devant le tribunal pour avoir tenté de faire rentrer 19 grammes de résine de cannabis (shit) à la maison d’arrêt de Nantes où son mari était détenu depuis plusieurs mois. Jusque là rien d’inhabituel – la plus grande partie de la drogue qui entre dans les prisons est transmise via les proches des détenus lors des parloirs. Plus inhabituel est en revanche de voir une mère de sept enfants devant le tribunal.
V. est issue de la communauté des gens du voyage. Elle a été scolarisée jusqu’en troisième, puis a commencé un CAP restauration qu’elle a abandonné après sa première grossesse, étant devenue mère à 18 ans. Elle a désormais sept enfants, dont plusieurs en bas âge, et vit avec son mari dans plusieurs mobilhomes sur un terrain familial qui appartient à la mairie de la Montagne, à l’ouest de Nantes. Elle est inconnue de la justice, mis à part une condamnation à des jours-amendes pour travail dissimulé dans la récupération de ferraille – le métier de son mari. Le ménage vit assez chichement de la ferraille, d’allocations familiales – 1800 euros par mois – et reverse 600 € de loyers pour son terrain.
Son mari purge une condamnation à quatre mois de prison ferme dont on comprendra furtivement au cours de l’audience qu’elle n’est pas la première. La jeune femme a été surprise par les employés de la prison alors qu’elle était venue avec plusieurs de ses enfants et elle est rapidement passée aux aveux. Ce serait un ami de son mari qui lui aurait transmis le petit colis de « shit » et l’aurait convaincue de le livrer en prison. Au bord des larmes dans le box, elle est convaincue d’avoir fait « une énorme bêtise. J’ai été complètement idiote », avoue-t-elle.
« Le cannabis circule déjà beaucoup en maison d’arrêt, le moyen principal pour le faire entrer, ce sont les parloirs », affirme la représentante du parquet. « Introduire des stupéfiants en détention, c’est grave, ce genre de faits doit être sanctionné », note-t-elle. Cependant, au vu du profil de la prévenue, elle estime que « la garde à vue est déjà une sanction suffisante » et propose quelques mois avec sursis. L’avocat rappelle quant à lui la situation de la mère de famille et propose « une peine symbolique ». Le juge tranche entre les deux : elle est condamnée à 50 jours-amendes à 10 €, soit 500 € d’amende, avec la ristourne habituelle de 20% si elle paie dans le mois, plus les droits fixes de procédure (127€) et sa peine ne sera pas inscrite au casier B2. Par ailleurs, la direction de la prison a suspendu tous ses droits de visite.
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