17/12/2015 – 08H00 Bastia (Breizh-info.com) – Ce dimanche, ce sont les nationalistes corses qui ont remporté l’élection régionale, loin des préoccupations de la presse française, tandis que dans les départements alsaciens de la région ALCA, les autonomistes d’Unser Land ont franchi la barre des 10% au premier tour.
En Corse, au premier tour de l’élection, la liste Divers Gauche de Paul Giaccobbi est arrivée en tête avec seulement 18,42% des suffrages exprimés, devant le maire de Bastia (nationaliste), Gilles Simeoni (17,62%). Derrière, José Rossi, un régionaliste investit par l’UDI et les Républicains est arrivé troisième avec 13,17% devant le divers droite Camille de Rocca Serra (12,70%) et le Front national Christophe Canioni (12,70%). Là encore, un score historique pour le FN en Corse, qui s’invitait pour la première fois au second tour.
Derrière, les nationalistes de Corsica Libera, emmenés par Jean-Guy Talamoni, obtenaient 7,73% des suffrages, tandis qu’une autre liste nationaliste obtenait 2,58% (celle de Paul-Félix Benedetti, un ancien de Corsica Libera).
Au deuxième tour, il ne restait plus que 4 listes issues de fusions pour trois d’entre elles : et c’est l’Union des nationalistes corses, réunis sous l’étiquette « Pè a Corsica » ( Pour la Corse) qui l’emporte avec 35,34% des suffrages. La liste de Gilles Simeoni avait en effet fusionné avec celle de Jean-Guy Talamoni et était soutenue par Paux-Felix Benedetti. Elle décroche 24 sièges à l’assemblée de Corse, devant la liste de Paul Giacobbi (28,49%) fusionnée avec celle du Front de Gauche (Bucchini). La liste de José Rossi, fusionnée avec celle de Camille de Rocca Serra, réalise 27% et récolte 11 sièges tandis que le FN de Christophe Canioni fait son entrée à l’assemblée avec 9% et 4 sièges.
A noter que les électeurs nationalistes Corses se sont particulièrement mobilisés durant le deuxième tour, puisque 67% des inscrits ont voté. A noter également que le nombre de voix des nationalistes ne progresse que très peu par rapport à l’élection de 2010. Les listes Talamoni et Siméoni étaient alors restées divisées au deuxième tour, et totalisaient déjà, à l’époque, 51 383 voix, contre 52 840 aujourd’hui (avec une abstention légèrement plus forte). C’est donc l’union entre les deux figures du nationalisme corse qui aura permis la victoire en 2015. La progression est toutefois énorme par rapport à 2004, où les nationalistes n’obtenaient que 24 652 voix et 17% des suffrages. C’était à l’époque du règne d’Emile Zuccarelli (gauche), balayée par la tornade Simeoni.
Gilles Simeoni, maire de Bastia fut l’un des avocats d’Yvan Colonna, condamné à perpétuité pour le meurtre du préfet Erignac (qu’il a toujours nié). Il est également le fils d’Edmond Simeoni, fondateur de l’Action régionaliste corse, et condamné à cinq ans de prison en 1975, pour une prise d’otage dans une cave viticole à Aleria. Il est considéré comme un « nationaliste modéré » voir comme un autonomiste, contrairement aux indépendantistes emmenés par Jean-Guy Talamoni, qui contrairement aux premiers n’ont jamais condamné les actions du FLNC (Front de libération nationale de la Corse). Le désarmement du mouvement séparatiste en 2014 est d’ailleurs le point de départ du rapprochement entre plusieurs courants nationalistes corses séparés jusqu’ici par l’acceptation, ou non, de la lutte armée.
Cette élection historique devra toutefois se confirmer dans les urnes, le 1er janvier 2018, à l’occasion du scrutin scellant la fusion entre les deux collectivités de Corse ( les conseils départementaux et l’Assemblée de Corse ne faisant plus qu’un dès lors). Il sera en effet difficile de mettre en place de grands chantiers d’ici là, malgré une large majorité obtenue. « Des décennies de clientélisme, d’assistanat, d’asphyxie de notre économie et de notre intérieur, mais aussi d’aliénation culturelle, de déliquescence sociétale, de paupérisation progressive de franges importantes de notre communauté…doivent trouver un terme le 13 Décembre 2015.» proclamait la liste nationaliste avant le deuxième tour. Les trois axes forts qui seront défendus sont :
-Un engagement solennel au service d’une dynamique d’apaisement et de construction démocratique.
-Un contrat de mandature permettant à la Corse de s’engager dans une logique d’émancipation politique, économique, sociale, et culturelle.
-Une volonté d’ouverture envers toutes les forces politiques prêtes à s’engager avec nous au service de la Corse et de l’intérêt général.
Parmi les mesures proposées, certaines devraient faire du bruit : coofficialité de la langue corse, statut de résident, statut fiscal, amnistie des prisonniers politiques…Un véritable bras de fer devrait alors s’engager avec l’Etat français. Des mots riches de sens sont employés : « « Pè a Corsica » a en effet vocation à construire, au-delà du mouvement national, avec toutes celles et ceux en Corse qui refusent les logiques d’assistanat, de clientélisme, de collusions, et qui s’engagent pour la démocratie, la transparence, tout autant que pour l’affirmation du droit du peuple corse à l’existence et à un avenir meilleur sur sa terre.».
« Nous sommes là bien loin du discours mou, gauchiste et « progressiste » de Christian Troadec avec Oui la Bretagne. Ceci explique peut être que ces deux initiatives autonomistes ne jouent pas dans la même cour, même si le contexte insulaire est différent», observe un militant breton.
Photo : DR
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7 réponses à “Régionales. Succès historique des nationalistes en Corse”
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Il ne reste plus qu’à trouver notre candidat « Corse » pour mettre de l’ordre en Bretagne.
ADSAV , avez-vous une petite idée, ça urge.
Eh oui je viens de découvrir Gilles Simeoni sur youtube. Un orateur d’un niveau au dessus de n’importe quel politique en Bretagne. Il va falloir importer un corse.
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Ce qui frappe dans ce succès des autonomistes et des séparatistes corses, c’est que leur mouvement accomplit ce que d’autres, ici et dans le reste de la France, voudraient : renverser la table et mettre en avant une nouvelle génération de responsables politiques. Le « système » en Corse, c’est le clanisme (la vie politique corse ayant toujours été régie par ce système, je serais étonné de voir que Pè a Corsica y change quelque chose) : les électeurs ont voulu se débarrasser d’une classe politique sclérosée et sont parvenus à leurs fins.
Également, j’ai été frappé de constater l’écho rencontré par cette liste dans la jeunesse corse sur les réseaux sociaux, notamment par l’idée de « faire pays ». Un vrai pied de nez à tous les thuriféraires du cosmopolitisme et de la mondialisation !
Ceci dit, comparaison n’est pas raison et je trouve vaine cette propension des militants UDB ou PB (pour ne citer qu’eux) à se prendre à rêver, tel jour, d’une Bretagne singeant l’Écosse, tel autre jour, la Catalogne, et à présent, la Corse. La Bretagne, si tel doit être son destin, devra trouver sa propre voie. En tous les cas, contrairement à la Corse, ce n’est pas par des partis « régionalistes » que les choses se feront, non plus que par le biais d’un hobereau oint par le suffrage universel et dont le rayonnement se limite à une poignée de cantons…
Oui je suis bien content pour les Corses qui ont élu M Talamoni,pas si loin du FN qu’ont pourrait le dire ,ils vont interdirent l’entrée en Corse à tous les Bretons qui ont votés Socialaud !