17/12/2015 – 07H30 Paris (Breizh-info.com) – Le troisième vidéo de l’excellente série « Confessions d’histoire » est sorti. Il s’intitule Alinéor et Conséquences (ou la deuxième croisade) et dure cette fois-ci une demi-heure. Nous avions interrogé le fondateur de l’émission qui rencontre un sacré succès et qui collecte actuellement des fonds pour financer les émissions. Chacune de ces vidéos porte un regard à la fois drôle et rigoureux sur un grand événement historique. A la façon d’un confessionnal de TV réalité, des personnalités illustres mais aussi parfois des inconnus, tous hauts en couleur, confrontent leurs visions originales, souvent divergentes, sur ces événements.
Le 3ème épisode vous présente Aliénor d’Aquitaine, femme au destin incroyable, duchesse et deux fois reine !
A l’issue de la première croisade, quatre principautés chrétiennes, appelées États Latins d’Orient, ont été fondées : le Royaume de Jérusalem (1099-1291), la Principauté d’Antioche (1098-1268), le Comté d’Edesse (1098-1146) et le Comté de Tripoli (1102-1288). Gouvernées par des seigneurs francs, ces principautés ont réussi à s’imposer dans la région malgré leur superficie réduite, l’éloignement géographique avec l’Europe et des tensions récurrentes avec les voisins musulmans, mais également byzantins.
En 1137, à 3400 kilomètres à l’ouest de Jérusalem, dans la richissime ville de Bordeaux, se célèbre un mariage royal : l’héritier du royaume des Francs épouse la duchesse d’Aquitaine, la belle Aliénor. Les époux sont jeunes et inexpérimentés, et ils vont très vite se retrouver à devoir gérer les affaires du royaume, entre tensions vassaliques, conflits, manigances, le tout source d’erreurs politiques petites et grandes, de la part du roi comme de la reine…
Lorsqu’en 1144, 45 ans après la prise de Jérusalem, la cité d’Edesse retombe sous domination turque, l’Église, sous l’impulsion de Bernard de Clairvaux, lance le prêche d’une seconde croisade, à laquelle répondront aussitôt à nouveau de nombreux barons mais également pour la première fois de grands monarques tels que l’empereur des Allemands et… le roi des Francs et son épouse !…
Un périlleux voyage pour ce qui semble à l’époque l’autre bout du monde, et qui ne laissera indemne ni le monde chrétien, ni le couple royal…
Photo : DR
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Une réponse à “Confessions d’Histoire : Aliénor & Conséquences (ou La Deuxième Croisade) [vidéo]”
Il est bon de rappeler qu’Aliénor d’Aquitaine fut la grand-mère du duc de Bretagne Arthur Ier (1187-1203) et que le duché breton, conquis par son second mari le roi d’Angleterre Henri II Plantagenêt, fut dans la deuxième moitié du XIIe siècle sous domination anglaise. Les Bretons luttèrent pour retrouver l’indépendance du duché sous le règne de la duchesse Constance (1186-1201), qui avait été mariée de force au fils d’Henri II et d’Aliénor, le duc Geoffroy II (1181-1186). Ce dernier voulait lui aussi s’affranchir de la domination de ses parents pour exercer pleinement ses fonctions de duc. En 1185 il rattache le comté de Nantes à la Bretagne qui en avait été détaché par son père en 1156 pour être rattaché à l’Anjou. Tiens, tiens… En 1186 il s’allie avec le roi de France, Philippe Auguste, contre son père et son frère appelé à devenir le prochain roi d’Angleterre: Richard Cœur de Lion. Mais il meurt d’un accident de tournoi à Paris sans savoir que sa femme est enceinte d’un fils. Sa tombe est à Notre-Dame alors en construction. Son fils Arthur (parfois appelé le posthume) naît l’année suivante sous les acclamations des Bretons. Le choix de son prénom, voulu par la noblesse bretonne, avait pour objectif d’en faire un nouvel Arthur, qui libérerait les Bretons de la domination anglaise comme le légendaire roi Arthur avait libéré les Celtes de la domination saxonne. Or, le petit Arthur qui vient de naître (et qui n’a pas connu son père comme celui de la légende) est également prétendant à la couronne anglaise en tant que neveu de Richard Cœur de lion (qui mourra sans enfant). A la mort de ce dernier en 1199, Arthur Ier de Bretagne affronte son oncle Jean sans Terre qui convoite lui aussi la couronne anglaise. Si Arthur était parvenu à s’imposer, il aurait rassemblé toutes les marges celtiques de l’Angleterre sous son autorité et réalisé ainsi les prophéties de Merlin. Mais il connaîtra un destin tragique, assassiné par ou sur ordre de son oncle Jean. Au cours du conflit, Aliénor d’Aquitaine refusa de défendre les droits du seul de ses petits-fils qu’elle connut. Le cours de l’histoire bretonne en eut sans doute été changé (Voir Eric Borgnis Desbordes, Arthur de Bretagne (1187-1203), l’espoir breton assassiné, Yoran Embanner, 2012).