13/12/2015 – 12H00 Nantes (Breizh-info.com) – Coup de tonnerre à la veille du premier tour des régionales et en pleine COP 21 : AGO-Vinci a assigné en expulsion les quatre exploitations agricoles et 11 propriétaires ou locataires historiques de la ZAD et ce en urgence. L’audience, qui devait avoir lieu le 10 décembre, à la veille de la clôture du sommet climatique et entre les deux-tours des régionales, promettait d’être épicée. Finalement, Vinci a renoncé. Provisoirement.
Entre-temps, il y avait eu le premier tour des régionales, marqué par une forte poussée du FN – lui aussi opposé à l’aéroport – y compris en Loire-Atlantique et ce bien que le score du bloc de gauche permettait encore l’espoir de garder la région. Surtout, il y eut un accord au forceps entre PS et Verts, malgré leurs désaccords au sujet de l’aéroport, qui remit ce sujet au cœur de la campagne en Loire-Atlantique. Et la fin – non moins laborieuse – des négociations de la COP 21. Le calendrier devenait complètement intenable, à moins de faire exploser l’union PS-Verts et avec elle les dernières chances de sauver la mise à la gauche en Pays de Loire.
Si bien que lorsque près de 300 paysans se rassemblèrent devant le TGI de Nantes sur l’île vers 11 heures, face au centre-ville, la guerre n’eut pas lieu. AGO se faisait martial dans son assignation : saisie immédiate des biens et des cheptels, non application de la trêve hivernale, amende de 200 € par jour et par infraction constatée. Erwann Le Moigne, avocat des assignés, demandait le renvoi. Mais la guerre n’eut pas lieu : Vinci, contre toute attente, retira le dossier du rôle, en promettant de relancer la procédure en janvier. Son avocat, Me Tajdine Bakari, fit état du « souci d’humanité d’AGO » et de « la volonté d’apaisement de l’Etat dans ce dossier », jolie périphrase pour des consignes politiques on ne peut plus claires. Commentaire de l’avocat, pas dupe, aux manifestants : « l’État a repris la main dans le dossier ».
Juste avant qu’une Péruvienne, dans une allocution moitié en espagnol moitié en français, exprime la solidarité des paysans du Pérou avec ceux de Notre-Dame-des-Landes, un orateur se fit applaudir en appelant « un geste fort de François Hollande. Notre-Dame des Landes est le symbole d’une lutte, de quelque chose qu’il ne faut plus faire. L’arrêter serait une vraie décision de la COP 21 ».
Opposant historique et membre de l’ACIPA, Dominique Fresneau commente brièvement : « AGO voulait mettre l’État en porte-à-faux et le contraindre à prendre une décision pour sortir – dans un sens ou dans l’autre – de la situation. Du reste, quelle que soit la décision prise, AGO-Vinci n’en sera que gagnant. Ce qui n’est pas le cas pour tout le monde ». Par exemple les politiciens – de gauche, du centre et de droite – qui soutiennent le projet depuis des années et en ont fait qui la pierre angulaire de leurs ambitions régionales – comme Bruno Retailleau ou avant lui Jacques Auxiette – qui la manne céleste promise à leurs administrés. « On en revient au statu quo ante », achève-t-il. Non loin, un paysan est déterminé : « ce n’est sans doute que partie remise. Mais on reviendra et on résistera, encore et encore. Cela fait déjà tant d’années que ça dure et qu’ils n’arrivent pas à nous briser ».
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