11/12/2015 – 23H00 Rennes (Breizh-info.com) – On savait que Jean-Yves Le Drian n’appréciait pas les écolos. Aux élections régionales de 2010, il leur avait fait la guerre. En cours de mandat, il leur avait même fermé la porte de la majorité, alors que les quatre représentants de l’UDB, pourtant élus sur la même liste que les écolos, avaient été autorisés à rejoindre la majorité. Leur « porte-parole », Christian Guyonvarc’h, avait même été récompensé en devenant rapporteur général du budget.
Dans l’assemblée sortante, EELV disposait donc de sept conseillers régionaux : Guy Hascoët, Gaëlle Rougier, Sylvianne Rault, René Louail, Janick Moriceau, Yannick Bigouin et Anne-Marie Boudou.
En décembre 2015, Guy Hascoët s’étant retiré, la liste était conduite par René Louail, paysan à Saint-Mayeux, près de Loudéac. Ce qui était prévisible arriva : seulement 80 516 suffrages (6,7%) en 2015 contre 134 112 voix ( 12,21%) en 2010, soit une perte de 53 596 électeurs. Ayant dépassé les 5%, fusionner avec la liste de Le Drian aurait été possible, à défaut de pouvoir se maintenir au second tour.
Dès lundi soir, les Verts demandaient deux choses aux socialistes. » D’abord, une liste d’union au deuxième tour. Il faut donc que le PS accepte de nous faire de la place proportionnellement à nos résultats » expliquait René Louail. Les premiers calculs tournaient autour de six à sept sièges. « Et si nous disposons de suffisamment d’élus, nous demandons des délégations sur des dossiers comme les transports, le logement, la transition agricole ou les contrats alimentaires de territoire » (Ouest France, 8 décembre).
Mardi, un accord se révélait impossible. « Sans discuter directement, mais par l’intermédiaire de son directeur de campagne, le ministre de la Défense leur a proposé trois sièges dans la future assemblée. En soulignant aussi que des élus à la sensibilité écologique l’ont rejoint dès le premier tour. Une proposition jugée inacceptable pour les Verts. Ils réclament que le mode de calcul de la répartition des sièges en cas de fusion des listes, utilisé dans les autres régions, s’applique aussi en Bretagne. Dans ce cas, ils pouvaient prétendre à 7 ou 8 sièges.
On en est resté là. Au delà d’une querelle de chiffres, il y a bien sûr des divergences politiques : « au conseil régional, ils n’ont jamais voté le budget. Ils auraient pu au moins voter le dernier » glisse Loïg Chesnais-Girard, directeur de la campagne de Jean-Yves Le Drian. Sans doute aussi que le ministre de la Défense n’a pas voulu prendre le risque d’une cohabitation, au sein de sa majorité, d’élus Verts avec Olivier Allain, l’actuel président de la chambre d’agriculture des Côtes d’Armor, qui sera son prochain vice-président chargé de l’agriculture » (Ouest France, 3 décembre ).
Mais l’histoire est encore plus savoureuse lorsqu’elle est racontée avec des lunettes parisiennes : « la composition de la liste d’union de la gauche en Bretagne est devenue une affaire d’Etat. Impérial, Jean-Yves le Drian a d’abord refusé, du haut de ses presques 35%, toute idée de fusion avec les écolos. Puis il a accepté sur sa liste trois écolos, mais pas un de plus. « Si on m’impose de prendre six écolos » a-t-il dit à Hollande, « je démissionne du gouvernement».
« Démissionner pour trois écolos, c’est peut-être un peu excessif» lui a fait valoir le chef de l’Etat. Mardi matin, c’est le Premier ministre qui est entré dans la danse. Espérant qu’après une nuit de sommeil, le ministre de la Défense était revenu à de meilleurs sentiments, Valls lui a proposé d’accueillir sur sa liste les six écolos en question. Nouveau refus. Nouvel argument de Valls ; « tu sais que ton attitude menace l’accord conclu avec EELV. Tu peux faire perdre Barto en Ille-de-France. » Réponse : « je m’en fous ! ». (Le Canard Enchainé, 9 décembre)
Les Verts disparaissent du conseil régional de Bretagne. « Nous avons été méprisés et c’est une trahison » lance René Louail. Mais ce ne sont que des paroles verbales. Dépités, les écolos ne donnent aucune consigne de vote pour le second tour. Ils ont omis dans « cette négociation» avec les socialistes la sacro-sainte loi du rapport de force. Face au rouleau compresseur Le Drian, ils ne pesaient pas bien lourd. Ils oublient surtout que Le Drian n’a pas besoin d’eux pour gagner. Si les verts bretons comptaient sur la solidarité de leurs collègues des autres régions, ils savent désormais que ce mot clef de leur discours électoraux ne pèse pas lourd quand des places éligibles sont en jeu. Le cas de l’accord des verts des Pays de Loire avec le socialiste Clergeau malgré leur divergence fondamentale sur le projet de l’aéroport de NDDL le démontre aisément.
En effet, sur la plupart des grands dossiers , écologistes et socialistes sont en désaccord : ferroviaire, agriculture, Notre-dame-des-Landes …Jean Yves Le Drian a le mérite de la cohérence contrairement aux autres dirigeants socialistes. Enfin, entre le monde des affaires et les écolos, le choix de Le Drian a été tout de suite fait !
Photos : DR
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Une réponse à “Bretagne. Les écolos disparaissent du conseil régional”
EELV ne fait plus dans l’écologie aujourd’hui, leur discours est focalisé sur l’accueil des migrants, la défense des LGBT, etc. Quand je vois le programme des jeunesses écologistes, cela me donne la nausée tellement c’est un concentré de marxisme culturel, de droit de l’hommisme et d’ethnomasochisme xénophile. A l’instar de JV.Placé, ils se foutent de l’écologie; on peut aussi dire qu’Europe écologie (libéraux libertaires déguisés en vert) a phagocyté les verts dont l’idéologie avait déja été sévèrement dévoyée avec 68.
La vraie écologie prend ces racines dans le refus des excès de la modernité, de l’industrialisation, elle se situe quelque part entre valeurs chrétiennes et mouvements paiens. (volkish etc)