01/12/2015 – 06H30 Nantes (Breizh-info.com) – C’est passé quasiment inaperçu avec l’actualité chargée de l’automne, mais le Modem a déserté le combat contre le projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes en échange de postes sur la liste de droite menée par Bruno Retailleau, qui affirme qu’il exigera dès décembre l’évacuation de la ZAD s’il est élu.
Suite à l’accord, les candidats Modem ont estimé que la ZAD doit être évacuée, les décisions de justice respectées – notamment celles qui exproprient les paysans et les occupants des maisons – et qu’ils ne participeront pas aux votes de la future majorité [de droite] sur l’aéroport. Des concessions qui semblent être un reniement total des positions antérieures du Modem – que son chef de file en Loire-Atlantique et Pays de Loire Patricia Gallerneau réaffirmait avec force dans nos colonnes il y a peu : c’est à dire l’optimisation de Nantes-Atlantique et un éventuel référendum sur le nouvel aéroport.
Nous avons demandé à Patricia Gallerneau de s’expliquer. « Mais non, nous ne nous renions pas ! », affirme-t-elle, en essayant de minorer l’importance du projet d’aéroport : « c’est 0,5% de l’investissement sur six ans, d’après Clergeau lui-même. Et notre priorité, c’est l’emploi ! ». Objectif aussi affiché par le candidat Retailleau qui n’hésite pas à caresser le BTP dans le sens du poil. Or le secteur est empêtré dans une profonde crise en partie due au rabotage des dotations aux collectivités par l’Etat, et donc à la diminution assez nette des dépenses pour la maintenance des infrastructures ou pour de nouveaux projets. En effet les collectivités ne peuvent agir sur leur masse salariale comme le font les entreprises pour dégager des moyens nécessaires à l’investissement. Un aéroport, même si sa justification économique reste peu évidente, sera effectivement une bouffée d’air pour les géants du BTP locaux et nationaux. Reste à savoir pour quel avenir.
Le Modem tient à se démarquer aussi des modes d’action de certains opposants : « je suis fonctionnaire des finances et j’ai toujours appliqué la loi », note Patricia Gallerneau. « La violence, ce n’est pas un mode d’action. Et être centriste, c’est être modéré en tout ». Elle remarque cependant que « la violence policière est à dénoncer aussi ». Pour elle, « on peut avoir 80% d’idées communes avec les autres partis de droite et quelques points de divergence… tout ne se réduit pas au sujet de l’aéroport, qui est un budget riquiqui pour la région ! ».
Le renoncement sur l’aéroport s’accompagne d’un autre : « la réunification, ce n’est pas un sujet de la région Pays de Loire ». Le Modem en Loire-Atlantique défendait pourtant jusqu’alors le retour de la Loire-Atlantique en Bretagne, ce à quoi est opposée presque l’ensemble de la droite locale – mis à part l’un des hommes forts de l’UDI, le sénateur-maire de Saint-Sébastien Joël Guerriau, Patricia Gallerneau persiste : « on n’a aucune raison de ressortir le sujet. La loi a été votée [sur le redécoupage régional], on n’ira pas brûler des palettes ». Elle remarque avec amertume : « aux précédentes régionales, alors qu’on était anti-aéroport et pro-réunification, les Bretons nous ont accordé 4.56%. On n’a donc pas été remboursés et on a dû assumer 250.000 € de dettes ».
Le plat de lentilles accordé par la liste Retailleau est en revanche assez consistant : 6 candidats Modem sont sur les listes. A savoir Patricia Gallerneau elle-même (7e en Loire-Atlantique), Géraldine Bannier (6e en Mayenne), Watraud Esnée (9e en Sarthe), Philippe Barré (13e en Vendée), Michel Châtelais (15e en Anjou) et Sarah El Hairy (29e en Loire-Atlantique). « Trois sont en position éligible de suite », remarque Patricia Gallerneau. Même en cas de victoire, ce sera plutôt deux, mais pour un parti dont les résultats électoraux sont, huit ans après son lancement, pour le moins très modestes, l’accord est inespéré. D’autant plus qu’il n’y a pas de risque, ni de dettes… et que la région va très probablement basculer à droite.
Pour les opposants à l’aéroport, le retrait du Modem du combat est un « non-événement ». Un paysan remarque qu’ils ont « toujours été anecdotiques dans le mouvement, dont les soutiens politiques ont toujours été marqués plus à gauche ». D’année en année – la dernière ne fait pas exception – les invités d’honneur du meeting politique à l’occasion du festival annuel se recrutaient pour l’essentiel au Front de Gauche, chez Europe Ecologie les Verts et à la Confédération paysanne, ce syndicat agricole lui-même très marqué à gauche. Un riverain se montre plus sarcastique : « la liste de droite se constitue sous le slogan A la soupe ! Ils peuvent ne pas imprimer de programme, on a compris le truc, hein. Y a tout et son contraire sur la liste, car une seule chose les intéresse : les postes. Ils les ont déjà partagés sûrement… au diable les idées et les convictions dans ces conditions, seuls comptent les postes et les indemnités qui vont avec ».
Photo : DR
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Une réponse à “Régionales en Pays de Loire : comment le Modem a abandonné le combat contre l’aéroport de NDDL et pour la réunification”
Les MODEM, des crèves la faim.
Bouffent à tous les râteliers.
Un exemple du néant.