01/12/2015 – 14H00 Nantes (Breizh-info.com) – La liste de droite (UMP/LR – UDI – Modem), présentée en Loire-Atlantique pour les régionales, a Bruno Retailleau pour chef de file des Pays de la Loire et Laurence Garnier pour le département. L’analyse de sa composition permet de constater que la priorité a été donnée aux notables de la politique, aux maires bien élus. Quelques considération d’appareil ont également influé, notamment dans le choix de quelques centristes. En revanche, n’ont été mis en valeur ni des élus de droite qui sont allés battre la gauche dans ses fiefs, ni des jeunes militants
Ainsi, Franck Louvrier, la personnalité locale la plus connue, en symbolise très bien la philosophie. Ancien communicant de Sarkozy et conseiller municipal de La Baule, il fût un temps favorable à la réunification bretonne. Mais il a tourné casaque car il espère devenir maire de La Baule et cacique de droite dans la région des Pays de Loire. De même, il se déclare maintenant favorable à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, soit au BTP triomphant et au Grand Ouest. Du reste, il ne prend pas de risque dans son fief baulois. La droite y est toujours bien élue. Elle ne connaît pas ces duels fratricides qu’on peut trouver entre autres à Pornichet.
Notables de la politique dans tous les secteurs
Ainsi, Laurence Garnier était la candidate pour Nantes aux dernières municipales. Elle avait fait un score décevant. Il est vrai qu’elle avait souffert d’un double handicap. La très grande confusion de sa nomination d’abord qui faisait suite à un duel de candidates de diverses tendances. Marie-Anne Montchamp était plutôt soutenue par les sarkozystes et Paris, Laurence Garnier issue de l’écurie locale par les fillonistes. La division de la droite en trois listes ensuite… dont celle de Sophie van Goethem. Celle-ci se construit depuis, élection après élection, une place grandissante dans la ville et sa métropole. Le grand projet de Mme Garnier pour Nantes était de planter un pylône à 7 millions d’€ sur la Tour de Bretagne, visiblement pas assez imposante… La droite n’aura donc pas réussi lors de ces municipales, faute d’entrain et de renouvellement suffisant, à bousculer la gauche dans ses fiefs de Nantes ou de Saint-Nazaire. Elle n’a pas su profiter du contexte national difficile, de la colère locale et des successions à gauche qui ne sont jamais simples en politique.
Ensuite, on trouve nombre de maires et d’élus municipaux issus de villes bien ancrées à droite. Ainsi se succèdent Maurice Perrion – l’un des hommes forts de l’UDI locale, maire de Ligné depuis 20 ans –, Barbara Nourry, nouveau maire de Saint-Mars-du-Désert, mais ancienne adjointe à la vie associative puis à l’urbanisme sous le mandat précédent, Claire Hugues, première adjointe à Pornic, Marie-Cécile Gessant, maire de Sautron, commune très bourgeoise au nord-ouest de Nantes, Alain Hunault, maire de Châteaubriant, homme fort de la droite dans le nord rural du département, Nathalie Poirier, adjointe au maire d’Ancenis, Johann Boblin, maire de la Chevrolière, près du Lac de Grandlieu, depuis 2008, Xavier Rineau, premier adjoint au Pallet dont le maire a été réélu en 2014 pour un second mandat… On peut ajouter Christophe Priou, dernier député de droite en Loire-Atlantique et les deux conseillers régionaux sortants Laurent Dejoie et Olivier Deschanel. Ce dernier est pourtant porté disparu au conseil municipal de Carquefou depuis qu’il est dans l’opposition.
Sont aussi largement représentés les conseillers municipaux d’opposition dans les grandes villes. Leur présence est un signal pour les électeurs des agglomérations de Nantes et de Saint-Nazaire qui votent majoritairement à gauche et où la droite n’a jamais réussi à faire souche durablement. Cela permet de récompenser les services rendus par ces élus, comme Stéphanie Houel, Rozenn Hamel et Anne-Sophie Guerra à Nantes, Florence Beuvelet à Saint-Nazaire, Philippe Seiller à Rezé, Sandra Impériale à Bouguenais.
Une liste saupoudrée d’apparatchiks et de centristes
D’autres obtiennent leur place pour des raisons d’appareil et de négociations entre tendances ou partis de la droite. Ainsi, la 9e place a été attribuée à la conseillère régionale sortante Christine Guerriau. A la ville, c’est la femme de l’autre homme fort de l’UDI locale, Joël Guerriau, le maire de Saint-Sébastien sur Loire. La 7e place, est revenue à Patricia Gallerneau. Malgré plusieurs échecs électoraux à Pornichet, celle qui fut d’abord socialiste, puis écolo puis centre-droit, est si bien placée en partie car elle était désignée chef de file par son parti d’une éventuelle liste en Pays de Loire.
À la 14ème place, on trouve Jean-Michel Buf, maire de Blain. Il est indiqué comme « UDI » bien qu’il se voit en « divers droite » et que sa liste est « sans étiquette » car « c’est une liste d’union ». Les Blinois ne sont pas dupes. Sa liste a remplacé une majorité de gauche plurielle, donc la ville a basculé à droite. Enfin un maire qui est allé battre la gauche dans son fief, dira-t-on. Oui et non. D’une part, Blain était historiquement au centre-droit avec notamment 13 ans de mandat du très centriste maire Gilles Heurtin. Celui-ci fut le seul en Loire-Atlantique à se dire ni pour ni contre la constitution européenne en 2005. Elle a basculé à gauche un peu par accident en 2008. D’autre part, M. Buf s’est présenté aux cantonales, sur le nouveau canton Blain-Savenay-Cordemais. Ce dernier penchait plutôt à droite et était tout à fait gagnable en pleine vague bleue… mais il a été battu . La droite avait gagné tous les cantons ruraux, sauf ceux de Pontchâteau et de Machecoul. Là aussi des notables de droite avaient été préférés aux réalités locales. Au point de ressortir comme candidat à Pontchâteau l’ancien maire Bernard Clouet qui avait été viré sans ménagement par les habitants à peine un an plus tôt. Maire que la droite avait aussi tenté de sauver dans le dos des électeurs en s’acoquinant… avec les communistes.
Jean-Michel Buf aurait logiquement peu de motifs de figurer sur la liste. Il est repêché par ses proximités politiques avec, notamment, Joël Guerriau. Avant d’être propulsé comme candidat de la droite et du centre à Blain, Jean-Michel Buf lui avait succédé comme président de la fédération locale du Nouveau Centre qui continuait ainsi à être gérée dans la mouvance du maire de Saint-Sébastien sur Loire. Autre centriste qui doit sa place plus aux logiques d’appareil qu’à ses succès politiques – surtout au vu du désordre intégral qui règne au sein de la droite locale – c’est Ludovic le Merrer. Adhérent du Modem, il défend des positions souvent très éloignées de celles des électeurs de droite, tout en étant chef de file – pour quelles troupes – de la droite nazairienne. Autre candidate Modem qui doit sa place autant aux mêmes raisons qu’aux exigences d’une certaine diversité – la liste reste cependant très « de souche », preuve que la droite n’est pas encore passée des grands discours aux actes – c’est Sarah El Hairy (29e).
Une tentative incohérente de séduire le vote catholique
Parmi les candidats qui portent le renouvellement, on note la présence de Sébastien Pilard (18e place), un Nantais président national de l’association Sens commun. Cette association est constituée d’anciens participants et cadres de La Manif Pour Tous qui ont rejoint l’UMP. Il est assez symbolique de constater que d’autres cadres locaux du mouvement social catholique ont choisi d’autres partis – notamment Samuel Potier qui est depuis peu le nouveau secrétaire départemental FN et tête de liste du parti à la flamme pour le département.
Agriculture : la droite tourne le dos à l’avenir et au bio
Autre population que la droite essaie de séduire – les agriculteurs. En témoigne la présence sur la liste (20e place) de Christophe Sablé, secrétaire général de la chambre d’Agriculture du département et membre du bureau de la FNSEA. Ce syndicat d’agriculteurs est historiquement proche de l’agro-business, de la cogestion du monde agricole avec l’État, et des partis de la droite traditionnelle. Ce choix est en phase avec le modèle établi mais tourne le dos à l’avenir. En Loire-Atlantique, le bio représentait déjà en 2012 plus de 10% de la surface agricole utile et ne cesse de se développer. Particulièrement implantés dans la moitié ouest de Loire-Atlantique et dans le centre autour de Blain et de Pontchâteau, les agriculteurs bio sont de plus en plus nombreux. Ils échappent en partie à la crise agricole qui a frappé d’autres productions moins rentables. Ils bénéficient de solides structures communes comme le GAB44 et d’un bon réseau de vente directe. Il y a 125 AMAP dans le département pour 221 communes. Ils ont une image positive dans l’opinion. Par ailleurs, leur implication dans le soutien à la ZAD de Notre-Dame des Landes – et notamment des fermes et des projets maraîchers qui ont éclos ou sont en gestation sur la zone prévue pour l’ex-futur aéroport de Nantes – leur donne beaucoup de visibilité.
Jeunes et élus qui ont battu la gauche mis aux oubliettes
Deux candidats sont issus de mairies fraîchement conquises par la droite, mais sont positionnés en fin de liste. Il s’agit d’abord d’Isabelle Grousseau (25e), première adjointe à Thouaré, prise sur le PS en 2014. Cependant, cette élue encartée à l’UMP l’était déjà – dans l’opposition – pendant le précédent mandat. A la 30e place, on trouve Benjamin Morival, nouveau maire du Pellerin depuis 2014. Il a pris cette commune à la gauche, bien installée depuis 1989. Un militant bien au fait des arcanes de la droite locale commente, avec un peu d’amertume: « le fait qu’il soit relégué à la 30e place montre que les dirigeants à Nantes, qui sont tous des apparatchiks qui n’ont jamais réussi à se faire élire, et qui s’appuient sur des gens toujours élus dans des fauteuils, dans des communes qui sont un peu des bulles, n’en ont rien à f… des élus de terrain, de ceux qui mouillent le maillot et arrivent à arracher des communes à la gauche. »
Les dirigeants de la droite locale ont aussi fait peu de cas des jeunes. Le seul candidat est Thomas Tihy , mais en fin de liste (32e).
Enfin, le seul élu du département qui non seulement a conquis un très vieux fief de gauche, mais en plus a fait tomber la dernière citadelle communiste – Trignac – a été écarté. Cecii fait dire à un militant de droite nazairien : « ça, ce n’est pas une liste de droite. On a mis Merrer dont personne ne veut mais qui a été imposé au nom de l’union avec le Modem – qui ne pèse rien en voix – en revanche des gars qui ont eu vraiment des c…, comme Pelon [le maire de Trignac] n’y sont pas. Je ne voterai pas pour cette maison de retraite politique ! ». Mais la droite est tellement sûre qu’elle gagnera les Pays de Loire – grâce au vote massif en sa faveur de l’Anjou, de la Mayenne et de la Vendée, et à l’effritement espéré de la gauche en Loire-Atlantique et dans la Sarthe – qu’elle n’a manifestement pas eu pour première préoccupation de présenter une liste en phase avec ses électeurs et les réalités locales dans le département.
Photo : DR
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Une réponse à “Régionales. En Loire-Atlantique la droite donne la priorité aux notables et aux apparatchiks”
En train de se battre pour éviter de pointer à Pôle Emploi.
Les mêmes qui étouffent les citoyens.
Pendons les haut et court, surtout en période de guerre.