28/11/2015 – 05H30 Nantes (Breizh-info.com) – Seuls les naïfs pouvaient croire en ce qu’on leur racontait, à savoir que la raison principal du projet de construction d’un aéroport à Notre-dame-des-Landes tenait à l’augmentation du trafic à Nantes-Atlantique (Bouguenais). Il fallait déménager à tout prix, disait-on, car on courait à l’asphyxie … voilà ce que l’équipe Mustière répétait sur tous les tons.
Pour les esprits capables de faire le lien entre « l’aéroport du grand ouest » et les ambitions de Jean-Marc Ayrault pour l’agglomération nantaise, il était évident qu’il fallait chercher ailleurs la bonne explication. Du côté de l’urbanisme et de l’immobilier.
En effet, les élites nantaises rêvent de faire de leur cité une métropole de dimension européenne, capable de rivaliser avec Munich, Milan, Barcelone …Pour ce faire, il faut davantage de population, davantage d’activités, davantage d’entreprises… objectif qui exige du terrain pour accueillir cette nouvelle vague d’urbanisation.
Or, en cas de départ de l’actuel aéroport, 600 hectares seraient libérés à Bouguenais. Soit un potentiel, parait-il, de 6300 logements et 16 000 habitants. Et, suprême avantage, ces 600 hectares se trouvent à la porte de la ville de Nantes.
Jusqu’à maintenant, cette dimension demeurait cachée. Lorsque les élus et les agents du lobby béton-goudron (Alain Mustière, par exemple) développaient leurs arguments en faveur de la construction du nouvel aéroport, on avait toujours droit à un grand discours sur l’augmentation du nombre de voyageurs, sur le bruit engendré par les avions, sur la protection de la réserve naturelle du lac de Grand Lieu, mais il n’était jamais question de l’extension de la zone urbanisée.
Mais grâce à Philippe Grosvalet (PS) , président du conseil départemental de Loire-Atlantique, nous savons maintenant que « la question foncière est au coeur du projet de transfert d’aéroport ». Cet aveu de taille a été effectué lors d’une réunion avec les maires de Loire-Atlantique (10 novembre 2015). Evidemment, si l’on envisage de bétonner à Notre-Dame-des-Landes, c’est pour la bonne cause : « en libérant la capacité à densifier sur l’agglomération nantaise, sur un espace tellement contraint qu’on ne peut plus construire de logements, nous permettons d’éviter de grignoter sur les terres agricoles dans la périphérie nantaise. Nous protégeons les terres agricoles. Et c’est la cohérence de nos politiques à long terme : un projet d’aéroport, mais aussi, entre cet aéroport et l’agglomération nantaise, un périmètre de 19 000 hectares de terres agricoles protégées. Je préfère protéger des milliers d’hectares autour de la métropole et d’en réserver un millier pour une plateforme aéroportuaire – de terrain qui n’ont, d’ailleurs, pas la plus grande valeur agronomique en Loire-Atlantique. C’est un choix, sur le très long terme, que j’assume pleinement. J’ai été heureux d’entendre le Premier ministre reprendre cet argument. Que le projet de Notre-Dame-des-Landes est un projet de développement durable. Qu’il permet non seulement de préserver des habitants ici, mais de préserver des espaces qui permettront de répondre aux grands défis de densification urbaine». (Ouest France, 11 novembre).
Evidemment, Philippe Grosvalet est un grand humoriste. En résumé, en bétonnant à Notre-Dame-des-Landes, « nous protégeons les terres agricoles » (sic). Ensuite « le projet de Notre-Dame-des-Landes est un projet de développement durable » (resic). Enfin, la fable du périmètre de « 19 000 hectares de terres agricoles protégées » entre l’aéroport et l’agglomération nantaise ne résiste pas à l’examen. En effet, rapidement, un couloir d’urbanisation se mettra en place entre ces deux pôles : dérogations et réalisations d’« intérêt public » permettront de grignoter les terres agricoles.
Avec ce développement du plus grand intérêt – c’est la première fois que les choses sont dites avec autant de clarté – il est facile de comprendre que derrière le trio Ayrault – Grosvalet – Mustière se cachent les milieux d’affaire nantais.
Ces messieurs-dames ont de gros appétits. Tous alléchés par les 600 ha de Bouguenais ; banquiers, promoteurs, agents immobiliers, entreprises du bâtiment et des travaux publics, aménageurs, urbanistes… Les élus n’ont plus qu’à suivre le mouvement du « Progrès » .
Photo : DR
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5 réponses à “NDDL. Philippe Grosvalet (PS) passe aux aveux”
« ….il est facile de comprendre que derrière le trio Ayrault – Grosvalet – Mustière se cachent les milieux d’affaire nantais.Ces
messieurs-dames ont de gros appétits. Tous alléchés par les 600 ha de
Bouguenais ; banquiers, promoteurs, agents immobiliers, entreprises du
bâtiment et des travaux publics, aménageurs, urbanistes… » Et puis les valeurs de la république aidant, il y a sans doute quelques petires enveloppes.
OUaah Breizh Info!!! Mais quelle info OBJECTIVE! Même le titre ne l’est pas!!! C’est incroyable tant de mauvaise foi et prise de position!!!
Mais le pire, c’est que ce que vous dites est évident et on le sait depuis longtemps que cette zone profitera à certains et les raisons!!!!!! C’est bien vous les GROS GROS naïfs pour le coup! Vous pensiez quoi? qu’on allait faire des champs de patates?!!!
Et essayer de transformer cette conséquence du transfert de l’aéroport en raison presque principale, ça, c’est bien prendre vos lecteurs pour des GROS GROS naïfs aussi!!!
Sérieux, mais je suis mort de rire,tellement c’est énorme!!! Trop pitoyable, je ne trouve pas les mots, mais en tout cas je me serai bien marré, merci!!!!
Vous ne savez plus quoi inventer!!! U conseil: à un moment il faut arrêter!!!
Rien de très nouveau, on a l’impression que Breizh info découvre le dossier un an après tout le monde… De plus sur le fond, peut-on reprocher aux élus locaux de préparer l’avenir ? Il y a une forte poussée migratoire sur l’agglomération nantaise (pas seulement des étrangers… Je vous vois venir). Celle-ci est liée au dynamisme de cette métropole. C’est donc plutôt du bon sens de se dire qu’on va libérer des terres déjà urbanisées (celles de l’actuel aéroport de Nantes) et y loger un maximum de gens, sachant que c’est à 10 min du centre et que le tram est à deux pas. Inversement les terres de NDDL plus éloignées de Nantes sont parfaites pour y transférer l’aéroport et ses nuisances. C’est une décision d’aménagement du territoire. Certes on peut être contre, mais elle a une logique tout à fait défendable.
Je suis très perplexe, pas seulement sur cet aéroport mais sur la planification socialiste.
Pour moi le bon sens c’est d’assister à la création d’EMPLOI MARCHAND, et ensuite de suivre avec la logistique des infrastructures publiques. Pas l’inverse sans aucune visibilité.
Rappel : France – environ 18 millions d’emplois marchands depuis 2008 : stable. Ca baisse en Bretagne. Les emplois dans l’industrie baissent, c’est eux qui garantissent les exportations et la valeur internationale.
Ce dynamisme à la nantaise ou la rennaise, je n’en vois pas les fondements économiques. On crée des infrastructures publiques en espérant que les emplois marchands suivent. Effectivement ils vont suivre temporairement pour la construction de l’aéroport, TGV, logements sociaux … et après vous fabriquez quoi pour rembourser ?
Je soutiens l’argument globale que l’enjeu NDDL se base sur la spéculation immobilière–les terrains agricoles autour de NDDL se transformeraient au fur et à mesure de temps en zones industrielles (et leur axes routières) avec les prix foncières juteux qui vont avec.
Néanmoins je critique cet article pour sa propagation de la fausse notion que « le transfert » « libéra » du terrain à Bougenais. Dans tout que j’ai lu sur l’enjeu, Airbus (2000 emplois locaux) oppose le transfert, et continuera d’avoir besoin de la piste à Nantes-Atlantique pour ses livraisons Beluga. Un industriel aussi dépendant sur la soutien de l’État comme Airbus n’a pas forcément la liberté pour s’exprimer sur tout enjeu politique, mais d’après tout il sera toujours une piste d’atterrissage à Nantes-Atlantique.
Bon, si le système français arriverait à bétonner une vaste étendue du joli bocage, terres agricoles et zones humides (et les nappes phréatiques qui vont avec) pour une poignée des spéculateurs et leur fidèles édiles sans originalité ni imagination, c’est la rupture.