23/11/2015 – 08H00 Nantes (Breizh-info.com) – Technicien et élu CGT au CHSCT des Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire, Eddy le Beller, 46 ans et père d’une fille, dirigera la liste Lutte ouvrière en Pays de Loire. Nous avons posé quelques questions à ce militant LO de très longue date, puisqu’il y est engagé depuis 18 ans, et a déjà été candidat à plusieurs élections, dont les régionales en 2010 et les législatives (8e circoncription) en 2012.
Breizh Info : Eddy le Beller, quels sont les grands axes de votre programme ?
Eddy le Beller : Nous avons un programme de lutte. La situation des classes populaires ne cesse d’empirer, donc on ne va pas faire de promesses, mais défendre les intérêts vitaux. Et le premier d’entre eux c’est l’emploi. Nous voulons interdire les licenciements et répartir le travail disponible, ce qui ne se fera pas sans grosses bagarres sociales, on en est bien conscients. Il faut baisser la durée de travail pour intégrer nos 6 millions de chômeurs – et alléger la charge trop élevée de ceux qui ont un emploi et que les patrons ne cessent d’exploiter. La population doit aussi pouvoir mettre son nez dans les comptes de son entreprise. Aujourd’hui, un salarié qui mettrait sur la place publique une malversation ou le comportement profiteur de son patron pourrait se faire virer.
Breizh Info : les patrons français sont déjà accablés de charges et d’impôts, si en plus vous les dessaisissez de leur droit à gérer comme ils l’entendent leur entreprise – dans le respect des lois bien sûr – vous ne risquez pas de faire exploser ce qu’il reste de l’économie française ?
Eddy le Beller : Le personnel politique suit le discours des patrons. Le crédit d’impôt compétitivité recherche (CICE), c’est 20 milliards pour les grosses entreprises [presque : c’est aujourd’hui 18 milliards et la somme de 20 milliards sera atteinte en 2017 NDLR] ; pendant ce temps l’économie continue de s’effondrer et le chômage d’augmenter. Mais les marges des grosses entreprises sont sauvées, c’est tout ce qui compte.
Breizh Info : la majorité des patrons – les deux tiers – sont des très petites entreprises. Eux aussi s’en mettent plein les poches ?
Eddy le Beller : beaucoup de PME sont des filiales déguisées ou non de grands groupes. Et puis il y a un autre déséquilibre : plus les patrons sont gros, moins ils payent de charges, pendant que les petits ne s’en sortent pas.
Breizh Info : Vous vous focalisez dans votre programme sur des enjeux nationaux. N’avez-vous pas des propositions locales à l’échelle des Pays de Loire ou de la Loire-Atlantique ?
Eddy le Beller : les clés locales n’existent pas. Tout se décide à Paris ou ailleurs. Par exemple, pour les transports, le conseil régional a acheté des rames neuves, mais entre l’Etat qui n’investit pas et la SNCF qui n’embauche pas, il n’y a pas de résultats satisfaisants, les retards augmentent, les prix aussi, plus vite que les salaires d’ailleurs etc. Autre exemple : la région investit dans les lycées. Mais comme il n’y a pas assez d’enseignants – ce qui dépend de l’Etat – l’action régionale est très insuffisante.
De manière générale le monde du travail doit avoir son programme, sachant que les élections ne suffiront pas.
Breizh Info : Et que faudra-t-il donc ?
Eddy le Beller : les gens votent pour des promesses, qui filent à la poubelle dès les élections passées. Par exemple le vote des étrangers.
Breizh Info : vous y êtes favorable ?
Eddy le Beller : on est effectivement pour le vote des étrangers en situation régulière aux élections locales.
Breizh Info : et les clandestins ?
Eddy le Beller : Nous on règle ce problème. On est pour la régularisation de tous les clandestins.
Breizh Info : vous ne craignez pas de créer un appel d’air ?
Eddy le Beller : nous sommes internationalistes, donc de toute façon nous sommes pour la circulation et l’installation libre des gens dans le monde entier. Et l’accueil des migrants évidemment.
Breizh Info : on a tout de même l’impression ces derniers temps qu’il y a de bons et de mauvais pauvres. Des responsables politique de gauche – voire de droite – pleins de bonne conscience déroulent le tapis rouge aux migrants, des pauvres d’ailleurs, alors qu’ils se montrent incapables depuis des décennies d’améliorer le sort des pauvres d’ici. Qui galèrent pour se loger, travailler, vivre tout simplement, et dont on peut comprendre qu’ils sont en colère lorsqu’ils constatent que les pauvres d’ailleurs sont logés avec tout le confort, et même dans des châteaux, non ? On a vu récemment cette colère populaire éclater en Bretagne, à Sérent.
Eddy le Beller : la pauvreté progresse à cause de ceux qui nous exploitent, pas à cause des pauvres d’à côté ou de l’autre bout de la planète. On veut nous diviser et nous rendre moins à même de rendre les coup que nous portent les riches. Ceux qui coûtent cher à la société, ce sont les rentiers du CAC 40 qui ne savent pas quoi faire de leur argent. Les pauvres, eux, ils travaillent !
Breizh Info : que pensez vous de la réunification de la Bretagne ?
Eddy le Beller : Ce n’est pas une préoccupation du monde du travail. L’important, c’est de savoir dans quel camp social on est. Je milite pour une réunification du camp du travail, qui doit se faire aussi avec les étrangers. Je suis internationaliste : ce camp ne souffre aucune frontière que ce soit.
Breizh Info : quelle est votre opinion au sujet du projet d’aéroport de Notre-Dame des Landes ?
Eddy le Beller : Il faut faire de grands travaux dans la région mais il y a d’autres urgences que Notre-Dame-des-Landes. Qui sert surtout à rapporter de l’argent à Vinci.
Breizh Info : quels grands travaux proposez-vous ?
Eddy le Beller : construire enfin ces nombreux logements sociaux qui manquent tant aux classes populaires !
Breizh Info : quels sont vos objectifs électoraux ?
Eddy le Beller : nous n’avons pas d’illusions donc pas d’objectifs. L’évolution de la société ne va pas dans notre sens. On entend surtout parler les patrons, les huissiers, les notaires. Les classes populaires sont déboussolées par ce gouvernement de gauche qui tape sur le peuple. On va profiter de la campagne pour militer, voir les gens.
Breizh Info : qu’envisagez vous pour le second tour ?
Eddy le Beller : Seul le premier tour est vraiment important. Au second, beaucoup de gens n’auront plus le choix.
Photo : DR
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9 réponses à “Eddy Le Beller (LO) : « on est pour la régularisation de tous les clandestins » [interview]”
@wilf_bretagne Ça s’appelle du nihilisme, non ?
@vladivos7
C’est à croire que le réservoir d’adhérents s’est tari !?
C’est quoi son programme hormis aider les clandocs et les étrangers ?
Ce type est une blague, comme quoi on peut être débile et se présenter à une élection.
ces petits kamarades des Chantiers de l’Atlantique connaissent-ils son discours ? eux qui approuvent le FN
Excellente idée.
Ce type est un scandale, on devrait montrer son discours aux ouvriers qui manient les chalumeaux. Ceux qui donnent 50% de leur rémunération (hors marge commerciale) vers l’utopie socialiste. Après on leur dira qu’ils coutent trop chers pour délocaliser.
Il se bat quand ce « scandaleux » pour faire monter les salaires nets des collègues de travail ?
c’est vrai, d’un côté le camarade dénonce le dumping social qu’implique l’utilisation massive de main-d’oeuvre étrangère, et de l’autre le camarade veut naturaliser tous les étrangers ! Conclusion, il est schizo. Ce genre d’organisation trompe les salariés dans l’entreprise et veut tromper les mêmes lors des éléctions : votez pour moi contre votre travail, vos familles ! Du grand soir … ou du petit matin que tout ça ? ;-)
Question à la rédaction : comment avez-vous fait pour l’interviewer ? ce trotskiste ne connaissait pas votre site ?
Connaissant l’inculture des gauchistes c’est plus que probable
Je trouve cet homme très amusant: sans patron, comment feraient les pauvres pour travailler? C’est sûr qu’ils ne seraient pas exploités, seulement livrés à eux-mêmes…