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Bruno Retailleau (LR) : « Pour sortir de la crise, il faut sortir du socialisme.» (Exclusif)

19/11/2015 – 08H00 Nantes (Breizh-info.com) – Les Républicains des Pays de la Loire, contrairement à leurs homologues bretons, sont optimistes : un sondage BVA paru en octobre donne ainsi leur chef de file, Bruno Retailleau, en tête au second tour avec 45% des voix, devant le PS et le FN. M. Retailleau, ennemi intime de Philippe de Villiers depuis leur « séparation » politique, entend bien reconquérir une région perdue par la droite en 2004.

A la différence de la droite bretonne – qui semble tétanisée par la simple idée de hausser un peu le ton face à Jean-Yves Le Drian et à la gauche –  M. Retailleau et ses amis s’assument parfaitement de droite, y compris sur les grands sujets sociétaux, et ils le revendiquent. Considéré par ses opposants comme incarnant une « droite dure », le Vendéen avance, sereinement bien qu’étant également critiqué sur sa droite, par le Front national qui dénonce lui une « dérive à gauche ». Entretien avec celui qui pourrait devenir, dès le mois de décembre, le nouveau président de la région Pays de la Loire.

Précision : cet entretien a été réalisé avant les attentats islamistes de Paris.

Breizh-info.com : Pouvez-vous présenter votre parcours et revenir sur les raisons de votre engagement en politique

Bruno Retailleau : Je suis un élu vendéen. J’ai appris à aimer la chose publique en aimant la Vendée. Pendant 27 ans, j’ai été conseiller général d’un canton rural qui m’a vu naître et où je vis toujours. Les gens de mon village me connaissent, m’ont vu grandir. La vie communale et associative m’a appris ce qu’était la « Cité ». Je ne suis pas un poulet hors sol, je suis un enfant de la ruralité et je le revendique ! Sénateur de la Vendée depuis 2004, je suis fier de représenter mon département à la haute assemblée.

Breizh-info.com : Quel bilan dressez-vous de la majorité sortante (PS) à quelques semaines des élections régionales ?

Bruno Retailleau : C’est un bilan 100% socialiste : plus de chômage, puisque l’on compte plus de 122 000 chômeurs supplémentaires depuis que le PS et ses alliés dirigent la Région, plus d’administration car la gauche a recruté en moyenne 1 fonctionnaire tous les 15 jours, et bien sûr plus d’impôts comme la taxe sur les cartes grises qui a été augmentée de 85% ! Ma conviction, c’est que pour sortir de la crise, il faut sortir du socialisme.

Breizh-info.com : Quelles grandes mesures mettrez-vous en œuvre si – comme certains sondages l’indiquent- vous remportez la région ?

Bruno Retailleau :Je propose de dégraisser le mammouth régional pour muscler l’action économique de la Région. Car le rôle du conseil régional n’est pas de dépenser et d’embaucher à tour de bras, mais d’aider à créer de l’emploi dans les entreprises et sur tous les territoires. Pour cela, nous lancerons un grand plan anti-gaspillages qui permettra de réaliser près de 50 millions d’euros d’économies sur les deux premières années du mandat, et de mettre le paquet sur les solutions qui marchent : l’apprentissage avec notamment la création d’une prime régionale pour les PME, la simplification à travers la mise en place d’un interlocuteur unique pour les entreprises sur chaque bassin d’emploi, mais également la relance des grands projets d’infrastructures, en particulier dans le domaine routier car 95% du transport terrestre de marchandises se fait par la route dans les Pays de la Loire.

Je veux mettre l’administration régionale au service de nos TPE et de nos PME. Ce n’est pas aux entreprises de s’adapter au Conseil régional, c’est au conseil régional de s’adapter aux entreprises. C’est ce principe de bon sens que je veux appliquer à la Région.

Breizh-info.com : Vous avez voté contre la Charte des Langues régionales, et heurté de nombreux Bretons. Pourquoi ce vote ? Le Vendéen et Chouan que vous êtes n’aspire-t-il pas à plus de libertés régionales face au centralisme parisien ? Que pensez-vous de la réforme territoriale ? La Bretagne n’aurait-elle pas dû être réunifiée ?

Bruno Retailleau : J’ai toujours combattu le jacobinisme, y compris dans ma propre famille politique. Je crois l’avoir montré à de nombreuses reprises, notamment au moment de la réforme territoriale avec la défense des Départements. Je crois aux identités, à la valeur et même à la nécessité de l’enracinement. Mais je refuse l’instrumentalisation de nos identités locales. Car cette affaire n’est en réalité qu’une nouvelle diversion de François Hollande : depuis 2008, les langues régionales appartiennent au « patrimoine de la Nation ». C’est inscrit dans notre Constitution. Rien ne s’oppose donc à leur valorisation et à leur diffusion.

La vraie raison pour laquelle le président de la République a ressorti la Charte des langues régionales, ce sont les élections régionales ! Les socialistes sont prêts à tout pour éviter une 5ème gifle électorale, y compris flatter les sensibilités régionalistes. A l’électoralisme s’ajoute le risque communautariste : notre pays est aujourd’hui profondément divisé, fragilisé par une intégration qui ne fonctionne plus et une immigration qu’on ne contrôle plus. Ce n’est pas en fragilisant la langue française et donc l’unité française, que nous pourrons favoriser une véritable assimilation.

Concernant la question du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne, j’ai toujours été très clair : les Pays de la Loire sont aujourd’hui une réalité qui doit être acceptée et respectée. Cela ne veut pas dire que l’histoire doit être niée. Il est évident que la Loire-Atlantique partage avec la Bretagne des traditions et même une histoire commune. Cet héritage, je m’engage à le valoriser. Tout comme nous valoriserons les identités angevines, vendéennes, mayennaises et sarthoises. Car contrairement à la gauche régionale, je ne veux pas d’une région désincarnée. Nous devons construire notre unité régionale sur la diversité de nos identités locales.

Breizh-info.com : L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes se fera-t-il sous votre mandature ? Comment comptez-vous faire avec les occupants de la ZAD ?

Bruno Retailleau : Notre-Dame-des-Landes est devenu la vitrine de l’impuissance publique : plus de 200 exactions liées à la ZAD, des gendarmes attaqués, des riverains et des journalistes agressés, des entreprises menacées, sans compter le saccage à deux reprises du centre-ville de Nantes. Le laxisme, ça suffit ! La Loire-Atlantique n’est pas en dehors de la République.

Le gouvernement veut relancer les travaux : très bien, mais qu’il passe des paroles aux actes, qu’il s’occupe d’abord des zadistes. Pas dans quelques mois mais maintenant.

Car plus la situation s’éternise et plus la contestation s’organise, se radicalise. Qu’attend le gouvernement pour agir ? Que Ségolène Royal arrête de se comporter comme la nouvelle Aliénor d’Aquitaine ? Que l’élection soit passée pour ne pas trop froisser les Verts ? J’en ai assez que l’on fasse passer les intérêts personnels avant l’intérêt général, l’intérêt électoral avant l’intérêt régional.

Si je suis élu président de la région, j’exigerai dès le mois de décembre l’évacuation immédiate de la ZAD, et j’espère que le futur président de la région Bretagne fera de même car ce projet concerne nos deux territoires. Le Grand Ouest a besoin d’un nouvel aéroport, ne nous laissons pas intimider par les ayatollahs de la décroissance !

Breizh-info.com : Fusillades entre quartiers, viols en pleine rue, Nantes est-elle en train de devenir la Marseille de l’Ouest ? Que préconisez-vous face à l’insécurité ?

Bruno Retailleau : Comme vous le savez, la sécurité publique est une compétence de l’Etat, pas de la Région. Mais cela ne veut pas dire que le conseil régional ne peut rien faire, notamment dans les lycées ou dans les trains régionaux, qui relèvent de sa responsabilité.

Nous mettrons en place un programme régional de vidéo-protection pour équiper les établissements et les lignes TER où il existe des problèmes d’insécurité. Les lycéens comme les usagers du train doivent se sentir protégés.

Par ailleurs, nous nous mobiliserons contre un fléau qui est source d’insécurité : la drogue et d’alcool dans nos lycées. Les Pays-de-la-Loire sont l’une des régions où les addictions des jeunes sont les plus marquées.

Contrairement aux socialistes qui nient cette réalité, je refuse de me laver les mains devant le désespoir de milliers de familles. Nous lancerons un grand plan de lutte contre les addictions dans les lycées, en mettant en place des équipes anti-drogue qui feront de la prévention, en soutenant les chefs d’établissements qui font appel aux forces de police ou de gendarmerie quand la situation l’exige. Il faut réaffirmer l’interdit.

Breizh-info.com : Le conseil régional ne subventionne-t-il pas trop des associations qui ne représentent pas la population ? (exemple : les associations venant en aide aux immigrés, les associations communautaires …) Le cliéntélisme est-il la règle ? Quelle sera votre politique en terme de subventions publiques ?

Bruno Retailleau : Il n’y aura ni clientélisme ni favoritisme. Je veux instaurer une véritable transparence à la Région, à travers des actes concrets. Si les électeurs nous font confiance, nous lancerons un audit financier indépendant pour faire toute la lumière sur les engagements budgétaires de la Région et nous mettrons en place sur internet un « tableau de bord de l’efficacité régionale » qui permettra aux Ligériens de suivre et d’évaluer chaque action de la Région: les moyens financiers mis en œuvre, l’état de réalisation des actions, et les résultats obtenus.

Breizh-info.com :  L’immigration est un des sujets de préoccupation des Français. De nombreux maires de droite se sont précipités, y compris en Pays de la Loire, pour annoncer vouloir accueillir, souvent sans consulter leurs administrés, des immigrés. Y’aura t’il un recadrage si vous êtes élus  ? Quel est votre position sur cet accueil de populations dont rien ne prouve qu’elles sont vraiment réfugiés ? Pourquoi les déboutés du droit d’asile ne sont ils pas, majoritairement, expulsés ? Quelle politique pour les mineurs isolés étrangers qui font souvent parler d’eux dans la rubrique faits divers ?

Bruno Retailleau : Il y a quelques semaines, la gauche régionale a voté une aide de 100 000 euros pour l’accueil de migrants dans notre région. J’ai proposé deux choses à la Région, qui ont été immédiatement refusées.

La première : garantir que cet argent aille aux réfugiés, et seulement à eux, pas aux migrants économiques. Nous avons le devoir d’aider ceux qui fuient vraiment la mort, mais nous n’avons pas le droit de créer un nouvel appel d’air au regard de la situation économique et sociale de notre pays.
La seconde chose que j’ai demandé à la gauche régionale, c’est de consacrer la moitié de cette somme aux réfugiés qui sont encore en Irak, en Syrie ou même au Liban et en Jordanie.
Je me suis rendu à deux reprises en Irak, notamment à Erbil au Kurdistan Irakien : beaucoup d’hommes et de femmes que j’ai rencontrés veulent rester dans leur pays. Nous devons aussi les aider. Sur le plan humanitaire mais sur le plan militaire également, car tant que nous n’aurons pas éradiqué l’Etat islamique, les réfugiés continueront d’arriver sur nos côtes.

Concernant les mineurs isolés étrangers, c’est un problème que je connais bien pour avoir été président de département. Depuis une circulaire de Christiane Taubira de mai 2013, l’accueil et l’accompagnement de ces mineurs relèvent des conseils départementaux. Du jour au lendemain, l’Etat a exigé des départements qu’ils les logent et les accompagnent. C’est profondément scandaleux ! On demande aux conseils départementaux de gérer l’incapacité de l’Etat à contrôler et réguler les flux migratoires. Chacun doit assumer ses responsabilités : la politique d’immigration relève de la compétence de l’Etat, pas des départements !

Breizh-info.com : Avez-vous lu le livre de votre ancien collègue et ancien ami Philippe de Villiers. Qu’en avez-vous pensé ? La France est elle aujourd’hui menacée de submersion migratoire et de dissolution intérieure ?

Bruno Retailleau : Notre pays traverse une profonde crise identitaire, qui s’ajoute à la crise économique et sociale. Nous ne sortirons pas de cette crise par l’aigreur ou le ressentiment, mais par le rassemblement. Face à tout ce qui divise et fragilise la France, nous devons tenir un langage de vérité mais aussi d’unité. En politique, il est très facile de diviser mais beaucoup plus difficile de rassembler. C’est pourtant ce qu’attendent les Français de leurs élus, et c’est dans cet esprit que je mène ce combat des élections régionales.

Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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7 réponses à “Bruno Retailleau (LR) : « Pour sortir de la crise, il faut sortir du socialisme.» (Exclusif)”

  1. François Arondel dit :

    La dernière réponse illustre parfaitement la position d’un ami de Sarkozy concernant l’immigration; c’est la réponse absolument creuse d’un politicien qui ne veut surtout pas prendre position sur un sujet brûlant. Retailleau, Le Fur, même combat !

  2. Pschitt dit :

    « Le Grand Ouest a besoin d’un nouvel aéroport » ? Pure incantation sans la queue d’une démonstration. Le projet de NDDL a été établi selon des conceptions d’un autre temps, et ses partisans serrent les fesses en espérant qu’on ne pose plus la question. Dans la pratique, le développement actuel de Nantes Atlantique se fait principalement par création de liaisons low cost vers des destinations touristiques. Inciter les Grands Ouestons à aller dépenser leurs économies à Marrakech, Djerba ou Antalya n’apporte rien à l’économie régionale.
    Et puis, cette réponse sur un « nouvel » aéroport est une gaffe ! Les partisans de NDDL parlent toujours d’un « transfert » de l’aéroport de Nantes Atlantique, car depuis le Grenelle de l’environnement, seuls les transferts sont possibles. Entre les lignes, M. Retailleau admet ce que tout le monde sait : il n’est pas question de fermer Nantes Atlantique, on le gardera pour les besoins d’Airbus. Tant pis pour l’environnement et tant pis pour les contribuables…
    M. Retailleau est « moins pire » que MM. Auxiette ou Clergeau, c’est certain, mais il ne faut pas en attendre le coup de balai ni le langage de vérité dont nous avons besoin.

  3. Marie Martin dit :

    « sortir du socialisme » : surtout virer un grand nombre de ces élus pourris et évitez de revoter pour les mêmes vermines

  4. Antoine dit :

    Ils ne diminueront jamais leur nombre entre eux, il est partout le socialisme. De 600 000 élus, peuvent-il passer à 300 000 ou mieux 150 000. 250 députés. Virer cette régions PDL et un bon millier de parasites en moins.

  5. vince44 dit :

    Oui, Monsieur RETAILLEAU a raison !! Sortir du socialisme …et des Républicains aussi !!
    Laissons la chance à d’autres qui ne font pas partie de leurs magouilles communes !!

    • CL dit :

      Votez RETAILLEAU et vous aurez le contraire de vos souhaits

      • An dit :

        vince44 appelle à voter FN si je ne m’abuse.
        Votez plutôt Denigot « Choisir sa région, réunifier la Bretagne ». Ca va pas peser lourd. Mais si ya bien un truc qui fait flipper le jacobin, c’est le fédéralisme/autonomisme/indépendantisme. Entre ça et la soumission à l’islam, du FdG au FN, je ne doute pas une seconde qu’ils choisiront tous le fascisme vert.

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