19/11/2015 – 07H00 Nantes (Breizh-info.com) – D’anciens salariés de l’école Diwan de Nantes nous ont contactés afin de mettre au grand jour certaines difficultés rencontrées lors de leurs expériences professionnelle vécues là-bas.
« J’ai été employée en contrat aidé (CUI-CAE d’une durée de départ de 12 mois avec possibilité d’un an renouvelable). Je ne l’ai pas renouvelé car je n’en pouvais plus des conditions de travail. J’attends désormais depuis de nombreux mois de pouvoir être informé sur mon compte personnel de formation (CPF), mais mes anciens employeurs font la sourde oreille. J’ai dû appeler l’inspection du travail et vous contacter pour faire évoluer les choses » nous explique cette ancienne employée. « Le problème, c’est que c’est l’association d’éducation populaire qui gère les dossiers du personnel, et que la plupart sont des parents d’élèves qui n’ont aucune compétence dans la gestion des ressources humaines ainsi qu’en matière juridique. Il est de surcroît compliqué d’avoir un interlocuteur unique » nous confie-t-elle. Elle ne serait visiblement pas la seule à rencontrer ce genre de problème : « une collègue qui est partie il y a plusieurs mois attend toujours son attestation Pôle Emploi …».
Depuis l’abandon du DIF (droit individuel à la formation), fin 2014, les salariés doivent néanmoins être informés sur leurs heures de formation acquises au 31 décembre 2014, lorsqu’ils quittent leur emploi. Ces heures de formation viennent s’ajouter au CPF. C’est l’employeur (ici Diwan Naoned) qui doit faire la démarche afin d’inscrire chacun de ses salariés.
Il faut savoir que chaque école bilingue est gérée individuellement par deux associations. Pour Nantes, Diwan Breizh, association loi 1901, rémunère notamment les instituteurs. L’AEP, l’association d’éducation populaire, « gère les écoles Diwan de Nantes : moyens matériels et financiers, personnel non-enseignant. Elle fait partie du réseau Diwan dont le siège est à Landerneau. Chaque parent d’élève, enseignant(e) et personnel non enseignant(e) est membre de droit de l’AEP et a le droit de vote lors de l’Assemblée Générale.».
C’est donc de cette AEP que dépendent les employés ASEM (agent spécialisé des écoles maternelles) qui épaulent les enseignants ainsi que les « employés polyvalents », dont les tâches sont principalement le ménage, la surveillance des récréations et de la cantine scolaire.
Ces derniers sont recrutés par l’AEP via l’unité emploi du Conseil Départemental de Loire-Atlantique, pour ce qui concerne l’école Diwan de Nantes. L’Unité Emploi met en relation des associations comme Diwan avec un public précaire, bénéficiaire du RSA.
Si les ASEM sont des fonctionnaires en CDI, les employés polyvalents sont employés via des contrats aidés, rémunérés en grosse partie par le Conseil Départemental puisque les employés sont au RSA. Pour exemple, en 2015, selon l’arrêté préfectoral pris par la DIRECCTE des Pays de la Loire, le taux de prise en charge par le département est de 80% du taux horaire brut du SMIC, ce qui laisse à l’association un petit complément à régler . C’est d’ailleurs le lot de beaucoup d’écoles car cela ne concerne pas particulièrement Diwan.
« Je n’étais pas bien vue. On m’avait même affublé d’un surnom moqueur, parce que je ne collais visiblement pas aux autres employés dociles et parce que mon apparence et ma façon de parler montraient que mon niveau culturel et intellectuel ne correspondait pas forcément au rôle de simple employée manipulable que j’occupais » nous explique une autre ancienne employée.
« Beaucoup de personnes sont d’origine étrangères ou en situation précaire et ne se plaignent pas car heureuses de trouver ce travail à tout prix, mais les dirigeants de l’AEP ne traitent pas bien le personnel : changements de plannings avec horaires décalés sans tenir compte de l’avis des employés, aucune réponse lorsque les employés relèvent des problèmes et demandent un entretien, nous étions prévenues des réunions obligatoires qui avaient lieu le soir à la dernière minute, tâches ingrates, rien n’est fait pour intégrer ces travailleurs dans la pédagogie Diwan ». Une pédagogie pour les élèves autour de l’immersion en Breton et qui vise notamment « un usage social du breton.» . Pas vraiment appliquée avec le personnel si l’on en croit notre témoin : « j’ai été embauchée à ce poste car j’étais en situation précaire, mais par mes expériences précédentes j’avais des compétences pour faire autre chose que le ménage et la surveillance. Bien qu’on m’ait fait des promesses à mon embauche, on ne m’a pratiquement jamais permis d’utiliser ces compétences dans l’école. Pire même, la nouvelle équipe de l’AEP après la réélection du bureau ne connaissait même pas notre curriculum vitae et les compétences des uns et des autres… ils ne risquaient pas de nous proposer autre chose que toujours les mêmes tâches ingrates. Ca n’est pas normal que des employés au sein d’une association qui se veut prôner une autre vision de la société, en Breton, ressortent de là en ne sachant dire que Kenavo et Demat ».
Cette employée, qui s’est sentie elle aussi victime de « stigmatisation », notamment en raison de la croix catholique discrète qu’elle porte au cou, explique : « Les responsables de l’association parents d’élèves de cette école (qui changent fréquemment, ce qui rend ingérable le suivi des employés) sont les premiers à parler d’ouverture, de tolérance, d’humanisme, de solidarité. En public, ça fait bien et vendeur. Dans la vie de tous les jours, certains (heureusement ce n’était pas le cas de tout le monde) sont loin de se comporter de la sorte vis à vis de leur prochain » souligne t-elle avant de rappeler : « Heureusement, nos rapports avec les instituteurs étaient en général très bons.»
Des propos que nous a confirmé en confidence un parent d’élève d’Ille et Vilaine : « on trouve plein de parents d’élèves qui rentrent dans le bureau des AEP et qui sont des militants associatifs de gauche, d’extrême gauche, ou bien simplement des sympathisants de telle ou telle cause humaniste, solidaire ..et dans la réalité, quand vous leur donnez le rôle d’employeurs, ils se comportent comme les pires des patrons. C’est ahurissant, mais c’est la réalité. Ils croient que l’école leur appartient et qu’ils peuvent en faire ce qu’ils en veulent. Certains se serviraient presque de ces écoles pour se livrer à leurs expériences sociologiques douteuses. Cela montre clairement les limites du principe d’auto-gestion» nous confie celui qui militerait bien pour « plus d’organisation centralisée au sein de Diwan, pour la fin des AEP et pour un recentrage avant tout sur l’apprentissage et la diffusion du Breton, en respectant le personnel, les salariés et les enfants qui sont le centre de Diwan».
« Les contrats aidés dans cette école Diwan n’aboutissent de toute façon jamais sur quelque chose.» nous explique notre ancienne employée. « Pour beaucoup d’associations, ces contrats sont mis en place avant tout pour bénéficier d’aides publiques, et rarement pour assurer aux salariés aidés des perspectives d’insertion ou de réinsertion professionnelle » affirme un employée de Pôle Emploi. « Je n’ai pas le souvenir d’avoir vu passer beaucoup de personnes en contrats aidés qui par la suite, font carrière dans l’entreprise ou l’association qui les a embauchées. Mais par contre, ça permet de faire baisser les chiffres du chômage …»
Nous avons contacté l’AEP de Diwan Nantes pour avoir leur réaction, sans succès pour le moment. Néanmoins, il semblerait que notre contact effectué, tout comme le mail adressé à l’inspection du travail, ait porté ses fruits. Le crédit formation a été finalement déclaré
Photo : DR
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2 réponses à “Nantes. D’anciens salariés dénoncent les méthodes de l’AEP Diwan Naoned”
Il y a à boire et à manger dans cet article. La personne en question a tendance à exiger des égards que rien ne justifie : dans la vie professionnelle, on gravit les échelons par son mérite, même quand on a été une dame de la Haute…Mais d’un autre côté, Diwan est souvent géré n’importe comment par des amateurs qui font passer leur idéologie avant l’efficacité. Le breton et les Bretons pâtissent de cet amateurisme et de cette incapacité à avoir la gnaque pour réussir.
Dans les écoles Diwan il y a 2 assos, l’AEP et le Skoazell’ (comité de soutien) dont je fais parti sur une école.
Il faut voir le boulot que c’est !!…on cumule quasiment un 2e boulot par moment !
Effectivement, les contrats pour les personnels garderie ..etc..sont précaires..tout le monde le sait !.
la personnes dans l’article ne doit pas s’attendre à une évolution importante de carrière.
.On aimerait justement qu’ils soient pérennes..Diwan se bat pour ça….alors budgets sérrés depuis trop longtemps..quand on voit par comparaison que tout est donné à Div yezh (bilingue publique (cela n’est qu’un constat !..tant mieux pour eux).
Les menbres changent souvent ? ..parfois !..mais venez nettoyer avec nous la graisse des saucisses à 4h00 du mat’…organiser plus que les autres des activités toute l’année pour ramener quelques sous ..venez faire la compta’ jusqu’à minuit après votre journée de boulot !…
Vous tous bénévols potentiels’..rejoignez nous donc ..prenez consciences ,voyez dans quel état on aisse notre langue ancestrale être » indianisées » !…(3% d’une génération bretonnant)..en Corse (90 % !) Pays basque sud (50 % !)..Alsace (bientôt 30 % !)…
On le fait pour la Bretagne que l’on aime, sa langue, le biliguisme..sa culture..le respect dû à notre histoire..etc..
Dans notre école, il y a des cathos, Laïcs, athés,,musulmans, franco-africains, Bretons, non-Bretons..etc..on peut donc dire pas mal de diversité, et il n’y a jamais de problèmes !..il y a vraiment un respect mutuel !
On comprend néanmoins ces situations d’emplois précaires et nous nous mettons à la place des employés, que nous sommes aussi
pour la plupart dans le civil !.
Voilà pour mon témoignage.
En attendant , cela fait 2 ans que la présidente de l’AEP veut passer la main..avis aux amateurs.
Trugarez ha Kenavo.