16/11/2015 – 08H30 Nantes (Breizh-info.com) – Le moins qu’on puisse dire, c’est que la proposition de Daniel Cohn-Bendit de faire un centre de rétention pour les migrants de Calais plutôt qu’un aéroport à Notre-Dame des Landes a fait l’unanimité… contre elle. Des zadistes aux habitants du bourg de Notre-Dame des Landes en passant par les paysans ou les opposants à l’aéroport sur le web, personne n’en veut.
Au téléphone, Julien Durand, porte-parole de l’ACIPA, est un brin énervé : « je refuse de commenter des conneries pareilles ! » réplique-t-il en substance très sèchement. Un habitant du bourg trouve ce « Con-Bandit » (sic) « complètement idiot. Un aéroport ou un centre de migrants, autant choisir entre la peste et le choléra ». Un autre renchérit : « puisque ça lui tient à cœur, qu’il le fasse chez lui ! ».
Un paysan des environs de la ZAD sourit. « Bien sûr ! Qu’ils le fassent ! Et ensuite ils ajoutent un concasseur, un incinérateur d’ordures ménagères, et un centre d’enfouissement. Et même l’aéroport tant qu’à faire. Puis ils changent le nom de la commune. Poubelle, ça fera un très joli nom ». Quelques kilomètres plus loin, en limite de Vigneux, un zadiste est plutôt en colère : « il a rien compris lui. Le site est à 99% en zone humide, il a une biodiversité remarquable et un rôle de château d’eau ; on se bat contre son bétonnage. Que ce soit un centre de migrants ou un aéroport, faut pas bétonner ici, c’est pourtant pas dur à comprendre ! ».
Un autre habitant de la ZAD pense que « Cohn Bendit est bien représentatif de tous ces politiciens : ils s’en mettent plein les fouilles, ils ne connaissent rien aux dossiers dont ils parlent – ils ne veulent même pas comprendre ! Et ils ont des idées complètement en décalage avec la réalité ». Il renchérit : « le pire, c’est qu’eux ils peuvent les mettre en œuvre, en foutant en l’air la vie des gens et les écosystèmes ». Une habitante d’un hameau de Treillères, pas très loin de la ZAD, est très remontée aussi : « soit il a voulu rire mais ce n’est pas du tout marrant, soit il n’a rien compris ». Elle reprend un slogan des opposants à l’aéroport : « des légumes, pas de bitume, c’est clair non ? ».
Sur le web, pas plus d’adhésion pour cette proposition pour le moins insolite. Mélanie Favet appelle à réquisitionner des bâtiments vides, qui ne manquent pas, plutôt que de bétonner encore et encore : « Quel rigolo ce Cohn-Bendit… les résistants se battent à NDDL contre la bétonisation d’un lieu humide… Vous voulez soulager Calais ? Réquisitionner des endroits ou la spéculation immobilière fait rage partout en france… ». La page Facebook Montpellier à Vélo ne cache pas sa colère : « NDDL c’est un combat contre la bétonisation d’une zone humide et la perte de terre agricole alors qu’un jour on pourrait faire face à la famine ! Donc qu’on y mette un aéroport, un supermarché ou un centre de migrants c’est pareil ! Et puis les migrants ont-ils envie d’être au milieu de nulle part ? Cohn Bendit dit parfois des conneries politiciennes histoire de faire du buzz…. c’en est une ! ».
Sur un gros groupe Facebook d’opposition à l’aéroport qui regroupe plusieurs dizaines de milliers de membres, l’idée de Cohn Bendit ne remporte pas plus de suffrages. Pour Camille Soli « C’est Romain Goupil le va-t-en guerre qui a eu cette idée… Perso, je la trouve totalemetn foutrak parce que d’une c’est une zone naturelle et faire un camp là serait une sorte de retranchement… du n’importe quoi ! comme toujours chez Goupil . Que Cohn-Bendit le suive démontre qui lui aussi est à côté de ses pompes. Pourquoi pas un bidonville à NddL ». Pas moins critique, Christine Kornog : « L’idée n’est-elle pas de préserver des terres agricoles, des zones humides et des espèces menacées ??? Bétonner un centre pour migrants, super idée pour un (soi-disant) écolo (opportuniste) ! ». Lou Gsnr synthétise la raison de l’opposition des zadistes et opposants à l’aéroport à un centre pour migrants : « Ce lieu n’a pas vocation à être industrialisé, bétonné, c’est la nature même de l’occupation NDDL, du combat pour préserver le lieu naturel et protégé». Elle remarque cependant qu’un « accueil pour ces réfugiés est en effet nécessaire; mais le lieu n’est pas le bon, que ce soit pour eux comme pour l’environnement. »
François Mrc essaie de trouver une explication logique : « pour moi il n’y avait rien de sérieux dans sa remarque, il faisait remarquer à juste titre l’incohérence des décisions actuelles actuelles. Pour aller jusqu’au bout de l’incohérence politique il a sorti ça… ». Tandis qu’Aurore Carpentier résume le choix donné aux migrants et aux habitants de Notre-Dame des Landes : « En gros il ont le droit entre une solution de merde ou un aéroport de merde ben c sympa la France! ». Daniel Cohn-Bendit va venir soutenir la campagne de la tête de liste bretonne d’EELV le 18 novembre à Rennes : il aura probablement fort à faire pour s’expliquer sur sa proposition qui fait tant de vagues. Optera-t-il pour la solution de facilité en sortant l’excuse d’un trait d’humour maladroit ? Ou dira-t-il qu’il avait voulu – de façon tout aussi malhabile – copier le même raisonnement absurde qui fait que l’Etat qui organise un sommet international pour le climat affirme, à quelques semaines de la Cop 21, vouloir relancer les travaux d’un aéroport fort coûteux et dont l’utilité reste peu évidente ?
Photo : Dontworry/Wikimedia (cc)
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