14/11/2015 – 06H00 France (Breizh-info.com) – Lequel d’entre nous n’a jamais ouvert une bouteille de vin, de bière, de cidre ou d’apéritif ? Peu de personnes, sans doute ! Qui a déjà prêté attention au minuscule pictogramme qui, depuis le 3 octobre 2007 doit figurer sur tous les contenants de boissons alcoolisées dont le titre alcoométrique volumique est supérieur à 1,2° ?
Issu de l’article 5 de la loi n°2005-102 du 11 février 2005 « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », l’article L.3322-2 du code de la santé publique vise à faire figurer, sur toutes les unités de conditionnement de boissons alcoolisées, un «message à caractère sanitaire préconisant l’absence de consommation d’alcool par les femmes enceintes ». Selon la loi, le message de prévention peut prendre la forme d’une phrase littérale : « La consommation de boissons alcoolisées pendant la grossesse, même en faible quantité, peut avoir des conséquences graves sur la santé de l’enfant» ou d’un pictogramme. Les fabricants de ce type de boissons ont donc été au plus court et plutôt qu’une phrase bien visible, un minuscule pictogramme figure sur les contenants.
Pourtant, la consommation d’alcool pendant la grossesse est un véritable fléau hélas méconnu. Appelé SAF, le syndrome d’alcoolisation fœtale résulte de la consommation d’alcool par la future maman durant sa grossesse. Que cette consommation d’alcool soit importante ou non, quotidienne ou épisodique, pendant les périodes embryonnaire et fœtale, elle a une influence sur le fœtus et apparait sous forme d’anomalies physiques caractéristiques, de dysfonctionnement du système nerveux central et par des retards de développement avant et après la naissance.
En France, les troubles liés à la consommation d’alcool durant la grossesse touchent 1 % des naissances soit environ 7000 nouveaux enfants chaque année. Cumulé, cela signifie aussi qu’actuellement 500.000 français souffrent à des degrés divers de séquelles dues à l’alcoolisation fœtale. Même si une certaine prise de conscience a eu lieu ces dernières années, près de 25% des femmes continuent à boire durant leur grossesse. Ce syndrome n’est pas spécifique à la France : en Amérique du nord 40.000 enfants naissent chaque année avec le SAF ; en Italie 2 à 4% des enfants en sont atteints. Ce taux monte à 6,5% en Croatie.
Ce syndrome d’alcoolisation fœtale se traduit par un ensemble de déficiences (parfois cumulatives) pour le bébé. Quelle que soit la quantité absorbée par la future maman, l’alcool traverse le placenta et porte atteinte aux cellules en développement du fœtus. A ce stade du développement, le cerveau et le système nerveux central sont particulièrement sensibles à l’alcool et des dommages permanents peuvent apparaître ! Certains changements dans les caractéristiques faciales, la formation du cœur ou d’autres organes, des os sont courants chez les bébés atteints du SAF. Les signes des anomalies du système nerveux central, se manifestent quant à eux par un retard du développement, des problèmes comportementaux, des difficultés d’apprentissage et un déficit intellectuel. Les enfants atteints du SAF peuvent acquérir la capacité de parler ou de marcher plus tard qu’à la normale. Parmi les problèmes du comportement on retrouve de l’hyperactivité, de la nervosité, de l’anxiété et une diminution de la durée d’attention.
Les cas les plus graves du SAF entraînent une limitation du quotient intellectuel de l’enfant obérant ses capacités d’apprentissage. Mais surtout, il n’existe pas de moyen d’inverser les dommages causés par l’exposition prénatale à l’alcool. Les déficiences mentales et physiques associées au SAF et aux EAF durent toute la vie !
Dans notre société, le manque de sensibilisation aux effets de l’alcool sur un fœtus en développement est l’une des raisons du taux élevé du SAF. C’est la raison pour laquelle, au-delà du petit logo figurant sur les bouteilles d’alcool, il faut garder présent à l’esprit que le SAF est une affection qui peut être entièrement prévenue en s’abstenant de toute ingestion d’alcool par la future maman durant sa grossesse !
Il ne faut bien sûr pas compter sur les lobbies qui s’agitent autour des instances gouvernementales pour prendre en charge ce problème et intégrer la notion d’atteinte à la santé publique dans leur étiquetage. L’utilisation du logo dans sa forme minimale en est hélas la preuve matérielle. C’est donc à nous qui entourons dans la vie de tous les jours les futures mamans (et cela commence dès le plus jeune âge) qu’il appartient de parler de ce fléau et de ses conséquences humaines. Sans parler des millions qu’il coûte chaque année au budget de l’Etat !
Pour en savoir plus : http://saffrance.com/syndrome-dalcoolisation-foetale/
Jacques Spagnol
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