07/11/2015 – 09H00 Orvault (Breizh-info.com) – Seul le second tour de l’élection présidentielle de 2017 intéresse vraiment Nicolas Sarkozy. Sa conviction et son rêve est d’y être confronté à Marine Le Pen. Tous les sondages montrent en effet que la présidente du FN serait l’une des deux finalistes. Pour son compétiteur, la partie sera alors facile – comme pour Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen en 2002. Dans tous les cas de figure, Marine Le Pen sera battue. Comme en 2002, on aura droit à une mobilisation générale « anti » : évêques, artistes, journalistes, grand patronat, UMP, PS, petit monde de la communication …toute la classe dirigeante, pensante et possédante fera barrage.
Dans un duel contre Nicolas Sarkozy, elle pourrait obtenir 37% contre 63% à l’ancien président (sondage Opinionway, 18-19 avril 2015).
Encore faut-il que le candidat du Système, se donne les moyens d’être « rassembleur », efficace, capable de regrouper sur son nom électeurs de droite et de gauche.
C’est là qu’intervient le changement d’enseigne de l’UMP. Devenir « Les Républicains » ne relève pas du hasard. Opération strictement marketing destinée à montrer qu’au second tour de 2017, il y aura d’un côté le candidat des « républicains » (Sarkozy) et de l’autre celui des « non-républicains », voire des « anti-républicains » (Le Pen).
Sarkozy fera tout pour engager la campagne sur ce clivage.
Bizarrement, la caste médiatico-politique a dénoncé l’accaparement du substantif « les républicains » par Nicolas Sarkozy, sans voir ce qui se cachait derrière cette opération. C’est François de Rugy (ex-EELV), député de Nantes-Orvault qui a analysé le premier, en juillet 2015, les tenants et les aboutissants de la manoeuvre. « Certes, la transformation de l’UMP en parti des « républicains » est une opération de circonstance, dictée par la volonté d’échapper à l’assimilation médiatique du parti avec une multiplicité d’affaires judiciaires. Certes c’est un véritable hold-up sémantique, qui privatise une identité, celle de l’immense majorité de citoyens de ce pays, qui sont éminemment républicains mais ne se reconnaissent pas dans l’UMP rebaptisée.
Mais accordons une qualité à Nicolas Sarkozy ; il est loin d’être idiot. Et en choisissant ce nom pour son mouvement, c’est un pari sur l’avenir qu’il engage ; pouvoir être lui-même, au second tour d’une élection présidentielle, ou voir ses candidats devenir, au second tour des législatives, « candidats des Républicains ».
C’est-à-dire toutes celles et tous ceux qui s’opposeraient à l’élection de Marine Le Pen ou de ses candidats. Nicolas Sarkozy s’est prononcé, lorsque le second tour opposait la gauche au FN, contre ce qu’on appelait le « front républicain ». Son ambition, c’est que la vie politique tourne désormais entre le Front National et Les Républicains » ( « écologie ou gauchisme, il faut choisir ! L’archipel).
Guillaume Tabard, dans un récent « contre-point » (mardi 27 octobre 2015) a repris cette explication. « Lorsque, en mai dernier, il avait troqué le sigle UMP pour le nom des Républicains, Nicolas Sarkozy avait ciblé la gauche, accusée d’avoir « trahi, abandonné et abaissé » la République. Le PS s’était indigné et ce débat sémantique avait ranimé la querelle entre la droite et la gauche. Mais en fait, l’ancien chef de l’Etat, pensait déjà au scrutin d’après. Non pas aux régionales de décembre où il s’agira de battre la majorité actuelle, mais à la présidentielle de 2017 où, cette fois, Nicolas Sarkozy – s’il remporte la primaire – est persuadé d’affronter Marine Le Pen.
Dès le congrès fondateur du nouveau parti de la droite, c’est le scénario qu’il avait en tête : préparer les électeurs de gauche à la perspective d’un vote en sa faveur. « Contre le Fn, votez républicain » : tel est le message subliminal induit par ce changement de nom. Une forme de « front républicain » sans le dire et sans reprendre une expression qui a souvent agacé à droite et qui a fini par lasser à gauche ».
D’une certaine manière, les élections régionales pourraient servir de répétition de ce scénario attendu de 2017. Ou du moins en fournir un échantillon en Provence ou dans le Nord-Picardie. Le PS pourrait se retrouver placé face à un dilemme terrible : maintien au risque de favoriser la victoire du Front national ou bien retrait au prix d’une disparition totale de la région.
Pendant ce temps, « Sarkozy envoie quelques signaux aux électeurs de gauche afin de leur montrer qu’ils peuvent voter « républicains » en votant pour les Républicains. C’est le sens de la sanction dont a été victime Nadine Morano. « En montrant une différence de nature entre la droite et l’extrême droite, il chercher à favoriser de futures transferts de voix de gauche. En décembre d’abord. En 2017 ensuite . »;
Pour les élections législatives de juin 2017, le FN n’est pas suffisamment puissant en Bretagne pour rebattre les cartes. Une progression – même forte – n’entraîne pas la victoire, lorsqu’on part de très bas. UMP et PS ne seront donc pas confrontés à un choix cornélien au second tour.
Dans le cas de François de Rugy, dans la circonscription de Nantes-Orvault, alors qu’il était sortant et candidat de la gauche officielle, il avait frôlé la réélection dès le premier tour aux législatives de juin 2012. Avec 47,83% des suffrages exprimés, il devançait aisément le candidat de l’UMP (31,79%) et celui du FN (6,13%)? Au second tour, François de Rugy écrasait dans un duel facile François Pinte (UMP) : 58,94% contre 41,06%. Notons que Jean-Marc Ayrault, homme prudent, a pris soin de fournir à de Rugy un suppléant socialiste : Pascal Bolo, premier adjoint au maire de Nantes. De Rugy est donc encadré, et s’il devenait ministre, le PS récupérerait immédiatement la circonscription.
Les résultats de 2012 mettent normalement François de Rugy à l’abri d’un quelconque « front républicain ». Avec un recul de 5 ou 6 points, il conserverait tout de même sa circonscription en 2017.
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