4/11/2015 – 07H00 Irlande (Breizh-info.com) ‑ Des sans-papiers ghanéens, philippins, égyptiens et indiens contribuent à la prospérité de la pêche côtière irlandaise : telle est la révélation faite ce lundi par The Guardian dans un dossier très détaillé. Les immigrants clandestins font un travail dur, c’est le lot de tous les marins-pêcheurs. Mais en prime, assure le quotidien britannique, ils sont payés moins de la moitié du salaire minimum irlandais, travaillent plus longtemps, sont exposés à des risques supérieurs, et sont souvent consignés à bord quand les chalutiers rentrent au port. Le journal, qui a enquêté sur le sujet pendant une année, n’hésite pas à évoquer « une forme d’esclavage moderne ».
Appâtés dans leur pays par des filières d’immigration clandestines, les clandestins seraient acheminés via les aéroports de Belfast et Londres Heathrow, puis rejoindraient la République d’Irlande par la route en évitant les contrôles d’immigration. Ce circuit exploite une faille du droit britannique, qui permet aux gens de mer non citoyens européens de transiter sur le territoire du Royaume-Uni pendant 48 heures pour rejoindre leur navire dans les eaux internationales ; cette astuce a d’abord été utilisée au profit d’armateurs écossais (visés par un coup de filet de la police britannique en 2013).
The Guardian assure avoir repéré des immigrants illégaux dans de nombreux ports irlandais : Howth, Rossaveel, Killybegs, Arklow, Kilmore Quay, Castletownbere, Union Hall, Kinsale, Dunmore… Les premiers d’entre eux seraient arrivés dans les années 1990. Dans cette période de forte expansion économique pour l’Irlande, de nombreux pêcheurs ont quitté la mer pour le secteur du bâtiment. Certains armateurs auraient alors « importé » des équipages d’Europe de l’Est, avant de s’apercevoir que les sans-papiers africains ou asiatiques proposés par les filières de trafiquants leur coûteraient encore moins cher…
La présence de ces sans-papiers sur des chalutiers irlandais est connue depuis 2008. Le Guardian soupçonne le gouvernement irlandais de fermer les yeux : la plus grande partie des produits de la pêche irlandaise est exportée vers l’Europe, l’Amérique et l’Asie. Le secteur pèse à lui seul 850 millions d’euros par an. Le ministère de la Justice affirme cependant avoir pris des mesures. Qui ne sont pas forcément du goût des associations immigrationnistes : leur objectif n’est pas d’obtenir le renvoi des illégaux mais leur régularisation !
Cepndant, le recours aux immigrants non qualifiés, s’il est source d’économies, comporte aussi des risques, qui ne sont pas seulement juridiques. Des hommes qui n’ont pas suivi les formations obligatoires pour les marins irlandais, qui parlent mal l’anglais et le lisent rarement peuvent être à l’origine d’erreurs catastrophiques. Quand le chalutier Tit Bonhomme a coulé dans les parages de Cork en 2012, il avait à son bord deux Irlandais et quatre Égyptiens ; seul l’un de ces derniers a survécu au naufrage.
Photo : le port de Howth, près de Dublin, [cc] Tambako The Jaguar via Flickr
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2 réponses à “L’immigration, une chance pour la pêche irlandaise ?”
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A quel moment ? Lorsque l’un de leurs bateaux coule…?