03/11/2015 – 18H00 Nantes (Breizh-info.com) – Maintenant, à Nantes, l’on tire jour et nuit, sans que les pouvoirs publics et les forces de l’ordre ne puissent enrayer la spirale ascendante où la violence appelle la violence. Le 1er novembre, les affrontements entre le quartier de la Bottière – au nord-est de Nantes – et celui de Malakoff – à l’est de la gare et du centre-ville – ont causé encore deux blessés par balles. Et contribué à accréditer la thèse que ces violences qui durent en filigrane depuis mars dernier ont plus de lien avec des querelles entre quartiers voire entre familles qu’avec le banditisme organisé ou l’économie souterraine.
En effet, le 1er novembre vers 3 heures du matin, une salve de coups de feu tirés avec une arme de gros calibre retentissait en marge d’un mariage dans le quartier du Pin-Sec. Juste-au-dessus de la Bottière, à la salle du Radar, une famille bien connue à Malakoff, le quartier rival, célébrait une union. Un proche de la mariée – lui aussi vivant à Malakoff – a été blessé. Il est venu lui-même au CHU à Nantes et en est ressorti dans la matinée.
Quelques heures après, vers 12 h 30, un homme circulant à scooter est arrivé dans le quartier de Malakoff. Il s’est garé devant le 10 rue d’Angleterre et est allé discuter, d’après plusieurs témoins, avec un jeune homme du quartier assis sur un banc. Ils ont marché ensemble vers le fond du parking, du côté de la voie ferrée, tout en discutant. Les deux hommes n’ont pas du tomber d’accord, puisque le motard a subitement crié « je vais tous vous buter !», a sorti un pistolet et a tiré à bout touchant dans le ventre de son interlocuteur. Puis a redémarré en trombe. Grièvement blessée, la victime a été transportée au CHU.
Avec ce tir en pleine journée, non loin d’une voie ferrée où passent les trains qui relient notamment Nantes à Pornic et saint-Gilles Croix de Vie, un nouveau palier dans la violence est franchi. Des porte-flingues circulent impunément et font leur propre justice, sans que les forces de l’ordre ne puissent les arrêter. Le renforcement de leur présence se fait depuis le début du mois à effectif constant, les CRS censés sécuriser les quartiers étant mobilisés à Calais : « quand on fait des patrouilles plus rapprochées dans un quartier, on n’est pas ailleurs », commente un policier nantais. « Et puis c’est comme pour les rodéos ou les cambriolages : on ne peut pas mettre un agent 24h/24 au pied de chaque immeuble ».
Preuve que l’inquiétude gagne l’ensemble de la population, l’initiative de citoyens nantais révoltés par l’accroissement récent de la violence dans la capitale bretonne – outre la guerre entre les quartiers, il y a aussi le double viol d’une femme dans le quartier Bouffay qui a défrayé la chronique – et s’organisent afin de sécuriser la ville eux-mêmes. A quelques semaines des régionales, il devient urgent pour les pouvoirs publics de reprendre le contrôle sur les événements.
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