03/11/2015 – 06H00 Bretagne (Breizh-info.com) – Le budget alloué à l’immigration, à l’asile et à l’intégration grossira de près de 100 millions d’€ en 2016 par rapport à 2015, pour atteindre 703 millions d’euros. Cet argent servira notamment à l’accueil des 30,784 demandeurs prévus jusqu’en 2017, dont un millier en 2015 et 14.392 en 2016. La rallonge a été votée en première lecture par une quinzaine de députés, signe du désintérêt des représentants du peuple pour ce sujet pourtant important. Les 7 socialistes et un radical de gauche ont voté pour, l’élu front de gauche et l’écologiste se sont abstenus, les 3 élus UMP-LR et l’UDI ont voté contre, les deux représentants du FN étaient absents.
Cette rallonge prend en compte l’aide aux communes qui créent des places d’hébergement – 15 millions d’€ – mais aussi des moyens supplémentaires pour la prise en charge et le logement des demandeurs d’asile (57.4 millions d’€) et pour leur intégration (26.2 millions d’€). Débordés, l’Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) et l’OFII (Office français de l’immigration et de l’intégration) embaucheront respectivement 126 et 100 personnes supplémentaires.
30 millions d’euros d’économie sur les allocations
En revanche, l’allocation temporaire d’attente (ATA) versée aux demandeurs d’asile tant que le statut de réfugié ne leur est pas octroyé va être remplacée par une ADA (allocation pour demandeur d’asile et revue à la baisse). Selon le décret d’application une personne recevra 6,80€ par jour (contre 11.45€ aujourd’hui), et un couple 10,20 € par jour (contre 23 aujourd’hui). Une famille de trois personnes perd neuf euros par jour et une famille de quatre six euros.
Cette révision à la baisse devrait permettre à l’Etat d’économiser 30 millions d’euros… à condition que le nombre total de demandeurs d’asile reste à peu près conforme aux prévisions – c’est à dire 70.000 personnes en 2015 et moins de 90.000 en 2016. A la veille des élections régionales, il est difficile de ne pas voir aussi dans cette décision un signe d’apaisement envoyé aux électeurs, qui s’agacent de voir la France dérouler le tapis rouge aux étrangers alors que les problèmes économiques intérieurs s’accumulent. Cependant les associations d’aide aux migrants tempêtent, notamment parce que l’ADA est la seule source de revenus légale permettant aux demandeurs d’asile – ils n’ont pas le droit de travailler – de se nourrir, de s’habiller, de téléphoner, acheter des produits d’hygiène etc.
Un travailleur social nantais s’inquiète : « l’allocation existante est déjà très faible – il ne faut pas oublier que la moitié des demandeurs d’asile sont à l’hôtel voire à la rue faute de places dans les CADA – et cela pousse une partie d’entre eux à travailler au noir ou vers la criminalité. En la réduisant encore, est-ce qu’on ne risque pas d’agraver ces tendances ? » La question ne manque pas de pertinence, d’autant que rien n’est prévu aujourd’hui pour renvoyer chez eux les demandeurs d’asile qui n’attendent pas d’être régularisés pour enfreindre la loi.
En Allemagne, l’Association des Villes d’Allemagne a annoncé dans un rapport que l’accueil d’1,2 millions immigrés – pour la seule année 2016 – coûterait 16 milliards d’euros. Ces chiffres s’ajoutent aux 1,5 millions de migrants qui auront atteint le pays en 2015. Le tout alors que la moitié des 12 013 municipalités allemandes sont en banqueroute avec des besoins immédiats de l’ordre de 100 milliards d’euros pour simplement maintenir le niveau des infrastructures (écoles, routes, etc.).
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