16/10/2015 – 07H00 Nantes (Breizh-info.com) – Beaucoup d’habitants et de contribuables l’ignorent, mais l’action du département de Loire-Atlantique ne se limite pas à ses frontières. Et porte parfois très loin, de l’aide à l’élevage des chameaux en Tunisie à la prise en charge d’un professeur de français dans un village palestinien. Plus de 300.000 € sont voués en 2015 à la coopération internationale au Maghreb et en Palestine, tandis que le budget portant sur les initiatives en Europe recule de plus d’un quart entre 2014 et 2015. Ce budget de coopération internationale ne prend pas en compte les actions effectuées dans le même cadre par d’autres entités de Loire-Atlantique – qui peuvent être en partie subventionnées par d’autres budgets du conseil départemental.
En 2015, ce dernier a voté une somme de 759.000 € pour ses missions de coopération internationale, regroupées au sein de l’intitulé « politique départementale solidarités internationales et échanges européens ». Ce budget est en baisse de 17.68% sur un an, mais cette évolution cache une situation contrastée : le budget dévolu à la coopération décentralisée (Maghreb, Palestine), reste avec 302.391€ alloués, pile le même qu’en 2014, tandis que les autres missions voient leurs dotations reculer. Ainsi, le soutien aux projets associatifs internationaux (APADI) voit sa dotation s’effondrer de 26.46%, à 277.963 € tout de même, les dotations aux échanges européens avec l’Allemagne, la Hongrie et la Pologne reculent de 14,15% à 54.626€ et les actions de diffusion d’informations sur l’Europe perdent 30.33% de leur budget, en refluant à 124.020 €.
Le soutien aux projets associatifs internationaux (APADI) prend aussi en compte les congés solidaires des agents du conseil général, qui leur permet de mettre en valeur leurs compétences professionnelles et personnelles au bénéfice de projets soutenus par l’association Planète Urgence dans des pays en voie de développement : « en 2014, onze agents sont partis en congé solidaire pendant deux semaines sur des missions portant sur la protection de la biodiversité, la formation pour adultes et l’appui socio-éducatif aux plus jeunes au Bénin, au Madagascar et en Tanzanie ». Dix nouveaux volontaires ont été retenus pour partir en mission en 2015. Le reste de la mission concerne l’aide d’urgence internationale.
Soutien à la démocratie, aide aux handicapés et à l’élevage de chameaux en Tunisie
Hors de l’Europe, les programmes de coopération décentralisée auxquels contribue le conseil général de Loire-Atlantique CG44 se trouvent en Tunisie, au Maroc et en Palestine. Dans ce premier pays, les actions du CG44 sont concentrées sur la ville côtière de Mahdia et quatre villes son arrière-pays : Chorbane, Ouled Chamek, Souassi et Hbira. Dans cette dernière ville en particulier, un don d’un minibus a été réalisé lors d’une mission de l’institut médico-éducatif de Vallet. Les actions se font sur plusieurs axes : « soutien aux micro-projets et au microcrédit, développement de centre d’aides par le travail et d’institutions d’aide aux personnes en situation de handicap, scolarisation et lutte contre la déficience visuelle avec l’opération »Lunettes pour tous » (…) création de revenus complémentaires pour femmes en zones rurales ». Parmi ces activités de soutien des femmes et des « jeunes diplômés au chômage », on apprend que 30.000 € ont été obtenus par le conseil général auprès du ministère des Affaires Etrangères dans le cadre de l’appel à projets franco-tunisien de 2014. « Cela permet le soutien de 85 personnes pour leur assurer la possibilité d’exercer l’élevage de camélidés ».
Dans la ville de Mahdia, des échanges entre élèves des collèges Victor Hugo à Nantes et Lumbroso à Mahdia ont été mis en place depuis quatre ans autour de la classe bilangue anglais-arabe du lycée nantais – ils se cantonnent pour l’instant aux supports vidéo et web, mais des voyages scolaires sont prévus. Un centre médico-psychologique – le premier de Tunisie – a aussi ouvert à Mahdia en mars 2014, sur le modèle de celui de Guérande et en coopération avec l’association nazairienne le Phare. Les droits de l’Homme ne sont pas oubliés : « l’accompagnement de la transition démocratique sera maintenu en aidant les acteurs locaux à organiser des réunions, à informer les citoyens du territoire et à proposer des outils concrets (formation à la création d’associations, sensibilisation aux droits des femmes) pour faciliter l’exercice de la démocratie ». Un partenariat a aussi été signé entre la ville tunisienne et Saint-Nazaire, dont les fonctionnaires partagent leur expérience sur les thèmes de la mise en valeur du patrimoine – Mahdia a été jusqu’au XVIe un grand centre islamique de la région – et du traitement des déchets. La Chambre d’Agriculture de Loire-Atlantique « s’est engagée sur un programme d’action pluriannuel avec un nouvel axe sur la gouvernance des coopératives agricoles, avec échanges d’agriculteurs », tandis que le lycée professionnel maritime de Nantes a formé les marins du centre de pêche local.
Maroc : formation des éducateurs sociaux et aide au tourisme
Au Maroc, les actions du conseil général sont dispersées dans la préfecture d’Agadir – Ida Outanane et la province de Chtouka Ait Baha, et sont organisées sur deux axes. Le premier, le développement social et civique, concerne plusieurs actions. Notamment des formations de professionnels et d’étudiants en action sociale locaux (éducateurs spécialisés, de jeunes enfants, assistants sociaux) qui ont bénéficié en 2014 de 140 semaines d’échanges, en lien avec l’association régionale d’intervention et de formation en travail social (ARIFTS). Ce projet est soutenu par le Ministère des Affaires Etrangères français et le Ministère de l’Intérieur marocain pour un montant de 68.000 € sur deux ans (2014 et 2015). Une licence professionnelle en accompagnement social sera aussi délivrée dans le cadre de ce projet par l’université d’Agadir.
Un effort particulier a été fait sur les politiques sociales dans la commune d’Ait Amira – et bénéficie de 120.000 € d’argent public français et marocain dans le cadre de l’appel à projets de coopération entre les deux pays. Parmi les actions entreprises, il y a des consultations au centre d’accueil pour les femmes victimes de violences, un programme de formation et de suivi des nourrices, un projet d’implantation de crèches dans les douars – qui devrait se finaliser en 2015 – et la mise en place d’un service public de transport scolaire.
L’autre axe concerne le tourisme et le patrimoine dans la province de Chtouka Ait Baha, notamment pour « développer le potentiel éco-touristique du territoire autour de la randonnée et des hébergements touristiques ruraux ». L’association locale des gîteurs et le conseil provincial du tourisme ont participé au salon du Tourisme à Nantes. Un trek a été mis en place en 2013, puis « un nouveau produit de randonnée découverte, qui présente la particularité d’être personnalisable, sera testé » en 2015 et « proposé aux agents du département » via le Comité des Oeuvres sociales du conseil général. Les actions du CG44 concernent aussi « l’appui en ingéniérie » auprès des gîteurs locaux, « l’animation de sessions de formation auprès des personnels des établissements hôteliers d’Agadir » faite par des enseignants du lycée hôtelier Nicolas Appert et le «développement de l’éco-tourisme et d’une économie rurale de proximité » dans le pays rural d’Imouzer situé au nord-est d’Agadir.
Palestine : des pompiers aux coopératives féminines en passant par les camps de jeunes
En Palestine enfin, les actions du Conseil Général se concentrent dans le gouvernorat de Jénine, au nord de la Cisjordanie. Le 6 février 2014, lors de la venue des partenaires palestiniens en Loire-Atlantique, un partenariat a été signé entre le département, le gouvernorat de Jenine et la municipalité de Marj Ben Amer pour trois ans, jusqu’en 2016. Il se déploie selon plusieurs axes, de la défense civile à l’éducation, en passant par la jeunesse, la santé et le soutien de l’emploi féminin.
Du côté de la défense civile, un centre de secours (pompiers) est en construction sur la commune de Marj Ben Amer. Le département donnera un camion fourgon pompe tonne acquis auprès de l’usine SIDES à Saint-Nazaire – Israël a déjà donné son accord pour son transfert et le SDIS 44 formera les pompiers palestiniens. Pour ce qui est de l’éducation, un jumelage entre un collège du département et un collège de Beit Quad est prévu. Dans ce village, le département prend déjà en charge le salaire d’une enseignante de français et les frais d’inscription de 30 élèves à l’examen du diplôme d’études de langue française. Le taux de chômage en Palestine dépassant 26% de la population active, il n’est pas difficile de penser que ces élèves, une fois devenus grands et formés avec l’argent des contribuables de Loire-Atlantique, tenteront de rejoindre ce département pour tenter d’y trouver un travail.
Pour la jeunesse, deux jeunes de Marj Ben Amer ont passé un stage de formation au BAFA et une centaine ont bénéficié d’un camp de jeunes de dix jours en août 2014. Le Conseil Général travaille en lien avec les CEMEA (centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active) et l’association Human Supporters basée à Naplouse. Pour ce qui est de la santé, une mission technique a été envoyée en avril 2014 avec Agnès Muet, chef du service de protection maternelle et infantile, et Georges Picherot, ancien chef du service pédiatrie du CHU de Nantes, et elle a conclu, « compte-tenu du très bon niveau de formation des médecins et personnels soignants palestiniens », à la nécessiter d’aider le futur centre de santé de Marj Ben Amer. Enfin le département souhaite développer les coopératives féminines – qui permettent un complément d’activité aux familles et un supplément d’indépendance pour les femmes – en soutenant, en lien avec l’association Andines en France, les coopératives du village d’Aljalameh.
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Une réponse à “Conseil départemental de Loire-Atlantique : plus de 300.000 € dépensés en 2015 au Maroc, en Tunisie et Palestine”
Et la politique linguistique de la loire atlantique c’est pour quand!