02/10/2015 – 08H00 Rennes (Breizh-info.com) – Lundi, les députés examineront en deuxième lecture la proposition de loi d’Alain Claeys (PS) et de Jean Leonetti (LR) sur la fin de vie, après que le Sénat ait rejeté le texte en juin. D’ici là, samedi, le collectif Soulager mais pas tuer organise le samedi 3 octobre des rassemblements devant les préfectures des 13 régions issues de la réforme. En Bretagne historique, des rassemblements sont donc organisés devant les préfectures de Nantes (quai Ceineray) et de Rennes (rue Martenot).
Issu d’une convergence entre associations de défense de la Vie – comme Alliance Vita – et de collectifs médicaux, comme Soigner dans la Dignité (étudiants en médecine) ou Convergence Soignants Soignés, le mouvement Soulager mais pas tuer se veut « apolitique et areligieux ». Il est parrainé par Philippe Pozzo di Borgo, tétraplégique dont la vie et la guérison a inspiré le film « Intouchables ».
« Le mouvement a été créé le 5 novembre 2014 », nous explique Anne-Charlotte Ravinier, qui s’occupe de l’antenne départementale du mouvement à Orléans. « Nous demandons deux choses : la clarification du texte, qui pose d’insolubles problèmes de déontologie, et l’accroissement des moyens pour les soins palliatifs, une promesse faite par François Hollande en 2012 et qui n’a pas été tenue ». Ouvertement opposée à l’euthanasie, elle estime que « le médecin a fait le serment de garantir et de protéger la vie. Il ne peut pas être mis au service de la mort, fut-elle choisie ».
Magali Jeanteur, responsable de Soulager mais pas tuer à Nantes, est directement concernée. Son mari a échappé à l’euthanasie. Atteint du locked-in syndrome après avoir été fauché par un camion en 1997, cet ingénieur formé à Polytechnique et père de trois enfants ne peut plus parler, ni utiliser ses membres. Mais ses facultés intellectuelles sont intactes. Pendant son coma, les médecins interprètent un de ses gestes comme une volonté de mourir et décident de l’arrêt des soins ; sa femme se bat pour qu’il soit soigné. Une fois qu’il se réveille, il lui affirme, avec un geste de la main, sa volonté de vivre.
« Avec la loi qui arrive, il aurait pu ne pas être ranimé », explique Magali Jeanteur, qui fustige « une législation générale qui vient trancher des situations individuelle très compliquées ». Elle-même médecin chez les sapeurs-pompiers, elle s’inquiète de cette « loi très ambiguë et très compliquée pour les soignants. » Elle insiste sur la nécessité de développer les soins palliatifs : « à partir du moment où l’on laisse le champ libre à l’élimination de personnes, même avec les meilleures intentions du monde, on peut aller très loin. Ce qui se passe est très grave et dangereux ».
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