Régionales 2015. Lutte Ouvrière, toujours fidèle au poste

24/09/2015 – 07H00 Bretagne (Breizh-info.com) –  A Lutte Ouvrière, ramasser des gamelles n’empêche pas de remettre le couvert à l’élection suivante. Aux élections régionales de 2004, la liste LO, en association avec la LCR, avait réalisé un « beau » score au premier tour en Bretagne (4) : 4,67%. Pas suffisant pour être remboursé des frais de campagne. En 2010, on retrouve un résultat plus habituel : 1,47 % pour LO et 2,49% pour le NPA. Toujours pas question de bénéficier de remboursement.

La porte-parole de LO, Nathalie Arthaud, vient d’annoncer que son parti sera présent dans douze régions de France métropolitaine aux régionales ; il n y a qu’en Corse que le parti trotskiste brillera par son absence. Particularité de LO : la composition sociale et sociologique de ses listes. Elles ne ressemblent en rien à celles de la concurrence. A LO, on a affaire aux « vraies gens ». En 2010, la tête de liste, Valérie Hamon, était conductrice de trains, tandis que la plupart des candidats étaient ouvriers ou employés. Rien à voir avec la liste « socialiste » faite de profs, de collaborateurs d’élus, de bobos, de professionnels de la politique, de « consultants » …

Aux élections régionales de 1998, la règle du jeu était différente de celle que nous connaissons aujourd’hui : des listes départementales, un seul tour, proportionnelle intégrale pour les 83 sièges à pourvoir (pas de prime majoritaire). Si bien que, dans les Côtes d’Armor, la liste LO avait obtenu 5,14% des suffrages exprimés. Et sa tête de liste, Martial Collet, ouvrier chez Chaffoteaux et Maury (Saint-Brieuc), délégué syndical FO dans cette entreprise, avait été élu.

Isolé, M. Collet siégeait dans le haut de l’hémicycle, bénéficiant de l’hostilité générale, droite et gauche confondues. Mais, courageusement, il tenait tête et se permettait de voter seul contre tous, après avoir expliqué les raisons de son vote dans un silence assourdissant. Bref, un homme au caractère bien trempé et possédant la tripe militante.

Il détonait dans l’assemblée – peut être était-il le seul ouvrier – par son vocabulaire qui n’avait rien de politiquement correct. Si bien que le président, Josselin de Rohan, s’efforçait de ne pas lui donner la parole ou bien s’empressait de l’interrompre.

Bien entendu, « à gauche », personne n’intervenait en la faveur de M. Collet lorsque celui-ci était victime des mauvaises manières du président de Rohan. Il est vrai que ce dernier, président du groupe RPR au Sénat, n’était pas habitué à ce qu’on attaquât frontalement le grand patronat… lui qui appartient à la famille de Wendel.

On ne pouvait pas en dire autant des sept conseillers régionaux du Front national. Des petits notables « de droite » , qui s’empressaient de servir la soupe à de Rohan dès la première séance. Pour l’élection du président, le groupe frontiste présenta un candidat au premier tour, puis vota pour de Rohan au second, participant ainsi à son élection. Les électeurs du FN n’avaient certainement pas prévu que leurs élus se rallieraient aussi vite à la majorité UDF/RPR.

Si, au lieu d’aligner des petits notables, le FN avait possédé des élus appartenant à la catégorie militants, ceux-ci auraient pu « mettre le bordel » au conseil régional, grâce au « vote révolutionnaire » : en votant pour Jean-Yves Le Drian, ils assuraient son élection. Deux avantages. D’une part, panique à gauche avec un président élu grâce aux voix du FN – effet médiatique garanti – d’autre part, défaite de la droite, l’ennemi prioritaire du Front national.

Plus tard, le groupe FN explosa. Trois conseillers régionaux restèrent fidèles à Jean-Marie Le Pen. Les quatre autres rejoignirent le MNR de Bruno Mégret. Encore plus tard, un des lepénistes, ancien capitaine de la marine marchande, rejoignit la majorité de droite et reçut une récompense : la médaille de la marine marchande.

Et un pourboire : lors des sessions, un chauffeur de la région venait le chercher à son domicile à Dinard. Un taxi – aller et retour – payé par le contribuable. Tout ce petit monde retourna très vite au néant politique. Dès les régionales de 2004, les deux femmes et les cinq hommes frontistes et ex-frontistes disparurent des écrans radars.

Bernard Morvan

Photo : DR
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