16/09/2015 – 07H30 Bretagne (Breizh-info.com) – Le premier épisode de la deuxième saison de l’émission Hent Ar Frankiz est paru : cette fois-ci, Pierre Toullec revient sur les restrictions drastiques concernant le retrait d’argent liquide dans les distributeurs, nouvelle atteinte à la liberté individuelle des citoyens.
Hent Ar Frankiz (version texte)
La guerre contre le cash n’est pas une nouveauté, et nombre d’Etats ont franchi de nouvelles étapes au cours des dernières années. L’Italie a déjà imposé la limite de 1.000 €. Le Mexique a imposé une limite de 200.000 pesos, la Russie 10.000 $ et l’Espagne 2.500 €. Ce ne sont ici que quelques exemples des limites existantes dans le monde.
D’autres pays ont choisi une stratégie différente. Aux Etats-Unis, il n’y a pas de limite légale mais depuis 1969 sous la Présidence de Richard Nixon, la Banque Centrale n’imprime plus aucun billet de banque d’une valeur supérieure à 100 $, soit 89 € ! En Europe, la BCE monte quand même à 500 €. Ainsi, les paiements en liquide sont devenus très compliqués aux Etats-Unis, les sommes importantes nécessitant un important volume de billets à transporter, sans compter la difficulté de trouver un nombre suffisant de billets dans une société où le chèque a mauvaise réputation.
Les raisons données sont toujours liées à la « sécurité » ou au « bien commun ». Ainsi, lorsque le gouvernement Français a décidé d’interdire les paiements en liquide, l’excuse fut de dire que l’attaque contre Charlie Hebdo avait été financée par de l’argent liquide. Cette excuse est absurde. Qui va être impacté par cette interdiction de payer en liquide des sommes supérieures à 1.000 € ? Les criminels qui se fournissent des armes par le biais du marché noir ? Ou bien les citoyens qui respectent la loi ?
La réalité, c’est que les gouvernements détestent la monnaie liquide. Plus les citoyens possèdent de billets entre leurs mains plutôt que de les conserver en banque, moins l’Etat est en mesure de contrôler cette monnaie. Or, l’ensemble du système financier et bancaire est basé sur le contrôle de cette monnaie, à travers les banques privées et les banques centrales pour permettre une politique inflationniste. Pour en savoir plus, vous pouvez vous référer à notre épisode 1 de la première saison sur l’inflation.
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Grâce à cette inflation, les Etats peuvent se financer et diminuer le poids de leurs dettes, mais la valeur de la monnaie liquide que vous avez entre vos mains diminue à toute vitesse ! Pour reprendre l’exemple Américain, un billet de 100 $ procure aujourd’hui moins de pouvoir d’achat qu’un billet de 20 $ de 1969 ! En Europe, la comparaison directe est difficile à faire sur une telle période du fait de l’adoption de l’Euro et des différences de valeur de cette monnaie entre les pays.
Pour mettre les choses en perspective pour la Bretagne et la France, 1.000 euros, ce n’est après tout que deux billets de 500 ! C’est une somme très limitée qui va empêcher tous ceux qui ont pour habitude de garder du liquide et de payer avec de payer de la manière dont ils le souhaitent !
J’ai moi-même dépassé cette limite il y a peu de temps, et à plusieurs reprises. De 2012 à 2014, j’ai principalement vécu à l’étranger, en Irlande, en Angleterre et au Portugal. Revenu en Bretagne il y a un an, je viens tout juste d’emménager dans un petit appartement dans le centre de Brest. La limite de 1.000 euros m’empêche de faire deux choses : valider le bail de location (un mois de loyer + la caution + les frais d’agences donne une somme supérieure à 1.000 euros) et meubler cet appartement, puisque je ne possédais pas de meubles en Bretagne. Meubler seulement partiellement une surface de 36 m² en prenant uniquement des meubles de premier prix chez Ikea m’a coûté plus de 1.000 euros : impossible de meubler cet appartement avec de l’argent liquide.
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Alors pourquoi cette guerre contre le cash ? Dans une société qui dépend d’un Etat qui crée continuellement une forte inflation, l’ensemble du système financier vit de bulles spéculatives et de dettes publiques. La liberté d’utiliser le moyen de paiement que vous souhaitez diminue le contrôle de l’Etat et des banques privées sur votre vie, remettant en cause tout le château de cartes financier. Les banques elles-mêmes veulent pouvoir contrôler précisément ce que vous faites, contrôler vos achats et vos dépenses. Pour cela, elles dépendent de votre utilisation de la carte bancaire ou du chéquier. Ces banques privées travaillent main dans la main avec l’Etat pour contrôler vos dépenses. Deux exemples précis le démontrent.
Premièrement en France, vous n’avez pas le choix : vous devez ouvrir un compte bancaire dans une banque. La Banque de France et l’Etat appellent cela le « droit au compte ». En réalité, il s’agit d’une obligation : il était interdit de payer un salaire supérieur à 1.500 euros autrement que par virement bancaire ou par chèque. C’est-à-dire que si vous aviez un salaire supérieur au SMIC, vous ne pouviez pas être payé en liquide, vous étiez forcés de posséder un compte dans une banque privée. Cette règle était valable avant le 1er septembre. Désormais, l’interdiction de payer davantage que 1.000 euros en liquide rend cette règle caduque, favorisant une fois de plus les banques privées et le contrôle de l’Etat sur nos vies.
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Deuxièmement, au Royaume-Uni, un scandale a éclaté début 2014. Les possesseurs de comptes chez HSBC UK se sont vus refuser le retrait leur propre monnaie pour des sommes supérieures à 1.000 £. De nombreux clients se sont vus devoir négocier, voire supplier leur banquier pour retirer des sommes conséquentes de leur propre argent sur leurs propres comptes ! Non seulement, HSBC demandait la raison pour laquelle ils voulaient retirer des sommes supérieures à 1.000 £, mais de plus la banque a refusé à de nombreux clients de retirer ces sommes même lorsqu’ils en ont donné la raison ! La banque avait adopté dans le plus grand secret, sans prévenir ses clients, une nouvelle règle en novembre 2013 contre les retraits d’argent. L’affaire n’est devenue publique que lorsqu’un certain Stephen Cotton a souhaité retirer 7.000 £ pour rembourser sa mère sur une aide qu’elle lui avait procurée. Après de longues négociations, il est parvenu à retirer 3.000 £.
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La guerre contre le cash n’est donc pas une question de sécurité contre le terrorisme. Il s’agit purement et simplement de permettre à l’Etat et aux banques privées de contrôler précisément vos vies en contrôlant ce que vous achetez et qui vous paie. L’objectif est de « sécuriser » le château de cartes branlant du contrôle de la monnaie par les banques centrales pour favoriser une politique inflationniste pour financer les dépenses hors de contrôle des pays Occidentaux, en Amérique du Nord comme en Europe !
Dernièrement, un économiste salarié de Citibank, Willem Buiter, a proposé aux Etats-Unis d’interdire purement et simplement toute utilisation d’argent liquide pour permettre à la banque centrale Américaine de proposer des taux directeurs inférieurs à 0%, c’est-à-dire des taux négatifs, permettant ainsi de créer massivement de la monnaie avec une politique inflationniste, et surtout permettant aux banque de gagner de l’argent simplement par le fait d’emprunter à la FED, sans même utiliser cet argent !
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Il est fondamental pour notre société de lutter contre cette guerre contre le cash. Il nous faut récupérer le droit de payer en liquide les sommes que nous souhaitons sans être contrôlés par les banques privées, qui sont partenaires directs de l’Etat. Ainsi, nous aurons une fois de plus progressé sur la Route de la Liberté.
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