Le diocèse de Nantes et la commune de Saint-Viaud en pointe sur la solidarité avec les clandestins

10/09/2015 – 07H00 Nantes (Breizh-info.com) – « Nous n’avons pas attendu l’appel du pape pour agir », explique Xavier Brunier, en charge des solidarités pour le diocèse de Nantes. Face au tsunami migratoire qui atteint l’Europe, le diocèse réfléchit cependant comment intensifier ses efforts. Certaines communes lancent elles aussi des initiatives qui vont dans le sens du diocèse. Ainsi le maire de Saint-Viaud propose de loger des Syriens dans le presbytère de la commune.

Celui qui est en charge de toutes les politiques sociales du diocèse de Nantes nous précise que « le diocèse de Nantes aide au quotidien plus de 200 réfugiés et demandeurs d’asile, dont l’immense majorité est musulmane ». L’Eglise est traditionnellement engagée auprès des personnes en situation de précarité – prisonniers, catégories sociales fragiles, SDF etc. mais aussi des immigrés. L’action du diocèse se divise en plusieurs pôles. D’abord le Secours catholique, qui distribue des vivres, « mais fait aussi de l’accueil, de l’accompagnement humain et donne des cours de langue ». Ensuite la pastorale des migrants. Même si le mot rappelle le catéchisme, « la dimension spirituelle est en arrière-plan par rapport à l’accueil humain, et beaucoup de musulmans en bénéficient ».

« on sert des repas sans porc et on ferme pendant le ramadan »

Rue du Chapeau Rouge à Nantes, le diocèse gère le Logis Saint-Jean : « Il y a des machines à laver pour que les migrants puissent laver leurs affaires, des ordinateurs, et l’on sert 100 à 120 repas par jour ». Comme la majorité des immigrés sont musulmans, l’Eglise s’adapte : « on sert des repas sans porc et on ferme pendant le ramadan ».

Une structure, Accueil d’abord, s’occupe spécialement des demandeurs d’asile déboutés – et qui normalement n’ont pas à rester sur le territoire français. Dans sept logements sur l’agglomération sont accueillis ainsi une trentaine de clandestins.

Une autre structure met en relation des familles qui souhaitent accueillir des immigrés. Sous le nom de code Welcome, ce réseau permet à un demandeur d’asile d’être accueilli 4 à 6 semaines dans une famille, puis une autre prend le relais, et ce pendant 8 à 9 mois, le temps que les autorités administratives répondent. Près de 14 familles sont impliquées à ce jour dans le réseau, « mais c’est en train d’augmenter vertigineusement, car les gens sont sensibilisés à la détresse des migrants », confie Xavier Brunier.

Concernant l’appel du pape, « nous réfléchissons comment nous pouvons faire pour l’appliquer. On a quelques presbytères qui sont vides et qui peuvent être rendus habitables rapidement », explique le responsable diocésain. « Après, nous n’imposerons rien à personne : si une paroisse n’a pas les moyens ou qu’il n’y a pas de bonne volonté, elle ne fait pas ». Du reste, « plusieurs familles nous ont déjà proposé des capacités d’hébergement et on reçoit d’autres propositions ces jours-ci, il y a une vraie solidarité qui est en train de se mettre en place », se félicite Xavier Brunier.

Celui-ci s’alarme en revanche des nombreux cas d’expulsion de SDF de leurs foyers, mis à disposition des clandestins car les places manquent et les dispositifs d’hébergement sont tous saturés. « Il n’y a pas de bons pauvres – en l’occurrence les migrants – et les mauvais pauvres, c’est à dire les nôtres. Il faut aider tous les pauvres, et c’est très dangereux de lâcher certains pauvres pour d’autres ». Transmis au maire de Dinan  qui veut vider le foyer d’urgence pour y mettre des clandestins.

Saint-Viaud en pointe sur l’accueil des clandestins

« Si Saint-Viaud, 2200 habitants, accueille une ou deux familles de réfugiés, sa morphologie ne sera pas cardinalement changée», note Roch Cheraud, maire de cette petite commune du pays de Retz, à quelques encablures de Paimboeuf. Ancien cadre bancaire à la Caisse d’Epargne, où il était chargé de l’économie solidaire sur une bonne moitié du département, il est maire depuis 2014.

En proposant d’accueillir une ou deux familles de Syriens dans l’ancien presbytère, le maire de Saint-Viaud a déclenché une tempête. Et suscité au moins une autre initiative similaire, puisqu’à Fégréac, au nord du département, le maire divers gauche milite lui aussi pour que sa commune accueille des clandestins. Roch Cheraud nous explique que son initiative n’a pas été prise sur un coup de tête : « ça faisait longtemps que ça nous trottait dans la tête, l’an dernier on avait pensé se jumeler avec un village syrien ou irakien pour accueillir une ou deux familles de leurs réfugiés, mais sur le plan administratif, c’était difficile ».

Le presbytère que la commune veut mettre à disposition est « en bon état. Le dernier prêtre est parti en 2010 et il accueille régulièrement des religieux – des sœurs de Saint-Gildas cet été par exemple ». Il appartient au diocèse de Nantes, qui a reçu la demande du maire de la commune et devrait logiquement l’accepter. « Toutes les initiatives de ce genre sont les bienvenues », nous confiait Xavier Brunier, délégué aux solidarités du diocèse de Nantes, à ce sujet.

« nous, on veut des réfugiés politiques, et non économiques. Des Syriens, une ou deux familles »

Le maire de Saint-Viaud pose clairement les limites : « nous, on veut des réfugiés politiques, et non économiques. Des Syriens, une ou deux familles ». La commune craignait la barrière de la langue – personne ne parle arabe – mais « on a eu une bonne volonté : un vitalien, employé chez Airbus, s’est proposé pour faire l’interprète ». Le maire a consulté ses conseillers par mail et «va rajouter une motion à l’ordre du jour du conseil municipal, qui se réunit jeudi ».

Sur la page Facebook de la commune, les réactions sont assez contrastées. « Nous avons reçu des commentaires franchement désobligeants, mais qui n’émanaient pas toujours de nos habitants », confie le maire. Benjamin Leduc, de Saint-Viaud, s’en remet à la démocratie directe : « je serais vous, je proposerais un réferendum afin que les vitaliens et vitaliennes décident ». Franck Nauleau, de Frossay, soutient l’initiative mais trouve qu’il aurait fallu s’y prendre avant : « je suis tout à fait d’accord pour les accueillir, mais pourquoi se décider maintenant et pas avant, il a fallu le petit garçon échoué sur la plage pour ouvrir les yeux ». Le même estime cependant que « Saint-Viaud ferait mieux de trouver des logements pour ses citoyens plutôt que de s’occuper des autres ». Valérie Ganachaud rejoint cette thése : la vitalienne s’interroge : « n’y aurait-il pas au moins deux familles à Saint-Viaud ou dans les communes voisines qui auraient besoin de cette aide précieuse, un logement ? ». Dominique Martinez soutient totalement l’idée du maire : « je suis fière d’être vitalienne ! ».

Roch Cheraud espère que son initiative fera des émules. « D’autant que ce n’est pas ruineux : comme ce seront des réfugiés politiques, ils auront le droit d’asile. Et nous, si on paie l’électricité et l’eau, ça fera tout au plus 1000 € par an. Pour une commune de plus de 2000 habitants en plein développement, c’est tout à fait supportable ». Sur sa page Facebook, la commune fait valoir la tradition d’accueil de la commune, n’hésitant pas à remonter… aux Guerres de Vendée : « En 1914, puis en 1940, la commune de Saint-Viaud a largement ouvert ses bras aux réfugiés compatriotes de Verdun et de l’est de la France, mais aussi aux étrangers belges. Saint-Viaud a connu les malheurs de la guerre quand il y a deux siècles la paroisse a été ravagée par les colonnes infernales de la Terreur, nos populations ont trouvé refuge dans d’autres contrées avant de revenir au pays. »

Histoire locale à laquelle se réfère Roch Cheraud : « les Chéraud étaient installés dans le Vignoble, puis dès le début du XVIIIe siècle, ils ont migré à Frossay pour faire des tonneaux. Les communes de Frossay, Vue et Saint-Viaud ont été ravagées et brûlées par les colonnes infernales qui poursuivaient mes ancêtres – qui tuaient gaillardement les Bleus. Ma famille a passé la Loire, a été accueillie à Campbon, puis est revenue une fois la tourmente passée. Les vitaliens qui critiquent devraient garder à l’idée qu’ils ne seraient pas là si leurs ancêtres n’avaient pas été accueillis par une famille inconnue pendant cette époque très difficile ». Cette explication convaincra-telle ses administrés ? Le débat est ouvert.

Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine

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6 réponses à “Le diocèse de Nantes et la commune de Saint-Viaud en pointe sur la solidarité avec les clandestins”

  1. Albret dit :

    @boris_lay Photo de moutons, pour l’Aïd.

  2. Marie Martin dit :

     » l’Eglise s’adapte aux migrants » : en effet c’est le minimum que l’on puisse faire pour les recevoir dans de bonnes conditions.
    Surtout, n’oubliez pas d’enlever les croix au dessus des lits, ça pourrait faire désordre, respectons la laïcité.
    En ce qui concerne le porc, ce n’est pas sympa de leur part, ils pourraient faire un geste de citoyenneté envers nos agriculteurs Bretons qui sont dans la détresse, non dans la misère.

  3. Greg dit :

    Quand on n’a pas fait le dixième de tout ce tintouin quand on a écartelé, violés, décapités les chrétien!. Un peu de raison SVP Greg

  4. Fjodor Sławomir dit :

    Ne serait-ce qu’en observant la photographie illustrant l’article, l’on souhaiterait se convertir à la religion orthodoxe.

  5. Cadoudal dit :

    « le diocèse de Nantes aide au quotidien plus de 200 réfugiés et demandeurs d’asile, dont l’immense majorité est musulmane » Donc, les presbytères vides faute de vocations, les chrétiens d’Orient laissés à leur sort, mais on accueille les ennemis. Aimer son prochain comme soi-même, implique qu’on veut pour lui la vie éternelle, qui ne peut s’acquérir que par la connaissance et l’amour du seul vrai Dieu. Là nous sommes face à un suicide volontaire.

  6. frankizbreizh dit :

    grand n importe quoi cette église de france!

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