10/09/2015 – 07H30 La Chapelle Basse Mer (Breizh-info.com) – La Chapelle-Basse-Mer est – historiquement – une des villes limitrophes, côté Bretagne, à la frontière avec la France. Cette commune de Loire-Atlantique , qui compte plus de 5 000 habitants, est aujourd’hui menacée d’effacement, en raison d’une fusion avec Barbechat, commune voisine de 5km et comptant 1200 habitants, souhaitée par les maires des deux communes sans consultation préalable de la population. Le futur nom, Divatte-sur-Loire, efface en effet totalement l’identité de cette commune martyre de la révolution française.
Le 11 février dernier, une proposition de loi pour « l’amélioration du régime de la commune nouvelle » était adoptée à une large majorité par les députés français, puis validée au Sénat avant d’être promulguée au JO en mars. Cette loi permet à des communes de fusionner , moyennant des compensations financières versées par l’Etat.
Derrière ce regroupement entre ces deux communes, nombreux sont les habitants qui y voient la volonté d’effacer leur mémoire collective tout en gagnant de l’argent.
Une pétition a déjà réuni plus de 1000 signatures dans la commune et une centaine sur Internet. Le journaliste Armel Joubert des Ouches a réalisé un reportage, au sein de la commune, afin de recueillir le sentiment des habitants.
En 2014, une fusion entre 6 communes avait été proposé pour créer « une commune nouvelle ». « L’un des objectifs poursuivis était alors le maintien, pendant trois ans, du montant des dotations versées par l’Etat au fonctionnement de notre commune. » stipule la pétition. Une alternative avait alors été proposé par les conseils municipaux de Barbechat et de La Chapelle Basse Mer qui ne souhaitaient pas voir leurs communes rurales intégrées dans une grande ville de 20 000 habitants.
Néanmoins « La consultation des chapelains a été une véritable mascarade puisqu’il était interdit d’utiliser les noms de Barbechat ou de La Chapelle Basse-Mer dans la proposition » explique Bruno Martin, conseiller municipal d’opposition dans la commune.
Durant la Révolution française, la Chapelle Basse Mer fût le théâtre de massacres perpétrés par les soldats de la République. Selon l’historien et spécialiste des Guerres de Vendée Reynald Secher, en 1794, 800 personnes, hommes, femmes, enfants, vieillards furent assassinés par les républicains.Un de ses livres, écrit en 1987 et Prix d’histoire de l’Académie française 1987 (Prix Georges-Goyau, médaille de bronze) s’intitulait d’ailleurs La Chapelle-Basse-Mer, village vendéen : révolution et contre-révolution et reconstituait les exactions commises par l’armée de la République.
Cette commune bretonne jouxtant la Vendée a également été particulièrement saignée durant les deux guerres mondiales, ce qui fait dire à certains de ses habitants, choqués par le changement de nom programmé : « on veut tout simplement effacer notre identité, notre mémoire. Après le Génocide Vendéen, c’est un mémoricide qui continue, organisé par la République française. ».
Une réunion publique d’information est prévue ce vendredi 11 septembre, auprès des administrés. L’ambiance s’annonce tendue, et la municipalité pourrait bien devoir reculer sous la pression populaire.
« Aujourd’hui c’est la mémoire de La Chapelle Basse Mer qui est attaquée. Mais demain, avec les fusions entre communes pour des raisons uniquement économique, qui vous dit que tous les Saints de Bretagne ne disparaitront pas également, absorbés par ces nouveaux territoires de la République vidés de tout marquage identitaire ? » s’interroge Amélie, membre de l’association Mémoire et futur de l’Europe.
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