03/09/2015 – 08h00 Nantes (Breizh-info.com) – François de Rugy, député de Nantes-Orvault et coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, est passé à l’acte : franchir le Rubicon : « je quitte Europe Ecologie car pour moi, EELV, c’est fini . Le cycle ouvert par Daniel Cohn-Bendit en 2008 est arrivé à son terme; Aujourd’hui, on n’arrive plus à avoir les débats, ni de fond ni stratégiques, au sein d’un parti qui s’enfonce dans une dérive gauchiste ». Mais M. De Rugy ne renonce pas à l’action politique : « je ne suis ni dans l’idée d’adhérer à une autre formation, ni d’en créer une autre. Je veux fédérer les écologistes réformistes, ceux qui ne sont pas à EELV et ceux qui y sont encore; Dans les mois qui viennent, il y aura des recomposition et des choses nouvelles à inventer au delà de la forme du parti traditionnel. Celle d’EELV est d’ailleurs l’un des plus usées . » (Le Monde, 28 août 2015).
Ces grandes ambitions, il les résume ainsi : « je veux jouer un rôle d’éclaireur, de pionnier, de défricheur » (Libération, 28 août 2015). Vaste programme.
En attendant, il admet qu’il s’est « trompé » en préférant Eva Joly à Nicolas Hulot pour représenter les Verts dans la course à l’Elysée en 2012 : « elle nous a dit qu’elle ne proposerait pas aux Français, en guise d’écologie, de prendre une douche froide dans le noir. Eh bien, la douche froide, on y a eu droit, et elle a même été glacée. » (JDD, 30 août).
Il parait que le départ de François De Rugy ne réjouit pas les frondeurs. Depuis Marennes, Christian Paul, ancien signataire de la motion B au congrès socialiste de Poitiers en juin souligne : « il ne faudrait pas que François de Rugy soit le Robert Hue de l’écologie » . Il prévient : « si ce but est de faire une petite cabane verte autour de quelques-uns qui fassent allégeance à je ne sais pas qui, cela n’a aucune chance de fonctionner. » (Le Figaro, 28 août 2015).
A l’approche de l’élection présidentielle de mai 2017, il y a certainement « quelque chose à faire » pour aider François Hollande à la peine ces temps-ci. Un sondage IFOP pour Paris Match (27 août 2015) montre en effet que l’affaire se présente mal. A la question « si le premier tour de l’élection présidentielle se déroulait ce dimanche, pour quel candidat voteriez-vous ? ». Réponse : 26% Marine Le Pen, 24% Nicolas Sarkozy, 20% François Hollande, 11 % François Bayrou, 9 % Jean-Luc Mélenchon, 4 % Nicolas Dupont-Aignan, 3% pour Cécile Duflot et 3% pour l’extrême gauche (NPA et LO).
Pour faire face à la « très forte dynamique électorale » du FN et à « la droite » qui « s’organise pour préparer l’alternative en 2017 », François de Rugy fait une proposition : « face à cela, la gauche et les écologistes resteraient les bras ballants ? Une primaire est incontournable. En 2011, cela avait permis d’avoir un débat avec différents candidats et différentes sensibilités, que ce débat soit tranché directement par les sympathisants de gauche et enfin de se rassembler. Si on ne veut pas subir le même processus d’auto-élimination que lors du 21 avril 2002, il faudra se rassembler. Je ne me résous pas à ce processus de division qui mènerait à un funeste choix entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen au soir du premier tour de la présidentielle. » ( Le Monde, 28 août 2015).
Effectivement , le processus de primaire étendue aux écologistes permettrait d’éviter la candidature de Cécile Duflot – Madame 3%. Ce qui donnerait à François Hollande de meilleures chances de participer au second tour.
Et, face à Marine Le Pen, sa réélection serait assurée une simple formalité – comme pour Jacques Chirac en 2002 face à Jean-Marie Le Pen. Les choses iraient encore mieux si les dirigeants du Front de gauche acceptaient de participer à ces fameuses primaires … un seul candidat pour toute la gauche serait le rêve pour M. Hollande.
Deux petits mois nous séparent des élections régionales. Difficile de construire une nouvelle boutique en si peu de temps. Sinon de Rugy et ses amis auraient pu se souvenir de la « recette » utilisée par François Mitterand à la veille des élections régionales de 1992. A l’époque, les Verts évoluaient à haut niveau, gênant sérieusement le PS, donc l’Elysée. D’où l’idée de fabriquer un bidule susceptible de leur prendre des électeurs. Ce fût « génération écologie » avec Brice Lalonde et Jean-Louis Borloo. Réussite totale : au conseil régional de Bretagne, ils disposèrent d’un groupe comme les Verts. Deux petits groupes au lieu d’un gros si ces derniers avaient été les seuls en poste.
D’où sortaient les nouveaux venus de « GE » ? D’un peu partout, du RPR, des milieux centristes, du néant …des branquignoles qui se rallièrent rapidement à la majorité de Josselin de Rohan (RPR) moyennant quelques petits pourboires.
Ces écologistes d’opérette servirent à casser l’élan des Verts et à jouer les supplétifs de la droite.
Bernard Morvan.
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Une réponse à “Nantes. François de Rugy roule pour Hollande”
François de Rugy, supplétif de la droite ? C’est une blague ? Si François de Rugy était resté fidèle à la ligne EELV, son avenir était réglé : il doit son poste de député à la bienveillance du Parti socialiste. Pour avoir une chance de conserver son siège la prochaine fois, il doit absolument coller au PS. D’autant plus que, faute d’expérience professionnelle hors de la politique, il est difficilement recasable. La COP21, au mois de décembre, devrait être l’occasion idéale pour créer un nouveau mouvement écologiste, à la marge du PS, voire à l’intérieur du PS…