02/09/2015 – 06H30 Nantes (Breizh-ino.com) – Alors que les élections régionales de décembre approchent à grands pas , nous continuons notre tour d’horizon des têtes de liste déclarées pour la Bretagne, mais aussi pour les Pays de la Loire. Dans cette région qui inclut administrativement la Loire-Atlantique, la bataille devrait faire rage entre Les Républicains, le Parti socialiste et le Front national. La droite – divisée du Front national aux Républicains en passant par Debout la France – devrait néanmoins avoir énormément de mal à reconquérir cette région gérée par la gauche depuis 2004.
Au centre, le MoDem de François Bayrou a désigné Patricia Gallerneau comme tête de liste chargée de rassembler le plus large possible au centre pour les élections à venir. Nous l’avons interrogé, sur son parcours politique, mais aussi sur des questions d’actualités, locales, et internationales.
Breizh-info.com : pouvez-vous présenter votre parcours politique. Qu’est-ce qui vous a fait rejoindre le Modem ?
Patricia Gallerneau : J’ai rejoint le Modem en 2006 pour soutenir François Bayrou dans son mouvement de rassemblement et d’ouverture, au-delà des partis, pour une politique autre et sortir du bipartisme sclérosant. J’y suis restée depuis, il avait une vraie vision humaniste et le profond respect de nos identités et nos langues régionales que je partageais. Il prône une union nationale pour sortir le pays de l’ornière où il se trouve, et je le soutiens dans cette vision d’une politique sans sectarisme au-dessus des clans !
Breizh-info.com : quel bilan tirez-vous de la majorité sortante au conseil régional ?
Patricia Gallerneau : Une partie de ce bilan est acceptable. Il est critiquable en ce qui concerne les résultats dans la lutte contre le chômage, le soutien compliqué, multiple, désordonné et donc moins efficace aux entreprises, les grands retards en ce qui concerne l’accessibilité, la mobilité et l’équilibre entre les territoires, la toujours grande fracture numérique entre zones urbaines et zones rurales et littorales.
Je déplore le mépris de la Loire atlantique et de son histoire en matière de culture. Je regrette aussi le manque de transparence, les dépenses de communication pharaoniques, le retard pris en matière d’énergies renouvelables qui tardent à se combler.
Breizh-info.com : Le Modem partira-t-il seul ou uni avec la droite ? N’y a-t-il pas un risque de nouvelle défaite collective en cas de désunion ?
Patricia Gallerneau : J’ai été mandatée par le bureau national du MoDem pour préparer cette échéance électorale en Pays de la Loire. Je me préoccupe du projet MODEM avant tout. Dans cet esprit des contacts ont été pris avec d’éventuels partenaires pour un accord électoral ponctuel, qui verrait notre mouvement associé autour d’un projet commun dans le respect des identités et du poids de chacun.
À ces conditions, aucune possibilité n’est écartée, ni celle de faire cavalier seul si le MoDem n’est pas respecté, ni celle de composer des listes communes et de créer une dynamique du rassemblement pour renouveler l’exécutif régional !
Breizh-info.com : Le Modem soutient-il la réunification bretonne et une nouvelle réforme territoriale – que ne semble pas souhaiter l’UMP ? François Bayrou a réaffirmé son régionalisme récemment dans le magazine Bretons. Qu’est ce que cela signifie pour vous, notamment quand on évoque la question Loire-Atlantique Bretagne ?
Patricia Gallerneau : Je milite personnellement depuis de nombreuses années pour la réunification ( membre actif de BR) Le modem et François Bayrou sont depuis toujours respectueux de nos identités régionales qui font la richesse de la République dans la diversité de nos langues et nos cultures. Issue d’une famille Finistérienne, je me sens Bretonne, Française et Européenne, sans qu’aucun de ces trois mots n’occulte les autres… je pense la réforme territoriale mal menée et je souhaite sa révision.
La position du MoDem n’est pas unanime au niveau de nos fédérations 44, 49, 53,72 et 85: les avis militants sont très partagés et chacun a gardé sa liberté de penser, le débat continuant.
Brezh-info.com : l’aéroport de NDDL se fera-t-il ? Est-ce qu’un référendum ne serait pas finalement une solution ? Et si le Oui l’emportait, que deviendront les opposants ?
Patricia Gallerneau : Nos fédérations MoDem se sont prononcées pour l’optimisation de l’existant, Nantes-Atlantique depuis longtemps. Il n’est ni saturé, ni dommageable à la métropole si on veut bien corriger les défauts actuels ( ligne ferroviaire fermée, réorientation de la piste nécessaire, installation des systèmes d’aide à l’atterrissage ( ILS) bizarrement absent et qui sécuriserait le survol de Nantes, réaménagement de l’aéroport et extension tout à fait possible, etc.) plutôt que disparition du bocage, de belles terres agricoles, pour un aéroport trop couteux en temps de crise et un projet plus petit (!) datant des années 60.
Un référendum pourrait être une excellente solution à condition que le projet présenté soit sincère, complet et non partisan ! Les partisans du non devront se ranger sans violence si la démocratie tranchait.
Breizh-info.com : La crise porcine pose le problème d’un nouveau modèle agricole. Quelles sont vos propositions, notamment au niveau de l’Europe ?
Patricia Gallerneau : Le modèle agricole français a peut être montré ses limites: tendre vers un libéralisme effréné, une mondialisation incontournable et en refuser aujourd’hui dans la rue les dérives et les excès, est-ce bien logique ? Les agriculteurs français ont pris beaucoup de retard sur la modernisation de leurs outils de productions. La solution est de cesser cette course à l’agriculture intensive, au gigantisme derrière l’Allemagne ou l’Espagne, et de se tourner vers une meilleure qualité alimentaire, à savoir de petites exploitations françaises face aux grosses usines allemandes dopées par des salaires peu élevés des travailleurs roumains et polonais ( 4 à 7 € /heure) , il y a de la place à mon sens pour un modèle français de qualité, un nouveau modèle agricole respectueux des animaux , de l’environnement et de la dignité des hommes.
Et avec plus de 10 millions de repas servis en Région Pays de la Loire ( 90 000 lycéens et apprentis!) il faudrait aussi que notre région aille plus loin dans la démarche circuits courts et de qualité: si tous les repas servis aux élèves offraient 100% de viandes françaises, la Région apporterait un soutien supplémentaire aux producteurs en difficulté: au MoDem nous disons, la Région doit s’engager plus fortement !
Breizh-info.com : La sécurité et l’immigration sont deux des préoccupations majeures des Français et des Européens, selon les derniers sondages. Les politiques ne sont ils pas enfermés dans une bulle vis-à-vis de ces questions ? L’immigration massive actuelle ne signe-t-elle pas la fin définitive de l’Europe et à terme des Européens ?
Patricia Gallerneau : Non, l’Europe doit se renforcer et se corriger. La politique de l’immigration est un fait complexe. Les solutions qui doivent être trouvées doivent être imaginées à l’échelle européenne, et non pays par pays, gérées par les intérêts ou égoïsmes nationaux. Nous avons besoin d’une Europe solidaire et humaine et d’un traitement global commun. Je pense qu’il faut d’abord s’attaquer aux causes, à la pauvreté, au sous-développement.
Ensuite, on ne doit pas considérer que les vagues d’immigration ne concernent que l’Italie ou la Grèce parce que les bateaux y arrivent. L’Europe doit mettre en place un corps de garde-côtes, arraisonner les bateaux des trafiquants et punir ses auteurs de crime contre l’humanité, améliorer pour la dignité des ces gens qui fuient la guerre et la violence, l’accueil et le traitement, enfin réformer le droit d’asile et instaurer des quotas en fonction des besoins économiques.
Breizh-info.com : Au sein de l’a commission européenne, des décisions sont prises sans que les peuples soient consultés. Est-ce selon vous normal ? N’y a-t-il
pas une Europe de la bureaucratie contre une Europe des peuples, et une fracture de plus en plus large ?
Patricia Gallerneau : Non, bien entendu ce n’est pas normal. L’Europe devrait respecter la souveraineté des peuples et des nations ce qui n’est plus le cas. Effectivement la fracture est large. Le non-respect du résultat du referendum sur le TCE en 2005, par exemple, piétiné par nos dirigeants politiques de l’époque a contribué au désamour des peuples pour leurs dirigeants et pour une Europe de la bureaucratie qui l’imposait : le pouvoir n’appartient plus aux populations, et elles perdent aussi la fierté d’appartenir à une nation.
L’Europe est dotée d’institutions non démocratiques, dénuée de tout contrôle populaire, et elle s’exonère de la validation par le suffrage universel ! L’exemple récent de la Grèce, humiliée et punie a été frappant. Notre Europe doit évoluer vers une Europe fédérale de nations souveraines et respectées.
Breizh-info.com : un député UDI vient de proposer que des menus de substitution soient généralisés dans les écoles françaises. Et concernant la viande issue de
l’abattage halal , pensez-vous qu’il faille également légiférer, alors que de nombreux citoyens s’inquiètent de devoir manger une viande
abattue de façon rituelle ?
Patricia Gallerneau : Je partage l’avis de ce député M Jego : un menu de substitution végétarien généralisé éviterait de polémiquer sur les viandes consommées, porc ou non, halal ou pas halal…et serait en parfaite adéquation avec l’idée de laïcité non négociable, de notre école publique, et le respect de tous, dans leurs croyances, us, ou coutumes.
Contact de Mme Gallerneau : [email protected]
Photo : capture d’écran dailymotion
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