29/08/2015 – 07H00 Rennes (Breizh-info.com) – Cet été, deux châteaux enkystés depuis des années dans des dossiers d’urbanisme au long cours ont changé de main. L’un se trouve au centre de Rennes, l’autre au sud du chef-lieu d’Ille-et-Vilaine, à Guichen.
A Guichen, l’association d’entraide vétérinaires propriétaires du château de la Massiais a fini par vendre le domaine 2 millions d’euros à la société mixte d’aménagement du conseil général d’Ille-et-Vilaine, la SADIV. Celui-ci accueille sur 50 hectares un château du XVIIe, une ferme et une chapelle. Il est crucial pour Guichen et son village de Pont-Réan, à ne pas confondre avec Pont-Péan, un peu plus à l’est et connu pour sa mine de plomb argentifère. Si au début on parlait de 60 logements, maintenant il s’agirait plutôt de 480, la commune ayant été rattrapée par l’urbanisation du grand Rennes.
Ce qui n’est pas sans poser des problèmes sur place. Le château a une histoire récente mouvementée – légué en 1932 aux vétérinaires, occupé par l’armée britannique en 1939, les allemands de 1940 à 1944, puis centre de Formation de la Marine jusqu’en 1960, puis centre hospitalier jusqu’en 2005 et enfin centre de loisirs de la ville de Rennes parti en 2014. Mais les affrontements autour de son sort futur sont tout aussi importants. Bien que la commune de Guichen se soit engagée à conserver le château, la chapelle et les communs, et à les réhabiliter, la contestation monte, portée par des habitants du cru qui pointent l’insuffisance des voies de desserte et l’absence de dépollution du sol après la démolition récente des bâtiments hospitaliers et militaires.
Autre château en péril, la Folie-Guillemot à Rennes. Ce bâtiment, construit en 1902 dans un style mêlant néo-Renaissance et éclectisme, est la propriété du groupe Giboire depuis 2005, et est sans affectation depuis, notamment parce que les charpentes et boiseries du bâtiment sont touchées par la mérule et que de lourds travaux sont à prévoir.
La Folie-Guillemot avait été construite à la demande d’Alfred Guilemot, propriétaire à l’époque des Nouvelles Galeries de Rennes, Saint-Brieuc, Saint-Malo et Dinard. Occupée par les Allemands de 1940 à 1944, elle est vendue à l’Etat en 1947. Transféré à l’Education Nationale, le château accueille un collège d’enseignement technique, puis le centre de formation du Greta (groupement d’établissements publics locaux d’enseignement) jusqu’en 2005. Puis il est vendu aux enchères et acquis par le promoteur Giboire pour 7,3 millions d’euros. Tandis que le château se ruinait et devenait un spot pour graffeurs, le promoteur y accolait des bâtiments résolument modernes, ce qui vaut au lieu un classement parmi les vandalismes du patrimoine rennais par une association de défense du patrimoine de la ville.
Finalement, on apprend auprès de la même association des Amis du patrimoine rennais que la Folie-Guillemot a été vendue par le groupe Giboire à une société concurrente qui s’engage à rénover le château et à en faire des appartements. Ce qui ne signifie qu’elle ne va garder que la coque, tout l’intérieur étant pourri par la mérule et des années d’abandon, même si Giboire a limité la casse en murant les ouvertures et en posant des plaques anti-squat.
A noter que le promoteur est propriétaire (en partie) d’une autre friche emblématique bretonne, à Nantes cette fois. Il s’agit de l’Hôtel de la Duchesse Anne pris dans un conflit familial et judiciaire. Des travaux de sécurisation y ont été faits par la ville cet été pour éviter que la façade ne s’effondre sur la rue, mais l’avenir du bâtiment continue à s’écrire en pointillés.
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