25/08/2015 – 7H30 Rennes (Breizh-info.com) – Un monument important du patrimoine industriel breton, hélas laissé à l’abandon depuis des années, vient de partir en fumée. Les anciennes tanneries, sises dans les prairies Saint-Martin le long du canal du même nom, au nord du centre-ville rennais, viennent de brûler presque entièrement. Les planchers du grand bâtiment se sont effondrés en raison de la chaleur, ne laissant que des tonnes de gravats et des structures de béton à nu.
Peu de monde s’en souvient, mais la tannerie constituait à la charnière des XIXe et XXe siècle une des principales industries de Rennes : 150 000 gros cuirs étaient ainsi produits en 1909. Seuls quelques éléments, dont le séchoir de la tannerie Saint-Martin – restauré celui-là – rappellent cette page importante de l’histoire de la ville et de trois des cinq pays hauts-bretons : Rennes, Dol, Saint-Malo où des centaines de tanneries existaient.
Les tanneries de Bretagne se situaient sur le site des moulins de Trublé établis depuis le Moyen-Age et dépendants de l’abbaye Sainte-Melaine de Rennes. En 1895 la tannerie industrielle Zwingelstein s’installe sur le site. Elle devient très vite réputée dans la France entière ; l’usine est reconstruite en plus grand en 1919 après un incendie. Rachetée par la société des Tanneries de France en 1938, elle emploie près de 300 ouvriers dans un quartier alors très marqué par l’industrie avec la présence de nombreuses maisons ouvrières sur les plaines inondables, d’une autre grande tannerie et d’une usine d’équarrissage dont les rejets polluent la rivière. La tannerie de Trublet cesse son activité en 1948 ; dix ans plus tard des chambres froides y sont créées, tandis que les locaux annexes sont divisés en lots pour entreprises. Certains sont encore occupés à ce jour.
Du reste, ce n’est pas la première fois que le bâtiment des tanneries a été touché par un incendie. Squatté, très endommagé comme le laisse penser cette vidéo urbex, tagué, il abritait parfois des marginaux. D’autres friches rennaises ont connu récemment le même sort, à l’image d’un bâtiment industriel désaffecté de la zone artisanale de Chantepie.
La ville de Rennes abrite ainsi de nombreuses friches très dégradées, principalement dans les quartiers Saint-Martin, Plaisance, mais aussi au sud de la gare. Tous trois sont plombés par des opérations d’urbanisme au long cours, qui entraînent leur dépeuplement progressif, une certaine déprise urbaine à mesure que les maisons et immeubles vides sont abattues, et leur transformation en refuge pour populations marginales ou déclassées. Contrairement à d’autres villes ou régions qui abritent surtout des friches industrielles, la spécificité de Rennes réside dans le fait qu’une part importante des lieux désaffectés sont d’anciennes maisons abandonnées par leurs habitants et squattées à de nombreuses reprises. Et alors que d’autres villes rasent les maisons abandonnées au fur et à mesure et exigent le concours de la force publique pour évacuer les squats (du reste connus et reconnus), le laisser-faire règne à Rennes.
Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
2 réponses à “Rennes : les Tanneries partent en fumée”
Vous vous trompez de cible ! Un squatteur n’ira probablement pas incendier ce qui lui fait office de toit. A qui profite le crime ? Je me pencherais plus volontiers sur la spéculation immobilière dans le quartier et sur les projets de la mairie. Il n’est qu’à se rappeler de la très longue liste de manoeuvres, mensonges, dissimulations, tromperies, faux-semblants et violences pour imposer coûte que coûte leur projet parisien de Prairies St Martin à chais plus combien de millions d’euros.
Je pense au contraire qu’ils ont raison. Des squats qui ont brûlé, y en a un tas, à commencer par la caserne Maurice de Saxe à Blois http://www.lanouvellerepublique.fr/Loir-et-Cher/Actualite/24-Heures/n/Contenus/Articles/2013/10/09/VIDEO.-Blois-gros-incendie-a-la-caserne-Maurice-de-Saxe-1643855 ou la caserne Niel à Bordeaux… entre les squatteurs qui se réchauffent et qui allument le bordel entreposé, en passant par les gosses qui s’amusent à balancer des pétards… sans oublier les types (je ne stigmatiserai personne) qui démontent les câbles et brûlent le gainage sur place…. ah et oui, les coïncidences, par exemple le soleil qui tape sur le verre cassé posé sur des trucs inflammables et secs…
Bref, ça dédouane largement la mairie et les promoteurs (surtout que le coin est inondable et pollué aux métaux lourds, vu qu’à l’époque où ils exploitaient la tannerie, ils ne s’embarrassaient pas trop d’écologie : ça coûte une blinde avant de poser le premier parpaing).