19/08/2015 – 09H00 Saint-Nazaire (Breizh-info.com) – La semaine dernière Le Canard Enchaîné avait dévoilé la vraie facture de la rupture par François Hollande du contrat de livraison de deux BPC Mistrals passé avec les russes par son prédécesseur. L’Elysée n’avait annoncé qu’un coût d’un milliard, mais la douloureuse réelle approche de 2,5 milliards. Un chiffre qui agrège tant les sommes réellement versées aux Russes que les manques à gagner pour les entreprises françaises.
Immédiatement attaqué sur ces chiffres par tout ce que l’Etat compte de responsables pas encore partis en vacances, le célèbre volatile réplique avec un argument massue. Un général a accepté de se confier et surtout de voir son nom rendu public; il l’a fait sur Sud Radio le 14 août. Et c’est un expert : Bernard Norlain, ancien patron de la Sofema, cette société qui exporte les fiertés de l’aéronautique militaire française et dirige aujourd’hui la Revue de défense nationale. « La facture est beaucoup plus élevée que ce qui a été annoncé officiellement par le gouvernement (…) si on compte tous les frais induits, elle sera au minimum doublée par rapport à l’estimation officielle. »
En outre, d’autres projets franco-russes actuellement en panne ont été omis par Le Canard. Notamment parce que la raison officielle de leur arrêt peut ne pas être du tout liée aux Mistrals, mais au contexte des sanctions. Pourtant, les atermoiements français avec les Mistrals ont joué leur rôle, donnant une image déplorable de la fiabilité des responsables français au sein du Ministère de la Défense russe. Un projet parmi tant d’autres : le véhicule de combat d’infanterie « Atom » : ce projet franco-suédo-russe a été lancé en 2013 et conduit au sein d’une co-entreprise entre Renault Trucks Defense et Uralvagonzavod. Les Français ont fourni le moteur, la transmission, le système de contrôle du feu et le design de ce blindé, qui devait être vendu aux forces armées russes et aux clients traditionnels de la France au Proche-Orient (Emirats, Qatar, Egypte etc.) Pourtant, à cause des sanctions, Renault Trucks s’est retiré, ce qui n’a pas empêché les Russes de trouver un nouveau partenaire et poursuivre le développement des véhicules de combat. Ceux-ci risquent de créer une petite révolution : le canon de 57 mm dont ils sont équipés, de conception russe à 100%, peut tirer 120 coups à la minute à une portée de 12 km, pivote à 360° et peut être incliné de 5° à 75°. Ce qui lui permet d’atteindre et de mettre hors combat presque toutes les cibles blindées voire aériennes, et donc suscite l’intérêt de nombreux pays, notamment parmi ceux qui font partie des clients habituels de la France. Qui aura perdu aussi l’occasion de faire profiter à son armée l’invention russe.
Du reste, les Russes n’ont pas fait marcher le proverbe selon lequel « le lâche paie ses dettes jusqu’au dernier sou ». Questionné par Le Canard enchaîné,un conseiller de l’Elysée affirme que la France aurait pu payer bien plus : « nous avons échappé à 251 millions d’euros de pénalité de retard et nous risquions une condamnation de 500 millions d’euros devant un tribunal arbitral international ». L’affaire n’en est pas terminée pour autant : il faut encore que le Parlement entérine le projet de loi ratifiant l’accord dans la seconde moitié du mois de septembre.
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