Charte des langues régionales. Que vont faire les sénateurs bretons ?

16/08/2015 – 07H00 Nantes (Breizh-info.com) – Il sera intéressant de suivre le vote des sénateurs bretons lors du débat au Sénat sur le projet de révision de la Constitution qui autorise la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
Un projet que Roger Karoutchi, sénateur sarkozyste, voit déjà rejeté (190 contre 140 voix selon lui, dans Le Canard enchaîné) avec une alliance « anti-régionalistes» composée des Républicains, du Front national, des proches de Mélenchon, d’une partie de l’UDI et des radicaux de gauche.

Du côté des sénateurs bretons, on retrouve 8 sénateurs PS : Yannick Botrel, Maryvonne Blondin, François Marc, Sylvie Robert, Jean-Louis Tourenne, Michelle Meunier, Yannick Vaugrenard, Odette Herviaux ; 2 sénateurs PCF : Christine Prunaud et Michel Le Scouarnec. 2 sénateurs EELV : Ronan Dantec et Joël Labbé; 4 sénateurs UMP-LR : Michel Vaspart, Dominique de Legge, Philippe Paul et André Guillard ; deux sénateurs UDI : François Gatel et Joël Guerriau.

Ces sénateurs savent que leur vote sera particulièrement surveillé par les militants culturels Bretons, ce qui pourrait les inciter à l’occasion à jouer la carte « bretonne » contre les instructions du parti.

Le projet de loi constitutionnelle autorisant la ratification de la charte européenne des langues régionales n’a guère de chance d’être adopté. En effet, dans un premier temps, il faut un vote identique au Sénat et à l’Assemblée nationale, dans un second une majorité des trois cinquièmes au Parlement réuni en congrès à Versailles.

La bataille promet d’être plus difficile au Sénat, première chambre à examiner le texte, probablement en octobre prochain. Gérard Larcher, le président de la Haute Assemblée, y est opposé, de même que le président des sénateurs UMP-LR, Bruno Retailleau. Pour le sénateur de la Vendée « François Hollande propose d’inscrire dans la constitution le principe de communautarisme » critique-t-il. « Nous ne sommes pas là pour faire des cadeaux à M. Hollande », avait pour sa part déclaré Christian Jacob, faisant valoir qu’il n’était pas question de voter la charte.

A la gauche du PS, aussi, le texte ne passe pas. Selon le secrétaire national du Parti de Gauche, Alexis Corbière, « cette charte européenne disloque l’égalité et la République » . 

Dans ces conditions, à l’Elysée, on ne se fait pas d’illusion sur le résultat ; on anticipe déjà un échec. Mais Hollande ne prend pas les choses au tragique. « Il s’agit avant tout de diviser la droite » explique un ministre. Et de  préciser sa pensée : « si la majeure partie des sénateurs et des députés républicains sont contre le texte , leurs élus et leurs militants bretons sont à fonds pour. » Une remarque qui vaut également pour la plupart des Alsaciens, des Basques, ou des Corses du parti.

Il est évidemment intéressant de savoir ce que pense de tout cela Marc Le Fur, député de Loudéac et tête de liste de la droite aux élections régionales en Bretagne (4). Quel sera son comportement lorsque le projet de loi constitutionnelle sera discuté à l’Assemblée nationale ? Il aura à batailler contre les dirigeants de son groupe (Jacob) et contre les jacobins résolus (Henri Guaino). Rude tâche.

On peut se faire une idée de la position de Marc Le Fur face à la charte européenne en se reportant à son ouvrage « le choix de la Bretagne » . « Depuis l’inscription des langues régionales dans la Constitution, obtenue en 2008, nous attendons qu’intervienne enfin la ratification de la Charte européennes des langues régionales. En dépit de l’engagement du candidat Hollande, nous attendons toujours, et la France fait partie des rares pays européens à ne pas l’avoir ratifiée ».

En mai 2008, à la demande de Marc Le Fur, l’Assemblée nationale ouvrait pour la première fois un débat sur les langues régionales. Le député breton terminait ainsi son intervention : « il faut évidemment que la France , comme l’ont fait les autres pays européens, adopte la charte européenne des langues régionales ou minoritaires ».

Sauf à se contredire, il ne reste plus à Marc Le Fur qu’à voter le texte présenté par le gouvernement…

Crédit photos : DR
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