14/08/2015 – 07H00 La Turballe (Breizh-info.com) – Si la charmante bourgade de Saint-Marc-sur-Mer est connue pour les Vacances de M. Hulot, le célèbre film du grand Jacques Tati, il semble qu’à la Turballe, ce soit Louis de Funès qui aurait pu se sentir comme chez lui. Les victimes sont toujours les mêmes – les infortunés nudistes – qui ne sont pas ici ceux de la Côte d’Azur, mais de la plage de Pen Bron.
La Turballe possède en effet depuis des temps immémoriaux une plage de nudistes, qui est en fait une section de la très longue grève de Pen Bron. Elle va de l’amer situé grossièrement au creux de la partie sauvage de la baie jusqu’aux abords du centre de rééducation de Pen Bron. La cohabitation entre les nudistes – côté Croisic – et les vacanciers habillés s’est toujours passée sans accrocs, tout comme le voisinage entre les vacanciers et la dune protégée par le Conservatoire du Littoral – la presqu’île sablonneuse qui ferme le traict du Croisic est la plus grande dune de Loire-Atlantique, et l’une des seules qui soit encore à l’état sauvage.
Quelle ne fut pas la surprise des nudistes cette année ! Un de nos lecteurs, encore abasourdi, raconte sa journée de bronzette du 10 août : « avant, il y avait juste un panneau sur le parking pour prévenir qu’il y avait une plage nudiste. Maintenant il y a aussi un panneau à 200 m de la plage, et sur la plage même, un panneau « début de la plage nudiste » et juste à côté un autre « fin de la plage nudiste ». Mais surtout, ils nous ont raccourci notre plage de 200 m ! », fulmine-t-il. Et ce n’est pas tout. A peine a-t-il posé sa serviette et s’est mis à se dorer au soleil en compagnie de ses comparses, qu’ils ont vu débarquer la maréchaussée.
Celle-ci avait revêtu l’uniforme de la police municipale de la Turballe : « complètement équipés de pied en cap, casqués, et avec un quad tout neuf ». Dont la mairie refuse de dévoiler le coût mais qui, selon des Turballais bien informés, aurait coûté près de 10 000 euros aux contribuables. Les policiers sont donc arrivés, et ont intimé l’ordre aux nudistes situés plus au nord du nouveau panneau « fin de la plage nudiste », qui du reste est implanté sans aucune mention d’un arrêté municipal quelconque, de se déplacer ou de se rhabiller. A peine ont-ils été écoutés par un ou deux d’entre eux. Le reste de l’assistance continuait de bronzer avec une impassibilité de granit. Forçant les braves policiers municipaux à faire retraite piteusement. « Ils n’avaient pas l’air fiers, et on ne les a plus revus », se gausse encore notre vacancier.
Cela dit, toute cette agitation autour de nudistes qui ne dérangeaient personne jusque là n’est pas anodine. Suite à la création d’une zone de kite surf à Pen Bron, la mairie avait pris la décision de déplacer ladite plage de 220 m. Déplacer, mais pas réduire d’autant ! Chez les nudistes, la colère gronde. Une pétition circule dans leurs rangs. L’un d’eux trouve que la mairie portera atteinte à l’économie locale. Dont elle semble guère se soucier puisque le nouveau plan de circulation barre tout le centre-ville turballais deux jours par semaine, à la grande colère des habitants et commerçants. La plage nudiste fait vivre des locations et des campings aux alentours. « S’ils nous ferment la plage ou qu’ils continuent à nous enquiquiner, je ne viendrais plus », affirme l’un d’eux. « Donc je n’irai plus après boire un verre à la Turballe, regarder les bateaux et les pêcheurs d’éperlans, ou manger en ville ».
La mairie aurait-elle pris comme devise « les nudistes, je les aurais, il y a trop longtemps qu’ils me narguent ! » ? En juin, le maire de droite Jean-Pierre Branchereau avait pourtant affirmé « nous avons la chance d’avoir une plage de naturistes à la Turballe ». Mais dirige-t-il vraiment sa mairie ? Beaucoup de Turballais en doutent, comme Fabien Paul, ancien colistier de la liste la Turballe avenir (centre) et trésorier de l’association Debout la Turballe, passablement critique envers la mairie : « Branchereau n’est jamais là. Et comme il nous est venu d’Oudon – sa femme est d’ici – d’autres personnes plus ancrées ici et qui connaissent les dossiers ont pris le pas sur lui ».Un constat que confirment d’autres Turballais, y compris à droite.
C’est aussi simple que ça ? Michel, fin connaisseur de la situation politique dans la ville côtière, rit aux larmes : « il a été imposé comme tête de liste par la droite locale », dirigée par Gatien Meunier, « au détriment de personnes ancrées comme M. Thyboyeau ou M. Roy. Mais au quotidien ce sont ces personnes qui dirigent vraiment la barque ». Or, l’inimitié du premier pour les nudistes est assez connue à la Turballe. Qui, pour rattraper le bide de la fête des 150 ans – 100,000 € de budget, 15,000 personnes attendues, un feu d’artifice coûteux, tout ça pour avoir entre 3 et 6000 personnes – semble vouloir rejouer les meilleurs films français sur ses plages. Même si ses poulets de la Turballe – à la fleur de sel evel just – font plutôt penser à ces gens qui osent tout décrits dans les célèbres Tontons Flingueurs.
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