09/08/2015 – 09h00 Bretagne (Breizh-info.com) – Si les vols dans les exploitations agricoles – fruits, légumes, viande sur pied, pièces détachées, outils etc. – continuent d’augmenter, les vols de tracteurs ont connu pour la première fois une baisse en 2014. Selon le Syndicat national des entreprises de service et de distribution du machinisme agricole et de l’espace vert (Sedima), il n’y a en effet eu « que » 295 tracteurs volés en 2014 contre 326 en 2013, soit une baisse de 9,5%. D’autres statistiques indiquent qu’en 2013 344 machines ont été volées, avec 30% de hausse depuis 2009.
Près de 90% des tracteurs volés le sont dans les concessions agricoles ; cinq marques sont plus particulièrement visées. Dans l’ordre, il s’agit de John Deere, Massey Ferguson, Claas, New Holland et Kubota. Elles sont en effet bien implantées dans les pays de l’Est dont les réseaux se sont organisés pour voler des tracteurs dans la vieille Europe : ce sont pour l’essentiel des réseaux de voleurs polonais et roumains qui alimentent leurs pays respectifs, mais aussi plusieurs pays de l’ex-espace soviétique dont l’Ukraine, la Lituanie et la Russie.
La coopération européenne pour déjouer les réseaux de l’Est
Plusieurs facteurs ont concouru à la baisse des vols de tracteurs. D’abord, les forces de l’ordre se sont dotées, avec l’Office central de lutte contre la délinquance itinérane (OCLCDI), d’une force capable de mener des opérations à l’échelle européenne et de coopérer avec les forces de l’ordre des pays d’origine des réseaux opérant en France. C’est ainsi qu’en 2014 un réseau roumain responsable du vol de 42 tracteurs en France a été démantelé. Un individu a été interpellé en France, quatre en Espagne et quatre autres en Roumanie. Un autre réseau avait été démantelé et jugé à Nancy : ses 19 membres, tous originaires du fief mafieux de Borsa, dans le nord de la Roumanie, avaient volé près de 130 engins dans le nord de la France, la Belgique et la vallée du Rhône.
On connaît aussi nettement mieux les méthodes des voleurs et les zones concernées. Les vols ont principalement lieu le long des grands axes routiers de la façade atlantique, de la Normandie à l’Aquitaine en passant par la Bretagne, et d’une zone frontalière avec la Belgique et le Luxembourg. Les machines, démarrées avec des clés universelles, sont chargées sur des porte-chars ou des remorques, sorties du territoire et maquillées, notamment en Hongrie, avant d’être revendues moitié prix avec des papiers falsifiés. Pour transporter les tracteurs, des petites sociétés de transport des pays de l’Est sont sollicitées : elles effectuent une livraison légale en France puis repartent avec le matériel volé. La forte corruption qui se maintient en Europe de l’Est n’arrange rien. Elle rend assez illusoire l’action des pouvoirs publics contre les réseaux internationaux de délinquance, qu’ils aient pour objet le vol de tracteurs ou autre chose – le trafic d’êtres humains par exemple. Enfin les concessions et les exploitations situées dans les zones particulièrement concernées ont été sécurisées.
La géolocalisation au secours des engins volés
Une autre évolution est, quant à elle, technique. Les tracteurs les plus récents sont équipés de systèmes de géolocalisation, ce qui permet de les suivre s’ils sont volés. Ainsi, en octobre 2014, quatre engins volés à Broons (22) et équipés de la géolocalisation ont été interceptés au Mans avec les chauffeurs roumains qui les emmenaient au pays après les avoir dérobé en Bretagne.
Il est aussi possible d’équiper des engins sur lesquels la géolocalisation n’est pas présente d’origine. Le leader du marché est le groupe Traqueur, qui relate sur son site de nombreuses affaires de vols déjoués grâce aux équipements de la marque, qui ont permis de géolocaliser engins et véhicules volés et d’interpeller les voleurs. Tout s’équipe : du compresseur au chariot élévateur, en passant par les véhicules des particuliers et les pelleteuses. Ainsi, un Manitou volé dans l’Aisne et équipé d’un Traqueur a été très rapidement retrouvé dans la remorque d’un camion d’Europe de l’Est, faisant tomber au passage un petit réseau de voleurs de tracteurs d’origine lituanienne.
Enfin, d’autres systèmes complémentaires sont mis en place : réseaux SMS d’alerte, clés codées, coupe-circuits, accès des parcs machines réservés à des chauffeurs pré-identifiés, ou encore systèmes de géolocalisation capables d’immobiliser les véhicules une fois qu’ils ont franchi une zone pré-déterminée ou s’ils ont été démarrés à des horaires anormaux… Certaines de ces solutions peuvent aussi aider particuliers et pouvoirs publics à lutter contre les vols des voitures. Chaque année, plus de 108,000 voitures sont volées, soit plus de 300 par jour – un vrai fléau national.
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