06/08/2015 – 08H00 Batz-sur-Mer – Le musée des Marais Salants de Batz sur Mer présente jusqu’au au 3 janvier 2016 une exposition temporaire consacré à René-Yves Creston. Né à Saint-Nazaire en 1898, artiste aux talents multiples, celui-ci s’est fait connaitre comme dessinateur, sculpteur, graveur et peintre, mais aussi céramiste, ensemblier et ethnologue. Creston fut avec son épouse Suzanne Candré, Jeanne Malivel et le Nantais Georges Robin un des fondateurs du mouvement artistique et social des Seiz Breur, « les sept frères » créé en 1923. Fervent militant culturel breton, Creston voulait faire redécouvrir l’identité bretonne en l’ouvrant à la modernité et en rejetant tout folklore : « fuir les biniouseries », disait-il.
Dès 1918, il multiplie les dessins, son terrain d’observation est l’espace compris entre Loire et Vilaine : Saint-Nazaire, la Brière, la presqu’ile guérandaise. Il reproduit avec talent les gestes des travailleurs de la mer et de la terre, pêcheurs, paludiers, paysans. Tous ses dessins sont empreints de modernité dans leur géométrisation. Les études de costume sont particulièrement nombreuses, paludiers au travail, en tenue de fête ou à cheval aux courses de Guérande. Leurs habits ne sont pas folkloriques, ils sont l’identité et la fierté de ceux qui les portent.
L’exposition présente plusieurs dizaines de ces dessins, parfois émouvants ou drôles, qui ont renouvelé l’art décoratif breton. A partir de ces croquis de terrain Creston va créer des céramiques pour la faïencerie Henriot de Quimper. Elles aussi témoignent d’un mouvement artistique avant-gardiste. L’exposition propose aussi des aquarelles et des tableaux de Creston représentant les marais salants ainsi que la Brière – il illustra le roman éponyme d’Alphonse de Châteaubriant dans la collection « le livre de demain » en 1931.
Le Musée des marais salants a eu la bonne idée d’exposer à côté des œuvres de Creston quelques tableaux de peintres contemporains et amis qui ont aussi illustré la région guérandaise : Emile Guillaume, Ferdinand du Puigaudeau, Emile Gauffriaud ou Alexis de Broca…
A l’occasion de la rétrospective consacrée à son père, Padraig Creston présente plusieurs œuvres, de grandes toiles non figuratives intégrées dans le parcours permanent du musée consacré au sel de Guérande et à la vie des paludiers. Il est passionnant et se visite en même temps que l’exposition.
Un catalogue, remarquable par la qualité des illustrations et des commentaires, complète l’exposition « René Yves Creston, l’instant du geste ». Il est dû au travail de Gildas Buron, responsable du service Musée et Patrimoine de Cap atlantique, et Michaële Simonnin conservatrice du Musée.
Dans un article intitulé « l’enfant du pays » Saphyr Creston, petite fille de l’artiste, y présente une biographie de son grand-père très « politiquement correcte ». Maniant langue de bois et langue de coton, elle présente celui-ci comme « anarchiste », puis attiré par le communisme, ou inspiré du « réalisme socialiste russe » ! Ses différents engagements durant la période troublée de l’Occupation sont gommés. Il n’est surtout pas pour elle un artiste breton : « au-delà du régionalisme, Creston est en quête d’un grand rassemblement des peuples… ». C’est un artiste « tourné vers l’Autre… inspiré par des artistes internationaux ».Son œuvre est « teintée d’idéalisme social ». Sa pensée est « à la fois universelle et humaniste ».
Avec une telle présentation, on ne comprend pas pourquoi Creston est « totalement ignoré à Saint Nazaire » comme l’a bien fait remarquer un quotidien régional, dans une ville où il est né, il a grandi et il a été enterré. Mais il est vrai que les socialistes nazairiens n’ont jamais aimé la Bretagne.
Claude Bily
Crédit photos : Breizh-info.com
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Une réponse à “René-Yves Creston, un artiste breton entre tradition et modernité”
Au moins Saphyr Creston signe son article ce qui n’est pas votre cas. Laura Follézou