30/07/2015 – 07h00 Varsovie (Breizh-info.com) – Le président de la Banque Centrale de Pologne, très écouté dans son pays, a affirmé que la crise grecque a sapé l’autorité de la zone euro. En conséquence, les pays qui voulaient y adhérer – comme la Pologne – vont reporter le renoncement à leur monnaie nationale pour quelques années au moins.
« Entrer dans la zone euro maintenant, c’est comme entrer dans une maison qui brûle », a affirmé Marek Belka au journal anglais The Telegraph, cité par le russe Vesti. Il poursuit : « nous ne devons pas nous dépêcher, tant que de la fumée monte encore au-dessus d’une maison qui a brûlé récemment. Ce n’est pas sûr, tout simplement. Tant que la zone euro rencontre des problèmes avec certains de ses membres, nous n’avons pas beaucoup d’enthousiasme pour y adhérer ».
Par ailleurs le président de la banque centrale polonaise estime que les pays européens n’ont plus de moyens pour se défendre en cas de nouvelle crise financière. Or le ralentissement économique très net de la Chine pourrait en déclencher une. Les taux d’intérêts sont déjà très bas.l Peu de pays européens peuvent agir sur le levier fiscal en baissant les impôts – notamment la France, beaucoup trop endettée. Il a aussi estimé que la zone euro est devenue prisonnière de son idée fondatrice. Or les pays qui la constituent ont des idées opposées quant aux réformes structurelles à faire. « Tant qu’il y aura des clivages, il sera très difficile de constituer des fondations solides ».
Marek Belka constate aussi que la très grande fermeté allemande n’aidera pas la Grèce et le reste de la zone euro à surmonter la crise commune. Il préconise une solution proche de celle qui a été appliquée à la Pologne au début des années 1990 : des investissements occidentaux et la réduction de moitié de la dette extérieure. Le pays était alors plongé dans une très grave crise, en partie due à l’effondrement du bloc soviétique et à l’irruption du marché libre. La Pologne a su se relancer et fait partie aujourd’hui des plus belles réussites économiques européennes.
Cela dit, le refus d’autorités financières polonaises de rejoindre la zone euro ne remet pas en cause le positionnement géopolitique euratlantiste de la Pologne. Ce pays est en train de renouveler l’ensemble de ses armements, essentiellement d’origine russe. Ce sont principalement des entreprises américaines qui en profitent.
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