22/07/2015 – 06H00 Bretagne (Breizh-info.com) – On a beau multiplier les éoliennes, il y a des contraintes techniques qui bloqueront tôt ou tard la progression des énergies renouvelables (ENR) dans le mix énergétique français. C’est la conclusion d’une étude du cercle de réflexion allemand Agora Energiewinde. Il estime que le parc nucléaire français a assez de souplesse pour intégrer jusqu’à 40% d’ENR dans son mix énergétique d’ici quinze ans. A contrario, il sera très difficile d’aller plus loin, à moins que le volontarisme politique s’accompagne de choix techniques drastiques.
Selon l’étude, les vieux réacteurs comme Fessenheim ne peuvent moduler leur production d’électricité. Mais les réacteurs plus récents y arrivent très bien. Ainsi en juin 2013, la puissance électrique française a baissé de 40% (17 GW) en quelques heures, alors qu’un creux de charge (autour de 45 GW) était atteint. Les 58 réacteurs français ont une puissance installée totale de 63,1 GW. L’étude indique toutefois qu’ « incorporer 40 % de renouvelables en France implique un redimensionnement du parc nucléaire et une modification de son exploitation de court terme vers un régime davantage flexible » : en clair, il faudra fermer les plus vieux réacteurs – au moins une dizaine. Par ailleurs, l’étude constate que la production hydroélectrique française (25,2 GW dont 2 de petite hydro-électricité ) présente un fort potentiel de flexibilité – menacé par le spectre d’une privatisation partielle des installations.
L’étude dresse aussi une carte des principaux pays européens. Selon les experts allemands, en 2030, la France, l’Italie, la Slovaquie et le Benelux ne parviendront qu’à 40% maximum d’ENR dans leur mix énergétique. La Pologne, la Tchéquie et la Hongrie seront aux environs de 20% . Elle ne parle même pas de Chypre (dont toute l’énergie vient du pétrole) ni de la Grèce où le pétrole pèse plus de 60% du mix énergétique. Ceci n’est pas pour rien dans la crise prolongée que traverse ce pays où l’énergie est terriblement chère à produire. Plus optimiste est en revanche l’étude pour la Finlande (45% d’ENR en 2030) mais aussi l’Espagne, l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Irlande qui pourront approcher 50% d’ENR dans leur mix énergétique. Le Danemark et le Portugal pourraient atteindre les 60%. Les meilleurs élèves seront la Suisse, la Norvège, l’Autriche et la Suède : en 2030, les deux derniers pays auront atteint l’objectif de 100% renouvelable.
L’hydraulique et l’éolien offshore sauveront la cause du renouvelable
Intéressante est aussi la répartition des ENR dans le mix énergétique. Le photovoltaïque ne perce pas, sauf en Espagne et surtout en Italie où il représentera en 2030 selon l’étude 12% du mix énergétique, contre 7% aujourd’hui. En Espagne, malgré le potentiel, le solaire ne représente que 4,8% de l’énergie produite. Des milliers d’espagnols ont été ruinés par une bulle photovoltaïque explosée en plein vol par l’abandon – au moment de la crise – par l’Etat espagnol des dispositifs de subventionnement de cette énergie. Partout ailleurs, le photovoltaïque ne rapporte pas les moyens qui ont été déployés pour par les investisseurs privés et les Etats. Il semble surtout être un produit spéculatif.
Autre énergie qui a du mal à percer – la biomasse. Elle pesait en 2012 7% de la production énergétique allemande (mais 92% de la production de chaleur). En 2030, elle atteindrait péniblement 10% du mix énergétique allemand. En revanche les experts allemands prévoient un avenir intéressant pour cette source d’énergie dans les grandes exploitations agricoles polonaises, danoises, suédoises, anglaises et finlandaises. Mais c’est encore l’hydraulique qui sauve la cause des ENR en Europe. Les pays les plus performants sont ceux dont le mix énergétique compte le plus de puissance hydraulique installée. N’y aurait-il que les vieilles recettes qui comptent ?
Les experts allemands estiment que l’éolien terrestre pèserait en 2030 un quart des mix énergétiques en Allemagne et en Espagne. Les gigantesques parcs offshore produiraient 5 à 8% de l’énergie en France et près d’un tiers de celle du Royaume-Uni.
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Une réponse à “Energies renouvelables : la France aura du mal à dépasser les 40% de son mix énergétique”
:
Votre phrase « Si les réacteurs les
plus anciens, comme ceux de Fessenheim, ne sont pas
techniquement capables d’assurer un suivi de charge pour
abaisser leur puissance, ce n’est pas le cas des réacteurs
plus récents. » est une ERREUR GROSSIERE ! Il s’agit là,
soit d’un défaut de vérification d’Agora Energiewende, soit d’un
propos délibéré pour parler négativement de la centrale de
Fessenheim, les allemands ayant de nombreux a priori erronés
sur cette centrale !
Fessenheim, comme toutes
les Unités de production 900 MW (soit le programme REP le plus
ancien en activité), sont équipées des moyens ad-hoc pour
suivre les demandes du réseau (notamment l’équilibre
production-consommation) et les réaliser en permanence. Leurs
capacités sont de plusieurs natures : des échelons instantanés
de puissance (soutien immédiat de la fréquence), du téléréglage de puissance, des pentes de
variation de charge jusqu’au minimum technique ou encore des
paliers de puissance de quelques heures. Les amplitudes
possibles de ces différentes actions sont des données
techniques de base, automatiques et/ou suivies par les
opérateurs, et adaptées pour chaque Unité en fonction de
l’avancement de son cycle et des caractéristiques du
combustible en place.