21/07/2015 – 08h00 Notre Dame des Landes (Breizh-info.com) – Vendredi dernier, le tribunal administratif de Nantes a rejeté sans grande surprise 17 des recours des opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Selon les partisans du projet, appuyés par Manuel Valls, plus rien ne s’opposerait au démarrage du chantier. Pas si simple, apparemment.
La juridiction administrative a donc rejeté 17 recours environnementaux (loi sur l’eau, déplacement d’espèces protégées de la faune, zones humides etc.) formés par es opposants au projet. La veille, le tribunal administratif de Grenoble avait, quant à lui, donné un coup d’arrêt au projet de Center Parcs de Roybon pour non respect de la loi sur l’eau. Pourtant les manquements à la loi sur l’eau sont très proches tant à Notre-Dame des Landes qu’à Royon.
Les opposants font appel
Dans la soirée, les opposants (CéDPA et ACIPA) ont publié un communiqué ont annoncé qu’ils vont faire appel, dénonçant un « jugement bâclé » : « Dans les décisions du tribunal administratif de Nantes, les avis des experts sont écartés, les alternatives ne sont pas sérieusement étudiées, l’efficacité des mesures compensatoires est ignorée. Ces éléments justifient que nous fassions appel dans les semaines qui viennent. » En attendant, ils sonnent le rappel des opposants : « nous appelons les comités de soutien et tous les opposants au projet à la plus extrême vigilance. » Sur la ZAD, ceux-ci sont en état d’alerte en cas d’un coup de force et sont prêts à « tenir les carrefours stratégiques autour de la ZAD pour empêcher qu’elle soit isolée et enclaver » ou à « manifester devant les lieux de pouvoir » comme cela avait été fait en 2012 et 2013 tant en Bretagne que dans le reste de la France, grâce au maillage des comités de soutien – plus de 150 – au combat anti-aéroportuaire.
Si l’UDI, Les républicains et le Parti socialiste – d’accords sur l’essentiel et opposés sur le superflu – crient victoire, les opposants ne baissent pas les bras. « Nous sommes devant un projet d’Etat et nous avons aujourd’hui la preuve que nous assistons à la fabrication d’un mensonge d’Etat. Nous avons démonté les arguments un à un, en particulier sur le volet environnemental, mais rien n’y fait. Quand on se souvient que dès la fin 2014 Manuel Valls avait annoncé qu’il attendait le jugement pour démarrer les travaux, oui, il y a des raisons de mettre en doute l’indépendance de la justice », a déclaré ainsi Françoise Verchère, une opposante d’extrême gauche, à nos confrères de 20 Minutes.
Le FN dénonce la décision du TA dans un communiqué au vitriol
Si l’UMP, le PS et l’UDI ne cachent pas leur soutien au projet d’aéroport – même si certains de leurs représentants locaux y sont opposés – comme Marcel Verger dans le canton de Blain – tandis que d’autres, comme le maire divers droite (ex NC) de Blain entretiennent un suspense inexistant, le Front national ne partage pas leur enthousiasme.
Celui-ci a en effet publié un communiqué sévère à l’égard de la justice administrative et de l’Etat. Il dénonce notamment le parti-pris public en faveur d’intérêts privés : « ont été privilégiés des intérêts particuliers locaux, visant à permettre le bétonnage et la spéculation immobilière au Sud de Nantes. » Mais aussi l’absence de garantie des financements publics qui seront engagés par le projet aéroportuaire – barreau routier, mais aussi desserte ferroviaire vers Nantes, renvoyée aux calendes grecques, et qui pourrait être remplacée dans un provisoire durable par un renforcement de la ligne 71 Lila (privée de sa partie nord, entre Notre-Dame des Landes et Bouvron voire Plessé) de l’aéroport à Nantes sur le modèle Lila Premier.
Le FN dénonce aussi l’abandon de la Vendée et du pays de Retz – la droite ayant aussi abandonné le projet de second pont sur la Loire : « monsieur Retailleau fait fi de tous ses engagements électoraux sur la défense de la Vendée. Préoccupé par les élections régionales il a choisi la fuite en avant, en cachant les conséquences pour la Région et la Vendée de son enthousiasme soudain pour Notre-Dame-des-Landes. »
Par ailleurs, le FN dénonce le fait que les questions environnementales aient été passées sous silence par le TA comme les soutiens politiques et entrepreneuriaux du projet : « les questions environnementales ont été relativisés par les décideurs PS-MEDEF régional et Républicains-UDI, sous le prétexte que l’extrême gauche et les zadistes s’en étaient emparés jusqu’à la violence la plus condamnable ».
Enfin, il dénonce la collusion entre la justice, l’Etat, les politiciens et les grands groupes du BTP : « les milieux du BTP nationaux et régionaux ont pris en otage les structures patronales et professionnelles sans aucune réflexion sur l’incidence pour la fiscalité de nos entreprises dans la décennie à venir. La majorité d’ente elles n’étant pas bénéficiaires de ce projet, les sous-traitants étant tenus d’employer des travailleurs détachés. »
Les recours ne sont pas épuisés…
L’annonce faite par Manuel Valls et le sénateur de Vendée Bruno Retailleau (LR) que les travaux commenceront de suite à NDDL est mise en doute par les opposants au projet. « Ce n’est de la com’ », estimait Dominique Fresneau il y a une semaine. « Les travaux ne peuvent pas commencer… car il n’y a toujours pas de permis, par exemple ». Il faut entre autres une nouvelle étude d’impact pour l’aérogare. Quant au permis de construire, il a été ajourné sine die après les révélations du Canard Enchaîné sur la façon dont Vinci voulait agrandir l’aéroport de Nantes-Atlantique en plus petit.
Or, qui dit permis dit nouvelles études dit nouveaux recours… qui entrent dans le champ du moratoire décidé en 2013 par François Hollande après l’échec retentissant de l’évacuation de la ZAD. Les autorisations de défrichement n’ont pas été données – et elles feront l’objet, toutes, de recours. Enfin le campagnol amphibie, protégé par l’UE, est présent à la fois sur la zone prévue pour l’aéroport, celle du programme viaire (les routes existantes, RD15 Fay – Le Temple de Bretagne, RD81 Fay – Vigneux de Bretagne, RD42 NDDL – Orvault, RD281 Les Ardilières – la Pâquelais, C3 NDDL – Grandchamp, C1 NDDL – le Chêne des Perrières, etc. qui seront détournées pour maintenir les continuités de la desserte locale) et celle du barreau. Il faut là encore des autorisations pour le capturer et le déplacer et elles n’ont pas été délivrées.
Les opposants s’empressent de rappeler que, contrairement à ce qu’affirment la plupart des médias, les recours rejetés ne forment pas l’ensemble des recours contre l’aéroport : « en tout état de cause, les travaux ne peuvent pas démarrer. De nombreuses autorisations sont encore nécessaires (défrichement, campagnol amphibie, permis de construire…) ; nous rappelons les engagements de François Hollande de ne pas expulser les habitants et les paysans et de ne pas commencer les travaux (que ce soit sur le barreau routier ou sur la plateforme) : « Tant que les recours ne sont pas épuisés, le projet ne peut être lancé ». »
Par ailleurs, d’autres procédures sont en cours. Ainsi, un recours a été formé devant la Cour de justice de l’UE, mais la date du jugement n’est toujours pas connue, le gouvernement traînant pour transmettre ses conclusions. Enfin les recours sur les expropriations sont toujours en délibéré devant la cour d’appel de Rennes, qui doit rendre sa décision le 20 novembre prochain.
Crédit photos : Breizh-info.com
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.
2 réponses à “Notre-Dame-des-Landes. Quel avenir pour le projet d’aéroport ?”
Dans quelques années, vente aux chinois comme pour celui de Toulouse, ou au Qatar ?
En Grèce, les aéroports ont été vendus comme par hasard aux Allemands pour renflouer les caisses.