Quoi qu’il arrive, la solution pour NDDL ne sera pas judiciaire [tribune libre]

Le 17 juillet à 11 heures, le tribunal administratif de Nantes a rejeté les recours liés aux versants environnementaux du projet aéroportuaire (loi sur l’eau, déplacement des espèces naturelles protégées, zones humides etc.). En clair, la juridiction administrative nantaise, peu réputée pour son courage – contrairement à la cour administrative d’appel basée à Nantes aussi et qui a empêché bien des massacres à la bétonneuse – s’est couchée devant la pression politique.

Ce renoncement de la justice comme les précédents laisse craindre que, quel que soit le scénario final, l’état de droit échouera à régler l’avenir du projet aéroportuaire. Et ce, par la faute essentiellement de ses porteurs : lorsqu’on s’affranchit complètement des lois on peut difficilement se plaindre que les opposants eux aussi commettent des illégalités. Sauf lorsque le monde politique et la presse sont complètement à la botte du pouvoir. Ce qui est d’évidence le cas – à Notre-Dame des Landes comme dans d’autres contestations la presse n’a pas hésité à se faire le supplétif du pouvoir.

Plus qu’aucun autre, le conflit autour de Notre-Dame des Landes met en lumière les limites de la démocratie et de l’état de droit en France. Notre pays se présente comme un donneur de leçons de morale lui-même rigoureux, mais la réalité est celle des pays du Club Med, comme la Grèce ou l’Italie : la connivence entre grands groupes économiques et grands groupes politiques règne grâce à un entre-soi jalousement protégé. Et le contribuable, littéralement racketté et opprimé, paye. Cela valait la peine de faire la nuit du 4 août pour en arriver là deux siècles plus tard.

Plus qu’aucun autre, car c’est à Notre-Dame des Landes que les masques tombent. Ceux de juges prêts à s’asseoir sur les codes des lois pour garantir le bon déroulement de leurs dîners en ville et de leurs carrières. Ceux des politiciens locaux qui tiennent à sauvegarder leur pouvoir. Ceux des entrepreneurs qui crient à la crise économique perpétuelle et menacent de tout bloquer, mais qui refusent d’embaucher des jeunes formés par les écoles françaises – renforçant la fuite des cerveaux – et qui sont très heureux de faire payer leurs travailleurs immigrés et leurs licenciements par les contribuables. Ceux des grands décideurs nationaux qui rêvent encore de faire revivre le fantôme des Trente Glorieuses et qui n’hésitent pas une seule seconde à engager l’avenir de leurs collectivités voire du pays dans des grands projets inutiles – sauf pour faire bosser leurs amis – et imposés aux contribuables. Même si les conséquences en sont souvent catastrophiques – centres-villes exsangues à cause des méga-zones commerciales, zones commerciales en surnombre et donc en déclin, clubs de foot mis en faillite par leurs nouveaux stades, villes en déficit à cause d’un trop-plein d’équipements somptuaires… et surtout n’ont jamais réussi à ramener ne serait-ce qu’un minimum de croissance en France.

Plutôt que de constater l’échec et de réfléchir, nos décideurs préfèrent la fuite en avant. Peu importe, le contribuable paiera. L’Allemagne paiera ! C’est la devise d’une folle irresponsabilité qui fut le véritable ferment de la colère des allemands défaits, cocus, mis à l’amende et faillis, puis le principal moteur du nazisme. Aujourd’hui, c’est la ruine collective des français que les décideurs de tous calibres préparent. Peu importe au demeurant que la justice se couche encore et encore ; au bout, lorsque les obstacles juridiques seront levés, il n’y aura qu’un seul choix : y aller, ou ne pas y aller.

Y aller, donc estimer qu’on n’a pas ignoré le droit toutes ces années pour rien, et prendre la responsabilité que, comme à Sivens – et peut-être plus qu’à Sivens tant la lutte est symbolique et les enjeux importants – il y ait des morts pour empêcher la folie aéroportuaire, ou ne pas y aller et laisser le bon sens – mâtiné sans doute d’arrangements politiques – parler. Quoi qu’il arrive, la solution pour Notre-Dame des Landes ne sera pas judiciaire, elle ne sera pas digne de l’Etat de droit. A cause de la collusion de l’Etat, de la justice et des lobbys économiques. La collusion n’est pas une illusion. C’est un meurtre d’Etat dirigé contre l’avenir de la Bretagne et de la France.

Yohann Lefresne

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2 réponses à “Quoi qu’il arrive, la solution pour NDDL ne sera pas judiciaire [tribune libre]”

  1. An dit :

    Ce projet est en effet le symbole d’un technocratisme capitaliste qui a eu son heure de gloire mais aujourd’hui périmé et, en plus, soumettant maintenant la force publique aux investisseurs privés.
    Les travaux doivent attendre la fin des recours mais rien n’est dit sur les expulsions. Faut-il s’y attendre pour octobre-novembre ? Une fois que le François de base ait fait sa petite rentrée et qu’il soit bien au chaud à regarder sa télé, Valls, le petit Clémenceau, lui préparant un spectacle pour montrer que son patron et lui en ont ?
    C’est le déroulement du siège qui décidera de tout. Il est malheureusement évident que la seule circonstances efficace pour l’annulation passera par des morts. Même un ne suffira pas. Il en faudra plusieurs. Mais personne ne peut appeler à ça parce que concrètement, ce serait jeter toutes les forces dès le début de la bataille.
    Il faut alors que les éléments violents du côté des opposants soient contenu le plus longtemps. C’est une bataille défensive qui doit être organiser, résister à un siège, pas une attaque.
    De toute façon, le déchainement de violence aura lieu. C’est pour ça qu’il doit arriver le plus tard possible.
    Ca passe par un maximum de chaînes humaines se dressant devant les « forces de l’ordre ». Il faut rester attentif et réactif pour mobiliser le maximum d’opposants au début de l’opération d’expulsion. Insister sur le pacifisme. Présenter une résistance excessivement peace-love-baba le plus longtemps possible.
    Pour l’opinion. L’importance de présenter devant les media une mobilisation pacifique, aussi.
    Gagner du temps, surtout.
    En gros, retarder le carnage. C’est un véritable siège qui se prépare. Vu le rapport de forces, c’est en restant le plus longtemps possible sur la défensive que les Zadistes auront des chances de tenir le plus longtemps.
    On échappera pas à la confrontation. Et puis, les opposants la perdront à un moment ou à un autre, au bout de quelques jours ou semaines.
    D’où l’importance qu’ils ne mettent pas le feu au poudre, qu’ils ne tirent pas les premiers. Il faut absolument qu’au moment X, ce soit les gendarmes qui passent aux yeux du grand public comme les agresseurs.
    Mais pour cela, ceux qui veulent en découdre doivent absolument être soutenu par les opposants non-violents mais qui devront avoir le courage de soutenir la pesante atmosphère autour de la Zad jusqu’à l’explosion et accepter de prendre des coups. Il faut du nombre. Et toute manifestation éloignée, à Nantes par exemple, serait de l’énergie gâchée.

    • pascal poulin dit :

      Non monsieur, même en faisant semblant d’être des colombes , vous refusez la démocratie et l’état de droit.Vous vous préparez à la violence contre les décisions prises par les élus conformément à l’état de droit (plus de 50 décisisions ont confirmé la conformité au droit des arretés et décrets pris par nos élus au sujet du transfert d’aéroport). Vous êtes déjà considéré par une majorité d’habitants de l’ouest , comme des violents prêts à fouler les principes de base du « vivre ensemble »

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