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Panne d’électricité : le risque était connu par RTE depuis 2001

03/07/2015 – 18H00 Nantes (Breizh-info.com) – Entre le 30 juin à 20 h 30 et le 1er juillet dans la matinée, une gigantesque panne d’électricité a touché près d’un million de foyers en Bretagne, dans les Mauges, en Vendée et en Basse-Normandie. Dans 17 des 502 postes de RTE en Bretagne, Anjou, Maine, Poitou, Vendée et Centre, près de 62 combinés de mesure ont sauté. Résultat, trois importants postes d’aiguillage ont eux mêmes rencontré des défaillances.

Celui de Cheviré, avec ses 8 lignes à 225 kv répartissant le trafic en Vendée, dans le Choletais, le vignoble et le sud de Nantes est tombé en panne, provoquant l’arrêt des feux de circulation, des tramways et des ascenseurs. Avec comme résultat une énorme pagaille dans la ville de Nantes, où l’alimentation n’a été rétablie qu’après 3 h 45 du matin. Celui de Theix, près de Vannes, est tombé en panne, plongeant 20.000 personnes dans l’obscurité jusqu’à 11 h du matin le 1er juillet et 120.000 autres personnes étaient touchées entre Saint-Malo et la vallée de la Rance par la défaillance d’un 3e poste.Vers midi des foyers étaient encore privés d’électricité au sud de la Bretagne dans le Pays de Retz, comme en témoignent les tweets de nos lecteurs.

Très vite, les soupçons se sont concentrés sur les combinés de mesure EJ33, qui ont déjà connu d’importantes défaillances en 2013. Ils sont directement pointés par le bilan de sécurité de RTE en 2013 qui met en cause « l‘augmentation des défaillances des combinés de mesure (EJ33, TCT) qui entraîne une augmentation de la durée d’indisponibilité des infrastructures« . Pourtant selon RTE Ouest aucun EJ33 n’a sauté cette nuit, pour la bonne raison qu’ils ont tous été remplacés. Ces appareils, qui surveillent l’intensité et la tension dans les postes, livrant des données indispensables à la bonne gestion du réseau, ont une partie sous tension qui baigne dans l’huile minérale, isolée par une membrane de polypropylène. Ce dernier a tendance à devenir poreux et à libérer de l’eau dans l’huile. Quand il fait chaud, celle-ci chauffe, puis refroidit plus vite que le papier, libérant de l’eau au contact de la partie sous tension. Lorsqu’un court-circuit se forme, le combiné peut exploser. Ce qui se produit habituellement l’été, lorsque la chaleur retombe, en début de soirée ou dans la nuit.

« C’est le premier black-out à cause des combinés de mesure« , explique-t-on à la CGT Mines-Energie, où le dossier des combinés explosifs est suivi avec attention. « Mais le risque est connu depuis 2001 et les études constructeurs sur ces appareils ont eu lieu en 2007. Seulement, nous montons régulièrement au créneau car il y a un risque avéré de black-out et pour les personnels de maintenance et RTE nous envoie bouler« . Un plan massif de remplacement a tout de même été initié en 2013, mais seulement sur les combinés identifiés comme explosifs – 11.000 EJ33. « Mais il y en a d’autres, et surtout d’autres types de combinés anciens, comme les TCT installés sur les postes 225 kv, ou des générations plus récentes encore, commencent eux aussi à sauter l’été, à cause de l’humidité, des variations de pression ou d’amplitudes de températures« .

Selon la CGT, chez RTE il y a entre autres 5 à 6000 TCT qui sont potentiellement défaillants. Le syndicat pointe « une orientation générale qui délaisse la maintenance au profit de la construction de connexions internationales : quand on construit une ligne à 1 milliards d’euros, c’est autant de moins pour la maintenance ». Un exemple, la ligne Bretagne – Irlande qui « n’est pas techniquement indispensable, mais répond aux logiques européennes de création d’un marché européen de l’énergie« . Le syndicat pointe l’effondrement des effectifs consacrés à la maintenance : « 10% dans les années 2000, moins de 5% des effectifs totaux aujourd’hui » tandis que le vieillissement des matériels se fait de plus en plus prononcé.

Chez RTE, on se veut rassurant : « nous avons identifié les appareils sensibles et nous les remplaçons, mais ce sont des opérations lourdes qui nécessitent la mise hors tension des postes pendant 2 à 3 jours ». Hors le risque de black-out, il y a aussi le risque d’explosion : à la Rance, des fragments de porcelaine du TCT ont été projetés à 35 mètres. Quand le poste est au milieu d’une zone industrielle, comme à Cheviré, ça va, mais quand il borde un centre commercial blindé, comme à Blain, faut-il vraiment attendre le gros pépin ? S’il s’était agi de l’alimentation de Paris et de l’Ile de France, il y a fort à parier que les responsables de RTE auraient sauté en même temps que les transfos.

Crédit photo : Loïc LLH/Wikimedia (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine.

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7 réponses à “Panne d’électricité : le risque était connu par RTE depuis 2001”

  1. Sual dit :

    On m’a dit que le barrage de la Rance avait fait défaut, j’ignorais que c’était à ce point. Merci pour l’information.

    • jaouen dit :

      le barrage de la Rance non, mais le poste de la Rance qui aiguille l’électricité dans le secteur (dont celle du barrage) oui.

  2. mutoi83 dit :

    Je pense que la Bretagne paie et cela est normal son refus de centrale nucléaire.

    • An dit :

      Légende.

      Une partie de l’électricité produite en Bretagne va en IDF.

    • Sual dit :

      Après l’incident de Fukushima et le débat public sur le parc vieillissant des centrales française, EDF a discrètement, et un peu dans l’urgence, lancé une grande campagne de recrutement de techniciens de maintenance pour ses centrales… J’ai envie de dire que le refus breton du nucléaire est un paris largement gagnant.

  3. Antoine dit :

    Très intéressant. J’ai aussi appris qu’il y a une ligne Irelande – Bretagne.

    • luten dit :

      Non pas encore elle est à l’étude.
      Ces câbles sous-marins arriveront en Nord-Finistère et seront capable de transiter 750MW

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