« Ce n’est plus le mur de Berlin qui doit tomber, c’est le mur de l’Atlantique, ce mur mental qui nous asservit aux modes, aux systèmes et aux ordres venus d’Amérique. Ce mur qui sépare un continent, l’Eurasie, appelée à devenir notre terre commune ».
Dans son dernier essai « Le Mur de l’Ouest n’est pas tombé », Hervé Juvin annonce la couleur : son livre « prend le risque d’être partiel, il assume joyeusement celui d’être partial ». Car l’auteur a choisi son camp, « celui de la France, des Français, de nous –de ceux qui savent encore dire nous.»
Partant d’un constat – « la chute du Mur de Berlin a libéré l’Europe de l’Est du communisme en 1989, elle n’a pas libéré l’Europe de la domination nord-américaine. Le mur de l’Est est tombé , mais pas le mur de l’Ouest, celui qui sépare le continent eurasiatique en deux façades océaniques et place les Etats-Unis au centre du jeu ; l’OTAN d’un côté , le pacte transpacifique de l’autre » – l’urgence, selon l’auteur, est d’entrer en résistance « contre ce pouvoir qui nous tient ».
Car, nous rappelle l’auteur, nous ne sommes pas libres : « l’occupation mentale, technique, économique que nous subissons n’est pas de moindre conséquence politique que celle que nous avons subie [pendant la Seconde guerre mondiale] ; car elle aussi nous prive du pouvoir que la République nous a donné, que les institutions du Conseil National de la Résistance avaient assuré, que le projet d’union de l’Europe avait fait espérer. Et ce rejet du pouvoir perdu, du pouvoir à reprendre, est au cœur de la conscience malheureuse des Français – de ceux du moins pour qui la France est autre chose qu’un hôtel ».
Comment ? En ayant l’intelligence de la situation, en contribuant à l’intelligence du monde – « dire ce qui est, rien que cela, mais tout cela. Sans préjugés, sans tabous, sans jugement, sans intention ; ce qui est, seulement ».
Au fil de son livre, Hervé Juvin reprend ainsi, en une douzaine de chapitres, quelques uns des slogans parmi les plus usités de la doxa occidentaliste – « Nous vivons la société de l’individu », « le marché a toujours raison », « le droit est universel », « la Nation prépare la guerre » « la diversité est une richesse » etc. – pour en démontrer l’inanité.
L’auteur émet le vœu que ses lecteurs éprouvent avec lui « le plaisir de toujours qu’il y a à prendre les sérieux au fait de leur bêtise, les censeurs au noir de leurs turpitudes et les bien-pensants juste pour ceux qu’ils sont – ceux qui ont renoncé à penser. » Pari réussi, indiscutablement.
Hervé Juvin, Le mur de l’Ouest n’est pas tombé, éd. Pierre-Guillaume de Roux, mai 2015, 280 pages, 23 €.
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