30/06/2015 – 07H00 Nantes (Breizh-info.com) – La mairie de Nantes fait de nombreuses acquisitions foncières par an. La plupart, faites auprès d’autres organismes publics, ne lui coûtent rien ou presque. Ce n’est pas le cas d’une transaction effectuée en 2010, afin de créer un passage dans le quartier Dobrée. Une dépense qui aurait peut-être pu être évitée si quelqu’un s’était donné la peine d’anticiper l’opération.
Au nord du jardin Say et des salons Mauduit où ont lieu actuellement de grands travaux visant à désenclaver le premier et abattre les seconds, se trouve la petite impasse de la Rosière d’Artois, cadastrée HV75. A 60 de mètres de son extrémité ouest – au niveau de l’ancien accès du parc Say qui était un site des services techniques municipaux – se trouve la rue Huchette, qui finit aussi en impasse parmi des immeubles neufs. Plus haute que les rues Arsène Leloup et Evariste Luminais situées au niveau des salons Mauduit au sud, elle n’y est donc pas directement liée, obligeant les passants et les habitants des immeubles à faire un large crochet par les rues de Gigant et Lamoricière par exemple, pour se rendre au Carrefour City ou aux équipements publics du quartier, l’école et le gymnase notamment.
Il a donc été prévu au PLU de créer un cheminement piéton entre les immeubles neufs de la rue de la Huchette et l’extrémité de l’impasse d’Artois. Ce qui permettait de faire d’une pierre deux coups en désenclavant le parc Say jusqu’alors uniquement accessible par l’impasse, et en profitant de cela pour le mettre en valeur et ouvrir au public ce rare espace vert d’un quartier très dense et très minéral. En 2010, très logiquement, lorsque la propriété du fond de l’impasse, alors cadastrée HV333, a été vendue, la mairie est venue aux nouvelles pour acquérir le foncier correspondant au passage espéré.
Ainsi, nous apprend la délibération n°45 du conseil municipal du 2 juillet 2010, un accord a pu aboutir à l’amiable avec les nouveaux propriétaires, M. et Mme P. : ils « procèdent à l’acquisition de l’ensemble de la propriété et revendent à la ville l’emprise en nature de jardin nécessaire à la création du cheminement piéton pour une surface de 320 m² ». Résultat, le cadastre a été modifié et il est apparu deux parcelles à la ville, HV 508 (236m²) et HV 509 (75m²) et celle qui est restée aux propriétaires ( HV 507). La vente a été d’autant plus de bon gré que le prix était intéressant. Les espaces sont rares dans le quartier, et ce qui est rare est cher : 25.000 euros, un prix avalisé par France Domaine. Et ce sans compter les « aménagements en terme de clôture, de déplacement de réseaux, de modalités d’accès » et le bornage : soit un nouveau compteur électrique, des réseaux déplacés et surtout un portail automatique flambant neuf, dont l’alimentation électrique était encore jusqu’il y a peu payée par la ville. Il était aussi prévu que ce passage ferme la nuit pour éviter de créer un coupe-gorge, donc il fallait des portails fermant à clé, un gardien etc. ce qui n’aurait pas franchement modéré la facture.
Le problème, c’est que ça n’a servi à rien. Il ne restait en effet qu’une trentaine de mètres à acquérir, sous les immeubles de la rue Huchette. Mais lorsqu’ils ont été construits, la servitude pour la création de la nouvelle voirie Huchette – Say n’avait pas encore été portée au PLU, et l’immeuble a été construit sans en tenir compte. Il y avait moyen de passer quand même, « mais les voisins ont refusé net », raconte, rieur, un habitant de l’immeuble. « Quand on a des rez-de-jardins en ville, accepter de les saccager pour faire passer une voirie municipale qui n’était même pas prévue, c’est compliqué ». Résultat, le passage a été laissé dans les cartons. Et il sera tout à fait inutile à présent, puisque d’une part il est prévu de désenclaver le parc Say par le sud, en réalisant le projet immobilier Désiré Colombe, et qu’ensuite les habitants ont un raccourci… qui fait 60 mètres aussi et relie le bout de la rue Huchette à la rue Leloup en passant entre les immeubles neufs. Et qui lui, avait été prévu.
En attendant, la mairie qui a pêché faute d’avoir anticipé, a encore les moyens de rentrer dans ses frais en revendant le terrain acquis en pure perte. Mais refuse mordicus de le faire. Il se dit pourtant que le vendeur de 2010 serait preneur…
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